Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
31 août 2005

Au moins j'ai pu le retourner.....

Estelle, elle m’appelle presque tous les jours. Depuis le mois de juillet. C’est difficile pour elle. Daniel est mort. Son ami, son compagnon, son amour. La mort est un pays caillouteux interminable. Ils ont eu six mois de bonheur. Le reste, la maladie, longue. Estelle, avant était forte, énergique. Là, elle ne veut plus rien. Si, elle voudrait mourir. Le rejoindre. En finir. Pour continuer à l’infini avec lui. " Vous ne pensez pas, Franck, qu’après la mort… la haut … il y a quelque chose ? " Je ne sais pas. Je ne crois pas. Il faut vivre Estelle. Encore un peu. Ma voix n’est pas convaincue, ni très convaincante. Pourtant, oui il faut continuer. Quand j’ai vue Estelle il y a une quinzaine de jours, elle pleurait beaucoup. Elle répétait toujours les même phrases, les même mots. " Je suis tellement triste ". Une fois dite la phrase provoquait des sanglots. Estelle ne veut plus avancer. Six moi de bonheur. Ce n’est pas assez. " Vous savez, Franck, avec Daniel, on s’aimait. Vraiment, on s’aimait. ". Elle ne dort plus. Alors elle boit un peu. Beaucoup. Du vin. A sa voix j’entends…. les mots du vin. Elle n’en veut plus de cette vie. Les mots du vin avec leurs épaisseurs, leur écho, et l’interminable redite, de l’absence, de la peur, et les larmes qui étranglent. Et le chagrin qui colle aux heures, aux secondes. Elle a essayé avec des médicaments. Fin juillet. Une nuit de vin, une nuit de trop. " J’ai tout raté, même ça… je n’ai réussi qu’à m’assommer pour deux jours. " " Et avec mes fils ?… avec le plus jeune on est brouillé… et avec le grand…il a sa vie.. ". " Je n’ai rien qui me retient ici… ". La semaine dernière, le téléphone lui a annoncé que la mère de Daniel venait succomber d’une crise cardiaque. Quand le sort trouve un coin, il tape, il tape. " Nous étions bien toutes les deux, on parlait de lui… Voilà, ça continue… jamais ça pourra s’arrêter. Il faut que j’aille là-bas. Vous comprenez, ils vont rouvrir de caveau. "

On s’est parlé aujourd’hui. Je vais à Paris, je la verrais. Sa voix est cassée. Le vin. Elle me dit qu’elle contente quand même. Parce qu’elle a pu retourner Daniel. " Ils avaient disposé l’urne à l’envers, alors ça ne pouvait pas aller. Je l’ai retourné. Je me sens mieux. Il est droit maintenant. " " On peut pas monter au ciel la tête à l’envers ". Elle me dit qu’elle va mieux. Je verrais bien ce week-end. Elle m’a dit qu’elle irait voir un docteur, qu’il faut qu’elle remange, qu’elle redort. Estelle parle beaucoup, elle donne toujours tous les détails. " Quand, il était encore conscient, il m’a dit : je veux que tu sois heureuse. Mais vous comprenez, sans lui….j’aurais l’impression de le trahir… " Ecoutez-le Estelle. Posez votre verre, et essayez encore coup. Une fois encore, je suis sûr que ça va marcher. " Je suis heureuse, au moins j’ai pu le retourner… Je suis tellement triste, mais maintenant qu’il est droit…. "

Oui, il est droit, Estelle, et vous aussi vous êtes droite. Difficile de respirer quand la mort étouffe les jours. Mais vous êtes droite. Posez votre verre Estelle. S’il vous plait, posez-le ! Je vous raconterai mes histoires de blog…
Ce matin je disais dans un courrier : quand une étoile s’éteint, il y en a une qui s’allume. En fait c’est faut, quand une étoile s’éteint, il y en a deux qui s’allument. Et je connais leurs noms.

Franck

Publicité
Publicité
30 août 2005

Ce n'était pas vraiment utile de le faire comme ça...

Ce n’était pas vraiment utile de le faire comme ça. La vérité et la franchise ne sont pas obligatoirement haineuse. Les vérités qui se succèdent de jour en jour, toujours différentes ne constituent pas La Vérité au final. Les choses pouvaient se dire plus simplement. Depuis longtemps. Sans chercher le paroxysme haineux, méchant. Blesser pour blesser. Il n’y a rien gagner là-dedans. Le monde autour nous se charge bien assez souvent de déchirer, de mutiler nos existences. Mais si cela t’apaise, alors c’est bien de l’avoir fait comme ça. Si tu es convaincu qu’il faut toujours en passer par là. Alors il fallait le faire. Comme ça. Avec brutalité et violence. Si tu crois que c’est juste, alors il fallait le faire et le dire comme ça. Mais " CA ", ce n’est pas de la littérature. C’est simplement faire du mal. Gratuitement. Ce n’est pas glorieux, mais cela t’a fait du bien, il fallait le dire ainsi. Non, tout cela n’est plus de la littérature. Ni ancienne, ni nouvelle.

Julie, ma petite fille, jusqu’à ce jour je ne t’avais pas invité dans ces pages. Je voulais te préserver de mon écriture. Tu as ta vie. Et maintenant que tu viens d’être maman, tu as la vie de Carla à bercer, à faire croître. Oui, je ne t’avais pas invité, ici. Mais je sais que tu passes de temps à autre. C’est pour ça aujourd’hui. C’est vrai qu’on a eu une drôle de vie tous les deux. Mais au bout du compte je crois qu’on arrive à s’en sortir. Il y aura toujours eu des distances géographiques entre nous, mais on a su trouver notre langage à nous. Ta voix au téléphone l’autre jour était claire, joyeuse. J’aime entendre ton rire de gorge. Oui, aujourd’hui, je voulais te dire que si tu lis des trucs pas terribles sur ton père, il ne faut pas que tu t’inquiètes. C’est de la littérature. Oui, tu sais, la littérature comme toutes les choses importantes est parfois cruelle. C’est son sens de dénoncer les impostures du monde, de la vie, des gens. Oui, je suis lâche et un tas choses en plus. C’est certainement vrai. Mais je te rassure guère plus que tout le monde. On sait tous les deux quelle est la couleur de notre courage. On sait toutes les distances qu’il a fallu traverser pour enfin se connaître mieux. Mais quand je te vois avec Carla il y a quelque chose d’apaisant qui circule en moi. La dame qui dit toutes ces choses sur ton père ? Tu sais, elle est blessée. Elle souffre. Elle a du courage aussi. Elle a un talent hors du commun. Et une belle énergie. Elle mène un combat difficile contre la laideur du monde, contre la violence. Toutes les violences. Tu sais son rêve en fait, serait de terrasser le mal et la violence.

Alors aujourd’hui, je voulais te rassurer. Et te redire combien je t’aime. Combien tu me manques. Toi et Carla. Quand vous êtes parties toutes les deux aux Etats-Unis, ta mère et toi, si longtemps, j’ai eu du mal à combler ce vide soudain. Mais tu vois les années ont passé. Et maintenant tu es maman. Une belle maman. Et ta voix est claire. Tu vois Julie, le monde est difficile, beaucoup le complique. Pourtant les choses sont simples. N’emploie jamais les armes de ton ennemi, parce que tu deviendrais comme lui. Ne prend pas ses mots parce qu’ils deviendront ta langue. Ne flatte pas, mais soit pas injuste. Equilibre tes gestes avec ta parole. Soit du coté de l’amour, même en face des haines, même si c’est difficile et parfois impossible. Essaye. Essaye toujours. Parce qu’il n’y a pas d’autre issue. Et ceux qui te diraient le contraire serait des menteurs. Quant à la lâcheté, apprend à la déceler, elle prend des formes bizarres, incongrues. Une des plus grandes, c’est sans doute le mépris.

Tu sais Julie, je ne vais pas faire trop long aujourd’hui. Je n’ai pas le cœur au bavardage. Nous parlerons plus longuement au téléphone. Et ne t’en fais pas pour ces mots sur ton père, ce n’est pas grave. Nous savons ce que nous avons à nous dire. Et nous savons cet amour qu’il a fallu gagner, sur le manque, la séparation et les malentendus.

Ce n’était pas vraiment utile de faire ça comme ça.

Franck.

29 août 2005

Merci....!

La vie des blogs est formidable. Voilà ce que j’ai lu cet après-midi dans un blog voisin.

" D'un peu plus près je trouve Franck consternant avec sa mollesse et
surtout sa formidable incompétence à apprendre quelque chose de la vie -
comme le ton à adopter pour parler à une femme, cf. ses énormes,
lamentables circonvolutions de tantôt, dans son mail. Je peux admettre
que sa douceur te plaise, parce qu'il est tellement inoffensif,
tellement victime et si peu bourreau, mais ... bref. "

C’est un dénommé Sacha qui parle. Enfin je crois. Rien n’est très sûr ici. Il est possible d’aller lire la suite. En bon égoïste j’ai relevé le passage qui me concernait.
Il n’y a pas grand chose à dire, ni à répondre.
En plus il a sûrement raison. Les bourreaux ont souvent raison, en tout cas souvent le dernier mot.
Le monde est simple chez certains, puisque qu’il se résume entre être bourreaux ou victime. Les baiseurs, les baisés.
Lui, il doit savoir de quel coté il est. Il connaît le ton qu’il faut adopter. En tous les cas on connaît ses intentions.

Il a raison puisque ça marche.
Et apparemment ça plait.

Dommage qu’il n’écrive pas, pour m’éviter de mourir idiot, j’aurais pu suivre ses conseils.

Merci Sacha. Pour ma première leçon de vie.
Merci Angeline, de me faire découvrir Sacha.

Franck..

29 août 2005

L'enfer.....

Je sais qu’il ne faut pas le faire. Mais hier, j’ai perdu mes mots. Alors j’ai lu ceux des autres. Ici, normalement c’est un lieu d’écriture. Normalement. Mais en fait, rien n’est vraiment normal dans nos vies. Dès qu’on rencontre l’autre on est traversé. Et parfois envahi. Submergé. Ca se passe en nous. Tout le monde connaît ça. Donc hier j’ai décidé, qu’aujourd’hui, je recopierai un texte. Chez moi, ici, souvent il se passe des choses inattendues. Au fond je trouve ça bien. Il est d’ailleurs intéressant de voir, comment à partir de l’amour les choses dégénèrent. Au départ, tout le monde s’aime. Alors les guerres peuvent commencer. Les haines. C’est pour cela que j’ai relu des pages de Thomas Merton.

" L’enfer, c’est l’endroit où les êtres n’ont rien de commun les uns avec les autres, si ce n’est leur haine mutuelle e l’impossibilité où ils se trouvent de se fuir eux-mêmes, ou de fuir les autres.
Forcées de demeurer ensemble dans leur feu, ils s’efforcent, avec une haine profonde et impuissante, de se repousser mutuellement, non pas tant par haine de ce qu’ils voient chez les autres que parce qu’ils sentent la haine que les autres éprouvent pour ce qu’ils voient en eux. Tous reconnaissent chez leurs frères ce qu’ils détestent en eux : l’égoïsme et l’impuissance, la souffrance, la terreur et le désespoir.
On connaît l’arbre à ses fruits. Si vous voulez comprendre l’histoire sociale et politique de l’homme moderne, sachez ce qu’est l’enfer.
Mais le monde, malgré tout, avec toutes ses guerres, n’est pas encore l’enfer. Et l’histoire, si terrible soit-elle, a une autre signification, plus profonde. Car ce n’est pas le mal dont elle est remplie qui nous aide à la comprendre, pas plus que le mal qui imprègne notre temps ne nous fera comprendre notre temps. Dans la fournaise de la guerre et de la haine, ceux qui s’aiment sont étroitement unis dans leur charité héroïque malgré la souffrance, tandis e ceux qui haïssent sont dispersés et projetés comme des étincelles, de la fumée et des flammes, dans toutes les directions. "
............
" …Une porte s’ouvre au centre de notre être et nous avons l’impression de plonger dans d’immenses profondeurs qui, bien qu’infinies, nous sont accessibles ; toute l’éternité semble être devenue nôtre dans ce contact unique, calme et éperdu. " (Thomas MERTON)

Franck et Thomas (surtout Thomas)

28 août 2005

Le Jour de la Révélation Finale

Toutes celles qui m'écrivent c'est pour me dire que je me fous le doigt dans l'oeil avec toi.

Depuis février toutes mes paroles d'amour ont été lancé vers toi. C'est tout....

tout le monde se fou de ma gueule, dans mon attitude d'amoureux transi.... mais moi je m'en fous....na !! et alors, c'est plutôt bien d'être amoureux d'angeline, j'aurais pu tomber plus mal

bon, d'accord elle elle ne m'aime pas.... mais personne n'y peut rien

Franck.

On vous a menti Franck et moi. Enfin non pas lui mais moi. On se voit en cachette, d'ailleurs ce qu'on fait, ce n'est pas de la littérature. C'est questionner le pouls. Et je vous mens. D'ailleurs, quand on se voit en cachette on couche ensemble. On s'aime, pas la peine de lui compter fleurette. Il m'aime moi, seulement. Seulement moi. Ne soyez pas jalouse. Vous êtes perdante, je suis gagnante. J'étais perdante avant, il faut bien une gagnante, dans votre monde. Je plaisante. Toujours est-il que je suis enceinte de trois mois de Franck, qu'il est ravi, à son âge, d'être père, à nouveau, et que je voulais un enfant très bien construit, comme vos textes, sans influence incestueuse, d'oncle, d'horreurs en tout genre. On m'a traité de poubelle aujourd'hui. Il y a des gens que je laisse indifférent, ouf, ouf. De toute façon, Franck est si parfait qu'il ne pouvait qu'aimer une femme parfaite. Et je lui fais des petits plats, on sort on va au cinéma, l'année prochaine, à Madrid sous Lucifer il y aura un baiser, et une poussette. On aura un fils, on l'appelera Nicolas. Il s'appelera Franck Nicolas. J'imagine que Franck écrira à mon accouchement il dira : le col de l'utérus s'ouvre, je vois la tête. Je vais hurler : FRANCK, tu copies mon style, que j'ai copié, des écrivains que j'aimais. Donc ça n'ira pas. Notre bébé sera splendide. Je le sens bouger là. Il ira sur internet, il fera des ravages. Vous ne saviez pas qu'on couchait ensemble déjà ? Ben oui quand on s'écrit des textes passionnés, c'est caché : ça veut dire : mon amour, la nuit a été magnifique. J'ai joui comme jamais. C'est ça que ça veut dire. Un homme aussi poétique, aussi fort, aussi lumineux ne pouvait que se marier avec une femme des ténèbres. D'ailleurs, désolée, mais on va se marier et vous n'êtes pas invité : vous êtes méchantes. Sauf Alix peut-être. Peut-être. Elle, je l'aime bien. Donc ça faisait longtemps qu'on couchait ensemble,c 'était difficile de tenir avec le secret. Notre vie se porte à merveille, je vous le dis, ce n'est pas indécent, puisque de toute façon vous mettrez votre vie dedans, votre nez, bien triste, qui dégouline. J'imagine. Je suppose. Je n'affirme rien, je n'ai pas cette prétention. Des fois on dirait mais non. Vous lisez mal je suppose. Je suppose. On s'aime d'un amour pur, des fois on s'engueule, je lui dis : bouge-toi, tu ronfles, et lui : ta gueule, tu as joui. Oui, les poètes dans l'intime...ils se laissent aller. A l'alcool. On s'est connu moi pute et lui alcoolique, on faisait la retape de la vie. Je vous jure. Je me moque pas de vous, c'est la vérité. Bon. Maintenant, tout va bien. L'amour et Dieu habitent nos Vies. Nous vivons dans la Foi de la littérature et dans notre Seigneur Jésus Christ qui est mort pour nous (là je deviens plus glauque tout d'un coup, moins drôle). J'accepte qu'il vous compte fleurette en privé, parce que je l'aime, je l'adore. Il est à moi. Bien sûr. C'est une évidence inscrite dans le marbre. Euh...je redeviens glauque là non ? Quand on couche ensemble, on fait (censure) et je me mets comme ça et on fait (censure). Non c'est pas vrai, je suis pas enceinte et je couche pas avec lui. Et ce qu'il me raconte sur vous, quand vous évoquez la bête Angéline dans vos messages privés, ça me fait rire, il m'a permis d'écrire ici et je tiens à le remercier de m'avoir fait rire pour si peu. Cela faisait longtemps : j'ai passé mon mois d'août à pleurer. Pour des choses ici et là. Intimes.

Merci Franck.

Ah oui, sinon, moi je ne lui conseille jamais de ne pas fréquenter ou de ne pas parler à telle ou telle personne. Je lui donne mon avis, de mon point de vue. Je ne lui dis jamais ce qu'il doit faire, il pourrait vous le dire : je suis d'une grande délicatesse (si si je vous assure, ne riez pas). Il faudrait que je me prenne pour sa mère ou pour son amante, pour oser l'indécence et la bêtise à ce point. Comme vous le faites. Je le dis publiquement, devant tous. Ou c'est lui le salaud, les poètes sont souvent des salauds dans la vie intime. Au royaume des aveugles les morts sont Dieux.

Ce texte ne doit pas être pris mal, mais allez-y les filles, épatez-le, détournez-le de moi : il le mérite, d'être avec quelqu'un qui serait amoureuse de lui. Peut-être qu'à l'époque, je serai invitée au mariage de lui et de la gagnante de ses admiratrices.

Je t'avais dit Franck, que mon message était léger et drôle.

ANGELINE

Publicité
Publicité
28 août 2005

C'est la fin de l'été....

C’est la fin d’une saison qui n’en finissait pas d’accoucher de ses aurores de cendres. C’est le renouveau des chairs. L’apaisement du sang. Le temple opaque s’ouvre enfin comme un œuf énorme. Le soleil se couvre d’un juste voile de pudeur. Septembre est là, avec tendresse. Septembre est là comme une vague perdue qui retrouve la houle. C’est la fin de l’été, saison d’entassement. Les jours s’épuisent eux-mêmes. La lumière ne crie plus. Elle n’écaille plus les heures.

Sylvie était professeur de Français, avec un mari et quatre filles. Juste quarante ans tous les deux, ils se sont connus en faculté. Lui le Droit, elle la littérature. Plus de vingt ans ensembles. Des étés, des automnes. Ils ont connu toutes les saisons du cœur. Là ils vivaient à l’abri du temps. Ils commençaient à faire construire une grande maison. Elle, elle est souvent exaltée, passionnée par ses mots, ses phrases, son rôle de mère, ses élèves. Lui est timide, réservé, calme amoureux d’elle. Il s’occupe de tout à la maison, cuisine, ménage. De ses filles. Ils sont dans la perfection de l’époque, de la vie. Le soleil est indulgent en toutes saisons pour eux, ils n’ont pas de morsures. Même s’ils ne regardent plus leurs corps nus sous la douche, même si leurs caresses se font plus rares, tout va bien. Tout est bien. De la société qui fabrique de la société. C’est limpide. Interminable. Mais limpide. Lui, il a un secret. Il veut écrire. Mais il ne sait pas qu’écrire c’est dangereux. La mère de ses enfants qui est professeur de littérature ne lui a pas dit. On ne dit jamais ce qu’il faut. On bavarde pendant des années, des siècles presque, et l’essentiel on l’oubli. L’écriture ça brûle. La poitrine éclate et c’est un anéantissement. C’est inexorable l’écriture. Ca éventre les secrets. Ecrire c’est inviter le diable à sa table. Dans son lit. Dans ses caresses. Sous sa langue. C’est l’encre de la plume. L’encre rouge. L’encre de feu. Quand on écrit le diable regarde par dessus notre épaule. Jamais les dieux. Parce que les dieux ne savent pas lire. Sylvie dit que c’est avec le livre que tout c’est détraqué. C’est elle qui raconte l’histoire. Elle pleure beaucoup, maintenant. En racontant. Il faut bien comprendre, il était si bien. Parfait. Les copine me l’enviaient. Et puis il y a eu le livre. En plus il écrivait bien. Je le sais puisque c’est mon métier. Un professeur sait lire les écritures. Le soir, quand toute la maison était couchée, il écrivait, une heure ou deux. Il écrivait lentement. Sur des feuilles de papier. Il n’aimait pas l’ordinateur. Il avait une petite écriture serrée. Peut-être pour cacher la vérité des mots. Il ne me parlait pas souvent de ce qu’il écrivait. Juste que c’était une histoire d’amour. Il faut le savoir les histoires d’amour ne peuvent pas être écrites. Jamais. Et puis il a arrêté de parler. Il s’occupait de moins en moins de la maison. Il s’enfermait pour écrire qu’il disait. Je voulais savoir. Mais lui il ne disait rien. Il cachait ses feuilles écrites. Le matin il partait au bureau avec. A table il a commencé à boire du vin. Il faut bien comprendre qu’au bout de quelque temps ce n’était plus vivable à la maison. Les filles ne comprenaient plus. Qu’est-ce qui fait papa ? Papa, il écrit. C’est l’écriture qui a tout détruit. Il avait tout ça en lui. Depuis toujours. Des trucs impossibles. Parce que un jour j’ai lu. C’était une histoire d’amour. Non. C’était du sexe. A toutes les pages, presque. Des choses impensables. De la violence sexuelle à toutes les pages. Il écrivait bien pourtant. Parce que c’est mon métier, les mots, l’écriture. Moi aussi j’ai écris quand j’étais plus jeune. Mais lui, c’était que du sexe. Notre vie sous les draps était simple. Mais là quand j’ai lu, il y avait des viols, du sang, des enfants. Au début je n’ai pas voulu croire. Je me suis dit c’est de la littérature. C’est une façon d’extérioriser quelque chose. Au début j’ai cru que ce n’était pas grave. Que tout le monde fait ça, écrire des choses cochonnes. Et puis il y a eu toutes les histoires au bureau. La plainte contre lui. On l’a trouvé en train de se masturber. Il ne se cachait même pas. Plus de vingt ans qu’on était ensemble. Dans le même lit. Et puis le soir il commençait à partir dans la nuit. Seul. Il ne me disait rien. Il allait à Paris. C’est les gendarmes qui me l’on dit. Il voyait des filles. Mais, moi je l’aimais. Et puis les travaux de la nouvelle maison. J’ai eu l’impression de devenir folle. Le livre je ne l’aimais pas. C’était lui, mais ce n’était plus lui. Je n’arrivais plus à dormir. Alors j’ai pris des cachets. Il était pareil et complètement différent, à cause du livre. Une nuit la police est venue frapper a la maison. Ils venaient de l’arrêter. Ils m’ont posé des questions. Sur lui. Sur nos filles. Quoi nos filles ? Oui, vos filles, rien d’anormal ? Parce que moi, je n’avais rien vu. Elles adoraient leur père. Je ne pouvais pas penser à ça. Il a essayé le salaud. C’est la grande qui me l’a dit. Il a essayé avec elle. Il l’a caressé. Mais il n’a pas était plus loin. Celle est qui me l’a dit. Pas plus loin. Il lui a touché ses seins et son sexe. Touché seulement. Mais elle m’a dit qu’elle ne lui en voulait pas. Que papa était fou, qu’il fallait le soigner. Il a essaye avec celle qui avait dix ans, mais sa grande sœur l’a protégé. Moi, je ne voyais rien. Vous vous rendez compte, sous notre toit, et moi qui ne voyais rien. Il a voulu qu’on parle. Je ne voulais pas au début. Après j’ai dit oui. Il m’a expliqué. Il a pleuré. Il a supplié. Il a dit qu’il nous aimait. Il m’a explique le livre, l’écriture, le sang qui s’enflamme. Les souvenirs. Le mal. La douleur. Son beau-père qui tapait fort, son beau-père qui l’humiliait. Qui le faisait mettre nu pour le frapper avant de l’enfermer dans un placard noir. Vous comprenez, je ne savais même pas son enfance. Sa mère qui laissait faire. Elle préférait son frère. Il m’a dit que c’est l’écriture qui l’a foudroyé. Quelque chose s’est cassé dans sa tête. Irrépressible. Comme un muraille qui s’effondre. Et tous les souvenirs qui remontent comme pour vomir. Ils sont venus le chercher. Il parait qu’il va mieux. Mais moi je ne peux plus. Il me dit qu’après on pourrait recommencer, mais moi je ne veux plus. Moi, je ne veux plus rien. Sylvie elle pleure. Vingt ans sans entendre. Vingt ans de certitudes. Vingt ans de parade. Et du silence. Et du silence. Et du silence. Et au bout une écriture qui a tout cassé. Des mots de supplice. De supplique. Lui il a voulu se suicider. Il n’y a plus de famille, il n’y a même plus de livre. Plus de saison. Et entre les jours, des gestes, des mots, qui laissent des traces menaçantes.
Je ne sais pas s’il y a une morale dans l’histoire de Sylvie. Il y en a peut-être pas. Septembre arrive. Mon visage se défroisse sous l’eau de la pluie. Des buissons de fibres invisibles se dénouent dans le désordre des brumes. C’est la fin de l’été. Mes lèvres nues prononcent les formules consacrées. Et le diable sur mon épaule surveille le tumulte des mes mots. Nous sommes en équilibre au-dessus d’un charnier de secrets. Que seuls les mots peuvent traquer.

C’est la fin de l’été. Alors, chanter. Voler. Et astiquer des phrases pour en faire couler une laitance neuve. Le cœur bat moins vite, mais il bat plus profond. Plus solide. Il brasse l’épaisseur des os en guenilles. Parce que le corps se recompose. Le corps dans l’attente d’un désir inédit. Comme la pluie sur la terre. Sur la terre des hommes. Une eau amoureuse sur un corps inconnu. La pluie sur la terre qui la boit, qui la suce. Voilà septembre. Son soleil indulgent qui entre sous la peau sans blesser les morsures. Un soleil indulgent de deuil doré.

Franck.

 

26 août 2005

C'était le moment d'Anne

laocoon

"Et maintenant, ton tour venu, tu perds patience,

atteint toi-même, te voilà tout bouleversé !

Ta piété n'est-elle pas ton assurance,

ton espérance, n'est-ce pas une vie intègre ?

Souviens-toi : quel est l'innocent qui a péri ?

Où donc des hommes droits sont-ils exterminés ?"

JOB 4 : 5-7

Cela fait longtemps que je voulais t'expliquer ce que tu m'as dit : le silence. Et puis la petite face triste, que tu as mise. Il faut bien raconter ce qui est arrivé à Mireille, dire que ce n'est pas faux, que c'est vrai parce que ça l'est sûrement, vu ce que j'ai entendu dire par toi. C'est vrai et c'était peut-être érotique comme mon expérience. J'ai une amie, elle pleurait parce que le Frère assassiné, elle ne comprenait pas. Anne. Elle était bouleversée. Complètement. Comment le mal peut-il arriver dans cet endroit protégé ? Se demandait-elle. Protégé. Je trouve ça bien, moi que des meurtres de Frères soient commis. Au moins lui il ira au Paradis si on reprend la thèse classique. Elle était soulagée en même temps, elle m'a dit : je sais qu'il est au ciel avec les Saints. J'avais passé mon bras autour de ses épaules, vous savez des fois le contact c'est important. Je n'avais que ça à lui offrir. Ma chaleur humaine, la chair de la chaleur, la chaleur de la chair je veux dire. Humaine. Quelqu'un m'a écrit que j'étais "humaine". S'il savait. Il faut bien le dire, ils n'aiment pas beaucoup. J'ai connu un Prêtre, il était vindicatif avec les menteurs de la vie le dimanche, le soir-même il allait trainer dans un bar homosexuel en cuir-latex, ils sont de bons pompeurs m'avait dit Marc, les prêtres sucent bien, évidemment pas tous. Franck ce silence qu'on trouve dans un endroit. Une église. Pourquoi donc les églises seraient protégées contre les meurtres, puisque le meurtre, il s'y trouve déjà depuis des années et des siècles ? Attention je ne parle pas de ce que vous pensez. C'est autre chose, je vais réussir à m'expliquer. Puisqu'on trouve bien des statues sordides représentant la mort mais l'amour, n'est-ce pas. Que vous aimez. Si Jésus voyait ça, peut-être qu'il aurait honte, il faudrait lui poser la question. Je ne sais pas, peut-être qu'il aime en fait. Je n'en sais rien. Qui peut dire qu'il sait à sa place ? Personne. Si on est honnête. Peut-être faudrait-il s'attacher aux faits. Tu m'as dit : le silence. Tu l'avais en travers de la gorge. Bon, je l'avoue j'aurais dû te donner une ou deux nouvelles. Ce n'était pas honnête de ma part, tu peux accepter mes excuses ? Je sais c'est facile, mais je regrette, je te le dis, je te l'écris, c'est encore mieux, je te l'écris en le disant, et dans l'écrit l'émotion du langage parlé, c'est encore mieux. Que les autres qui courent qui courent qui courent. Billy Corgan dit que les gens avancent droit, lui de biais. Et bien c'est tout à fait ce qu'il faut Dire. Franck. S'ils savaient que je suis toi quand ça me chante et que je suis elle, quand ça me tue. Je trouve ça bien qu'il soit mort, ça montre que le meurtre peut venir n'importe où, même là où vous n'y pensiez pas. Comme Angéline chez toi, là où c'est incongru. Le mot est lâché, c'est moi qui le lâche, n'étant pas lâche. Son meurtre épouvantable servira au moins à ça, mais jamais ils n'oseront se l'avouer. Moi j'y pensais. Je ne me sens pas plus en sécurité quand je vois des flics dans les rues. C'est curieux. A Paris, la gare de Lyon, les mecs avec des mitraillettes, je ne me sens pas très en sécurité. Ils font fantasmer, beaucoup, les autres, pas moi, j'ai pas ça comme fantasmes. Moi comme fantasme érotique, c'est Gaza en ce moment, déloger les zonards au nom de la Paix, et puis aussi pourquoi pas, ouvrir des cercueils en plein jour, devant tout le monde, devant des enfants. Je suis riche dans mes fantasmes. C'est comme écrire, comme disait Simone, qui a dit à Franck que c'était un pauvre type, ça va toujours au-delà. Donc ce silence, il avait une raison d'être, bien évidemment. Tu as compris j'espère. Tu n'es pas du genre à tomber dans les pièges. C'est facile. Je pense surtout maintenant à la femme qui s'est sentie obligée de le poignarder à la gorge. Je me demande comment elle va, je me demande si la tension est retombée en elle, je me demande si elle est traitée avec dignité, parce qu'elle en mérite je trouve. Il lui a fallu du courage pour faire ça. Enfin, c'est moins grave que des avions qui s'écrasent que des bombes qui explosent, il ira au Paradis, d'ailleurs les terroristes du World Trade Center croyaient eux aussi aller au Paradis, sauf qu'eux c'était pour baiser, le Frère Roger non. Si ça se trouve, le Frère Roger les réprimandes au Paradis parce qu'ils baisent et lui non, il y a un album de Fat Boy Slim, qui s'appelle Fucking in heaven. Je ne devrais pas en parler, tu sais pourquoi ? Parce qu'ils ont mis des tuiles sur mon toit et qu'il fût un temps où ma maison n'avait plus de toit, et qu'il était temps pour Dieu de ne plus me voir car il ne veut pas que j'écrive quand j'interroge mon coeur : mais moi je sens, comme le cancrelat, que je dois. Il faut bien aller contre la volonté du Père. Sinon tous les pères, comme Bruno Demaille-Henri violeraient leurs filles dans le Nord. Dans ce petit silence, Franck, j'ai pu un peu faire le point. J'ai pu respirer. Avoir dit, c'est bien, c'est très bien, mais les côtes se relâchent, et en même temps, appellent d'autres contractures. J'avais un Père à regarder pleurer, Franck. Tu le sais. Je le dis. Je le redis, je le redirai. Il faut bien que ça rentre dans la Maison. Il fallait bien que je fasse ma lâche, et que je regarde les hommes pleurer. Sur mon sort. Les hommes de ma famille. Jamais je ne pourrai supporter qu'un homme m'entretienne, j'ai dit à Denis au téléphone il y a quelques temps. Il m'avait dit : "très très bien, si ce n'est que ça". Il voulait m'entretenir. Tu te rends compte ? Tu imagines ? Tu m'as dit : "c'est un rêve cruel". Tu m'as dit : "tu es cruelle". Je viens juste de comprendre pourquoi, je n'imaginais pas que c'était si profond pour toi. J'étais avec ce Père qui apprenait. Ce frère qui ne m'écrit plus maintenant. Ils savent. Ils savent qu'il y a eu quelque chose, un accident, et cet accident, je passe mon temps à apprendre avec lui. J'apprends. Grâce à lui, peut-être, je vois les choses différemment. Peut-être. J'aurais peut-être, peut-être, préféré sans, mais peut-être, que c'est à cause de lui. A cause, pas grâce. Sinon c'est bien que ça soit un Frère qui soit assassiné, pour une fois, ça change. C'était comme une bouffée d'air frais, je suppose qu'ils prient aussi en Irak dans les mosquées pour les assassinés, les mosquées modérées, un dernier verre et c'est parti, les mosquées où ça va, ce n'est pas trop gênant pour les autres gouvernements, les principes de liberté, tout ça, je suppose qu'il existe des endroits, en Irak, où la violence ne peut pas rentrer. Les endroits religieux. On dirait que les chrétiens ne se rendent pas compte de la réalité de leur foi. Peut-être qu'ils ne seraient plus rien, sans leur foi. Bien sûr. Avec ma foi je suis quelque chose, sans aussi d'ailleurs, je suis quelqu'un. On dirait que les chrétiens s'écoutent plus parler en regardant leurs orteils écartés qu'ils n' écoutent parler leur Dieu, le Dieu, mon Dieu est Unique. Peut-être que personne n'écoute et que je n'ai pas vraiment le temps pour ça : j'écris. Je parle avec le Diable, moi. Je lui pose des questions, on discute, j'aime bien discuter avec Satan, au lieu de le mettre dos à dos avec l'autre là, l'autre. Les autres. Franck ce silence m'a fait du bien, même si je te parlais, mais ce n'était pas écrit donc tu ne pouvais pas. Je suis désolée de ne pas t'avoir donné de mes nouvelles. Ce n'est pas très sympa, pour moi qui me prétendait ton amie, je reconnais. Je ne peux pas vraiment téléphoner comme Patricia, elle m'a dit que vous avez parlé de moi, toi aussi d'ailleurs, je t'ai demandé si à sa voix tu pensais qu'il s'agissait de quelqu'un de confiance.  Tu m'as dit : elle a l'air sérieuse. Patricia m'a parlé d'un échange de lettre, d'un échange épistolaire, mais je crois pas que je vais avoir le temps, j'écris trop. Non pour être honnête, ça ne me touche pas vraiment sa poésie. Et puis je ne la connais pas assez. Justement dirait-elle. Peut-être. Tous les endroits de la terre ont été maudit, la terre a été maudite, tous les endroits de la terre, chaque parcelle chaque poussière, il me semble que c'est écrit dans votre livre, quelque part, mais vous l'avez oublié, les chapelles même ne peuvent pas résister au meurtre et à l'horreur. Surtout les églises.

laocoon_head

Je suis une vérité qui vous parle de vos mensonges. Cocteau son amant c'était pas Jean Marais ? Excusez-moi je demande, à ceux qui étaient de cette époque. Il paraît que Cocteau était très mal vu par tout le milieu littéraire. Charles Trenet devait connaître. La mer. Et ce silence c'était comme une mer, moi qui ne sais pas nager, je déteste l'eau, mais je suis toujours attirée, c'est vrai, par les océans. Au Portugal, l'océan entoure les terres. Les océans font l'amour avec le ciel lorsqu'il y a des tempêtes. Vos chalutiers disparaissent. L'odeur salée de l'Espagne, que je déteste, l'odeur sucrée et chargée du Portugal, l'odeur des eaux. Les eaux. Un pote à moi marchait sur des eaux, mon psy m'a dit : c'était un poisson dans  votre rêve ? Croyant me piéger. Denis voulait m'emmener en Espagne, à Barcelone, et puis descendre, le Maroc, mais ça m'a rappelé de mauvais souvenirs. Mon ex-mari, ses escapades pédophiles, qu'il racontait ivre. Quand je pense qu'aujourd'hui je suis invitée à son re-mariage. Son état de pédophile, je lui en parle et il me dit : "je contrôle, ne t'en fais pas". Je lui dis : "c'est une horreur que je peux pas cautionner, tu le sais, tu le sais que j'en ai parlé à des gens, des gens pleins de gens, même des gens que je ne supporte pas, des associations, des services sociaux, tout ça. Ce genre de gens, merdiques avec leur morale. Ils m'ont dit de te parler, pour t'amener à voir ce que ça représente, d'être sexuellement attiré par des enfants". Il se tient tranquille, mais je trouve qu'à 24 ans j'ai trop de choses à porter, le meurtre de Frère Roger, les enfants irakiens, Elisabeth Short Black Dahlia, le suicide épouvantable de Dalida. Pour le dernier truc, je plaisante, rien à foutre. Mais tu sais Franck, Denis voulait m'emmener quelque part en Espagne et il m'aurait fait visiter Barcelone, il paraît qu'à Madrid il y a la statue du Diable, qui s'inspire de celle de ce prince Laocoon, étouffé par un serpent je crois, avec ses fils. On aurait pris des photos à Madrid de Lucifer, entouré d'un serpent, faisant front face à Dieu, la statue donne cette impression de colère désemparée face à Dieu. J'aurais aimé. J'aurais aimé ça. Prendre des photos du Diable et de les garder pour moi, moi qui lui parle de temps en temps, qui ne pleure pas pour un meurtre (si je pleurais pour celui de Frère Roger, il faudrait que je pleure pour les innombrables des anonymes passés, de ceux qui se passent en ce moment, de ceux qui auront lieu, ça ferait que je devrais pleurer toute la journée, je préfère pleurer sur mon assassin assassiné, là j'ai le temps). Mais je n'ai pas été en Espagne, passer l'été, les vacances je ne connais pas, pour moi les vacances, je ne sais pas ce que c'est. Ni même le travail. Je ne reconnais pas grand chose. Je ne sais pas. Mais parler avec le Diable, ça m'arrive. Il a des choses à dire lui aussi, chacun devrait être autorisé à dire ce qu'il a à dire.

Même les morts mais on ne les entend pas. Ils sont là, ici, avec nous. Je leur dis parfois tout bas : je vous entends. Et parfois je le redis, tout haut : JE SUIS LA, ICI, AVEC VOUS. Qui s'inquiète vraiment de l'état du cerveau d'une meurtrière ? Qui se souvient qu'avant elle était une femme, juste une femme et qu'après, elle est redevenue une femme, juste une femme ? Anne c'était ton moment, mais tes prières ne sont pas adressées au Frère Roger mais bien à toi-même, tu parlais de toi en parlant de lui. C'était caché, masqué. C'était dégueulasse, ma chérie, ça ne m'étonne pas, avec des gens aussi peu engagés dans ce qu'ils disent, que les Eglises manquent de Curés. Ils sont tous en boîte le dimanche, presque. C'était le moment d'Anne. C'était ton moment. Tu as dit que tu allais prier pour cette folle, tu te permettais de dire qu'elle était folle, tu le savais. Il faut être fou pour poignarder quelqu'un à la gorge. C'est pas forcé tu sais. J'étais là, ici, avec toi. Avec toi.

Et nous parlions de ta tristesse, vivantes.

Je t'entendais.

lucifer

ANGELINE

25 août 2005

Je sais l'indécence de mes mots....

J’ai reçu ton silence dans le creux de mes mains, clair comme une source vive, rempli de ta présence. Et j’ai bu de cette eau pour qu’au profond de ma chair germe l’âme d’un cerisier fleuri. J’ai brûlé aujourd’hui mon injuste impatience et dans ce pur brasier c’est dessiné un songe. Un très large horizon embrasé, que surplombait une guirlande de lumière bleutée. Au-dessus, semblants danser sur ce feston d’azur, des anges s’égayaient. Le battement de leurs ailes faisaient trembler les flammes. Au-dessus encore, un aigle volait. Lent. Sûr. Traînant dans son vol de gigantesques silences luminescents. Toujours plus haut, un soleil, paraissait triompher. Et enfin, tout en haut, une étoile brillait. Seule et frileuse, dans un océan de passion fiévreuse. Et puis tout s’effaça. Il ne resta que l’étoile. Seule et innombrable.
Parce que c’est l’abandon qui me rend souverain.
Parce que c’est la nudité qui dévoile ma joie.
Parce que c’est ce dépouillement qui m’ouvre comme la mer.
Parce que ton appel a révélé ma soif.
Parce que ton regard a brûlé ma tristesse.
Parce que ton sourire m’a montré le chemin.
Quand je me suis perdu, c’est toi qui m’as sauvé.
Quand j’ai voulu me plaindre tu as fermé les yeux.
Quand je me suis attendri, tu m’as réveillé.
Et quand j’ai voulu rêver, tu m’as accompagné.

Et je sais l’indécence de mes mots. Ils ont honte. D'être inutiles et vains. J’en connais la laideur, même dans leur apprêt. D’ailleurs ils s’épuisent. Ils s’éteignent lentement. Intensément. Ils apprennent à se taire. Lentement. Intensément.

Franck

24 août 2005

....et je devins un ciel....

J’étais la poussière et le sable, tu fus le vent et l’éclair. Tu as glissé comme une ombre neigeuse sur mes cendres fragiles, et tu t’es suspendue, un temps, à ma folie flamboyante. Tu m’as poussée aux frontières des enfers, aux bords de ces abîmes, de ces archipels pourpres. Ange infatigable tu étais cette lande amère offerte aux souvenirs, qu’une aube veuve et frénétique incendiait chaque jour.
J’étais pauvre tu m’as donné la démesure. J’étais le chaos, tu m’as appris la grâce. Je n’étais qu’une note, tu m’as montré l’octave. Je n’étais qu’une écume en déroute, tu as su la tisser en dentelle de givre. Tu as soufflé sur mes plaies dérisoires, oubliant tes humeurs, tes rumeurs, tes horreurs, tu as soufflé sur mes plaies vaines et frivoles avec la patiente douceur d’une mère attentive, avec la complicité d’une sœur câline et la tendresse d’une femme amoureuse.
J’étais la poussière et le sable, tu fus la lumière et l’étoile. J’étais misérable, tu m’as fait sentier, chemin, passage. J’étais taciturne, tu fus ventre de délivrance. J’étais un puits sans fond, tu m’as offert ta margelle. Je n’étais qu’un désert, tu m’as fais un royaume. Je n'étais qu'une friche, tu m'as fait jardinier. Je n’étais qu’un silence tu m’as fais symphonie. Tu m’as offert tes mots pour nourrir ma parole et tes incantations pour guider mes prières. Tu étais cette voix fauve blanchie de ferveur exaltée, incandescente, étincelante ; tu étais un orage, un tourbillon enluminé d’innocence égarée.
J’étais la poussière et le sable et ton vent a soufflé pour disperser mes cendres, et je devins nuage poussé par ton absence. Et je devins un ciel.

" Les Anges (…) sont les âmes qui ont choisi le Ciel. Ils peuvent se passer des mots ; il suffit qu’un Ange pense à un autre Ange pour l’avoir près de lui. Deux êtres qui se sont aimés sur la terre ne forment qu’un seul Ange. Leur monde est régi par l’amour ; chaque Ange est un Ciel. (…)Les Anges peuvent regarder au nord, au sud, à l’est et à l’ouest ; ils verront toujours Dieu face à face. " (J. L.BORGES)

Franck.

23 août 2005

en silence...au matin...

Au départ on est loin, on est dans l’inaccessible du temps et de l’espace. Mais les enfants savent d’instinct traverser les impossibles. Les âmes brûlées aussi. Au départ on est loin, chacun dans sa parole, dans la maisons de ses mots, au plus près de l’hémorragie qui épuise nos jours et nos heures. On est chacun sur l’horizon de la langue, chacun à son pied d’arc-en-ciel, chacun dans sa couleur.
On est loin, séparé par le ciel, et par cette arche irisée.
Au départ on est loin mais les incantations se répondent, parce que les murmures s’opposent au vacarme du monde et parce que les cris révèlent les silences. Au départ on est loin, mais peu à peu les portes du ciel s’entrouvrent. Pour agrandir l’espace, juste entre la chair est l’os. Juste entre fracas et prières.
Après, arrive le temps du chant et de la danse. Nos musiques s’entrelacent et se nouent pour nous aider à gravir l’échelle des couleurs. Chacun, à son bout d’arc-en-ciel, chemine vers l’autre sur le chemin de la langue, c’est le temps où la voix s’exalte de sa véhémence, de ses soleils, de ses éclairs. C’est le temps où les notes inventent la portée, où la cadence rythme les souvenirs, où l’espérance fleurie comme de larges bouquets. C’est le temps océan, immense et grandiose qui berce nos perspectives, et change les clameurs en louanges fruitées. C’est le temps des flammes et des voyages univers, et des jardins célestes. C’est le temps des tendresses enfantines. La source des mots s’épanche vers l’affluent du cœur. On est haut dans le ciel, si proche désormais qu’on pourrait se toucher. C’est le temps des soupirs et des apartés, c’est le temps des souffles, pas celui des regrets. C’est le temps des secrets et du sang partagé, des silences que l’on offre dans les mains que l’on tend.

C’est un temps éphémère, qui offense les dieux. C’est un temps majestueux, qu’il faudra redonner. Pour une heure enchantée, cent ans de misère. Pour un jour de délice, mil ans de repentir.

Au sommet des couleurs, nous nous sommes croisés. Au plus haut de cette arche de lumière, tendue entre nos deux étoiles. J’ai à peine eu le temps de caresser son ombre, qu’une araignée cruelle a tissé sur nos lèvres un rictus forcé.

Et dans un ciel de marbre durcit par les chagrins, c’est éteint une étoile, en silence, au matin.

" Poème, je ne vous demande pas l’aumône,
Je vous la fais.
Poème, je ne vous demande pas l’heure qu’il est,
Je vous la donne.
Poème, je ne vous demande pas si vous allez bien,
Cela se devine.
Poème, poème, je vous demande un peu…
Je vous demande un peu d’or pour être heureux avec
celle que j’aime. " (Robert DESNOS)

Franck.

22 août 2005

J'irai où le sang coule.....

Comme cette sonate de Chopin qui frôle la discordance pour nous rappeler la fragilité du temps, et des amours qui nous percent en nous traversant.
Ce matin, dans de lac, flottait encore la lumière d’un astre tombé. Une lumière de cristal étoilé, de miroir brisé, et en son centre, j’ai vu une marque de cendre, qu’un embaumeur invisible aurait oublié.
J’ai cherché son visage. Il ne restait que quelques mots ébréchés dans une parole décomposée. Et la trace d’un désastre annoncé. Comme ces mots disloqués que j’écrase patiemment sur le blanc du papier. Lettre par lettre.
Mais je veux croire encore. Même si dieu ne répond pas, même si les anges se sont tus. Sur la large toile le pinceau a dessiné de grandes étendues de silence et d’oubli. Et je plante mes mots dans cette terre d’absence et je pleure dessus pour les faire refleurir. Et je soulèverai les rideaux des saisons, et j’arracherai les mauvais jours, comme on arrache des broussailles, je brûlerais l’été, et l’azur, je brûlerais le feu s’il le faut. Parce que je veux croire encore.
Je n’écouterai pas ma raison qui me dit de me taire. J’irais là où le sang coule.
Ce matin, dans le lac, flottait toujours la lumière d’un astre qui se lève. Une lumière claire et limpide, qui s’extrait des ténèbres chaque jour un peu plus. En son centre j’ai vu l’empreinte d’un diamant étrange et singulier dont l’éclat mystérieux appelle les prières, et les chants, et l’amour ressuscité.
J’ai cherché son visage. Et j’ai vu l’infini qui débordait dans un très long soupir. J’ai même vu son sourire et ses doigts qui tremblaient, sur l’alliance des mots qu’on échange en silence comme une arche invisible tendue entre deux étoiles.

Franck

20 août 2005

Le ciel n'est pas sûr....

Le ciel n’est pas sûr. Les avions tombent. Les rêveurs aussi. Au-delà des nuages la marche est fragile. Il y a des trous d’air, des turbulences. Je n’ai pas de boite noire. Ou si peu. Elle n’enregistre, que mes silences, mes absences, mes vides. Le creux des choses. On ne pourrait pas l’entendre. Les avions sont souvent contrôlés, les rêveurs jamais. Pourtant ils tombent. Mais un rêveur qui tombe, ça ne fait pas de bruit. Seulement une étoile lointaine qui s’essouffle et dont la faible lumière s’épuise. Une étoile sans nom. Le ciel n’est pas sûr.
La terre non plus. On espère croiser d’autres comme vous, et on trébuche dans les ombres. Dans les souvenirs. Ou l’on se heurte à ces portes qui ne s’ouvrent pas. Ou à ces sourires qui ne se font pas. On passe son temps à tisser de l’espérance. Et chacun crie dans son coin. Drôle de terre. Drôle de vie.

Hier j’ai repensé à elle. Frédérique. C’était l’adolescence. Et j’aimais Frédérique. Notre histoire n’en fût pas une. Pourtant tout aurait été différent. Dès que je l’ai aperçu j’ai su qu’elle allait me briser l’âme. C’est son sourire que j’ai vu. Un sourire éclatant. Nous avions le même âge. Ses yeux pétillaient. Je l’ai tout de suite aimé. En silence. Et en désespérance. Comme souvent. Nous fréquentions le même centre équestre. A cette époque, il y avait deux centres équestres, a Ajaccio. Un pour les bourgeois, un pour les cow-boys. Nous, s’était le deuxième. Nous habitions tous les deux la même résidence. La résidence des îles, qui s’étalait à flanc de colline, devant le golf d’Ajaccio. Seul le cimetière nous séparait du centre équestre. On est vite devenu ami. Moi, je l’aimais, mais je ne disais rien. Elle aimait ma compagnie. Nous nous faisions des confidences. Pour moi c’était vraiment la première. Frédérique. Au début elle ne m’aimait pas. Enfin, je ne crois pas. Elle avait un copain. Elle m’en parlait. Quand ils se sont séparées c’est à moi qu’elle le disait. A quinze ou seize ans je n’étais pas drôle. Ca ne s’est guère arrangé, d’ailleurs. J’aimais rire pourtant, mais j’étais grave. Sérieux. Trop. Souvent nous allions ensemble au club à pied en longeant le mur du cimetière. Et nous revenions ensemble. Ensemble, tout le monde pensait que nous étions ensemble. A cause de la complicité. A cause des regards que nous échangions. Des taquineries.
Nous étions une dizaine de jeunes. Nous construisions nos obstacles. Nous faisions des promenades dans le maquis. L’hiver, nous allions galoper sur la plage. La voir enchantait mes journées, et m’arrachais le cœur en même temps. Frédérique je l’aimais. Après avoir monté, après s’être occupé des chevaux, nous restions tous à discuter, comme tous les jeunes de tous les temps, de tous les pays.
Un jour il y a eu un jeu qui a mal tourné. Les garçons couraient après les filles. Nous nous jetions des oranges cueillies directement sur les arbres. Il y avait de l’espace. Je n’étais jamais très loin de Frédérique. Pendant un instant je l’ai perdu de vu. Et puis, je l’ai aperçu, de loin. Elle courait, semblait s’essouffler à rire. Derrière il y avait Pascal. Un peu brusque, un peu brutal. Il l’a plaqué au sol. J’ai couru vers eux. Ils étaient loin. Mais moi je l’aimais Frédérique. Alors j’ai couru. Je voyais deux corps allongé dans l’herbe. Des gloussements, des cris. J’étais loin. Pascal était dessus. Quand je suis arrivé j’ai compris. Frédérique, ne riait plus. Elle criait. Pascal s’était acharné à défaire les boutons de la culotte de cheval de Frédérique. Et il tirait dessus. Il voulait l’enlever. Il avait déjà tiré sur son soutien gorge. Frédérique criait. Je voyais son ventre nu. Sa petite poitrine blanche. Et Pascal qui tirait sur ce pantalon. Au moment ou je suis arrivé sur lui, il avait glissé une main entre les cuisses de Frédérique. J’ai vu cette main agrippée à ce sexe, à ces poils. Lui il riait. Frédérique criait. Je suis arrivé comme un dément sur lui. Nous avons roulé dans l’herbe. Il n’a pas voulu se battre. Heureusement pour moi. Je crois qu’il a compris au moment ou je l’ai bousculé. Je l’ai laissé partir.
Je voulais voir comment Frédérique allait. Allongée. Elle Pleurait. Elle avait eu le temps de remonter son pantalon. Je me suis assis près d’elle. Elle a posé sa tête sur mon épaule. Et mon cœur était dans la plus grande tempête qu’il n’ait jamais connu. La peur, l’angoisse, la colère, et la douceur de ses cheveux contre ma joue. Nous sommes restés un long moment sans parler. Elle s’était blottie dans mes bras. Je voulais que le temps s’arrête. Et puis elle s’est levée, a déposé une bise sur ma joue. Elle m’a dit que tout allait bien. Que ce n’était pas grave. Tu es sûr Frédé ? Tout va bien ? Elle a dit : jeux de mains, jeux de vilains, et elle m’a fait un de ses sourires de soleil radieux. Deux jours après c’est elle qui m’a appelé pour me demander si j’allais au club après les cours. Oui, bien sûr. On s’est retrouve devant son immeuble, et l’on s’est mis en route. Le long du mur du cimetière. C’est elle qui s’est arrêtée. C’est elle qui s’est mise face à moi. C’est elle qui s’est approché. Et j’ai senti ses lèvres sur mes lèvres. Mon premier vrai baiser. Ses lèvres, et sa langue. Et nos dents qui se cognent. Je m’en souviens. J’ai été traversé de part en part. Nous sommes restés une heure à nous embrasser. Seulement nous embrasser. Simplement nos lèvres, nos bouches, nos salives et nos mains sur la figure de l’autre. Des baisers de flammes. Nos souffles, nos haleines mêlées. Le soir est tombé. Le soleil a rougi le ciel. Au-dessus du mur, nous avons vu les Sanguinaires s’embraser. Et Frédérique m’embrassait. La bouche, la langue, le cou, les yeux. Les Sanguinaires saignaient leurs lumières et moi j’embrassais Frédérique. J’ai quitté l’enfance ce jour là. Dans ce soleil rouge. Adossé à ce mur de cimetière. Comme si la mort et l’amour tissait déjà un destin. En écrivant maintenant j’ai encore la saveur de sa salive. Je revois ses yeux noisette, et ses paupières baissées, dans l’abandon. J’ai senti sa main sur ma peau. J’ai posé ma main sur sa peau. J’ai caressé son ventre, son dos. J’ai senti sa poitrine sous mes doigts. Pas plus. J’étais ivre. Je n’étais plus dans le monde. Nous nous sommes serrés comme deux fous. Quand je l’ai raccompagné chez elle il faisait nuit.

Deux semaines. Cela aura duré deux semaines. Et puis elle a dit : c’est plus possible. Nous sommes trop proche. J’ai peur de te faire souffrir. Tu comprends Franck tu est comme mon frère…. Non, Frédé, je ne comprend pas… je comprends seulement que tu veux qu’on arrête….
Deux semaines. Et nous sommes restés amis. Obligé. Je l’aimais. Elle, elle m’aimait bien. Je crois que je ne me suis jamais remis de cette première rupture. Alors j’ai continué à l’aimer en silence, en douleur. Nous nous voyions toujours, nous parlions toujours. J’étais toujours son meilleur ami.
Des années comme ça. Même quand j’ai quitté la Corse. Je lui écrivais. Des lettres longues. Infiniment longue. Auxquelles je n’avais jamais de réponse. Parfois un petit mot, quelques lignes, qui ne disaient rien. Sinon que j’étais son frère.
Quand je suis revenu d’Afrique j’ai voulu reprendre quelques études. Je me suis inscrit à Aix en Provence. Frédérique y était. Elle faisait du droit. Cette année là, il y avait des grèves. L’université de Psycho n’a pas été ouverte. Alors j’avais tout mon temps pour voir Frédérique. Ma maladie d’amour c’est aggravé. Nous avions vingt ans tous les deux. Elle était resplendissante.
Un soir elle est venue me retrouver dans ma petite chambre. Nous avons parlé. Je lui ai dit tout mon amour. Les couleurs du désert, les soleils, les cieux. Je lui ai parlé de notre premier baiser. Du cimetière, des Sanguinaires. Elle me regardait. Ses yeux avaient une intensité terrible. J’avais du mal à la fixer. Alors peut être par dépit ou part pitié, elle a collé ses lèvres sur les miennes.
L’espace d’un instant, j’ai cru retrouver la magie du premier baiser. Mais nous avions grandi. Il n’y avait plus de soleil. Il n’y avait que cette petite chambre triste. Pourtant ses lèvres étaient douces. Elle m’a dit : je t’aime. Un mot et mes douleurs d’adolescence se sont effacées instantanément. Un mot. Je t’aime. Dit dans la pénombre d’une chambre d’étudiant.
Peu à peu nous nous sommes dévêtus. Elle était belle Frédérique. Elle se trouvait toujours un peu trop enveloppée. Mais c’est faux, elle était belle. Avec sa petite poitrine arrogante, son ventre souple, ses cuisses fermes. Nous avons fait l’amour. Dans la fièvre. Nos gestes étaient maladroits, nos baisers brûlants. Nous sommes précipités, comme si une urgence nous poussait. J’ai baigné durant quelques heures dans une sorte de béatitude. Mais tout est allé trop vite. Il y avait entre nous un désir échevelé. Elle m’a fait venir entre ses cuisses. J’ai glissé dans sa chair, dans sa chaleur, j’ai vu ses yeux se fermer. J’ai entendu ses soupirs. J’ai senti ses reins se creuser. Et nos sexes butter l’un contre l’autre. Oui, je me souviens d’avoir baisé sa bouche, son front, son cou, ses seins. Cela n’a pas duré très longtemps. J’ai vu son sourire. Et cru que l’éternité c’était cela. J’aurais voulu qu’elle reste. Mais elle devait partir.
Le lendemain, elle m’a téléphoné. Je crois que c’est une erreur. Franck, ne m’en veut pas. Vraiment ce n’est pas possible. Je ne veux pas que tu ai mal….
Je crois qu’a ce moment j’ai voulu mourir….
La fac en grève. Je suis reparti. Une deuxième fois quelque chose s’était brisé là.

Trois ans plus tard, je suis avec Ghislaine. Nous commençons à parler mariage. Un soir une ancienne connaissance de Corse m’appelle au téléphone. Franck ? Oui. Tu sais c’est dur, mais il fallait que je t’appelle. Frédérique et morte. Non ! Ce n'est pas possible. Non ! Franck, tu sais c’est un vrai drame. Une boucherie. C’est sa mère qui l’a tuée. Elle à tué son Philippe son frère aussi, après elle s’est suicidée. Moi je n’entends plus rien. Parce qu’il y a des choses qu’on ne peu pas entendre. Franck, tu m’écoute ? Oui. Achète le journal édition corse. C’est en première page. Je connaissais bien la mère de Frédérique. Une belle femme d’une quarantaine d’année. Pétillante, exubérante, comme souvent le sont les pieds noirs. C’est vrai que Frédérique m’avait souvent parlé des coups de déprime de sa mère. J’ai acheté le journal. Il décrivait tout. La mère qui rentre dans la chambre. Qui tire sur sa fille. Puis qui va dans la chambre de son fil. Qui tire sur son fils. Et qui se tire un coup de fusil dans la tête.
Moi qui croyais qu’un jour nous nous retrouverions. Moi qui pensais que jamais deux sans trois, et que la troisième serait la bonne.
J’avais le journal entre les mains. Je n’ai pas eu le courage d’aller en Corse le lendemain pour les obsèques. Le cimetière Frédérique. Le cimetière.
Tu l’aime encore ? Chut, Ghislaine chut. S’il te plait tais-toi. C’est le jour ou je suis devenue vieux. Quelque chose est mort. Frédérique, après toi il y a eu le divorce, l’alcool, et ce jour ou la mort m’a rejeté. Frédérique tu m’as brûlé l’âme, et cette brûlure m’a fait une cicatrice sur le coté gauche du cœur. Juste à l’endroit où se pose les anges. Frédérique, juste à l’endroit le l’espérance.
C’est quoi l’amour Franck ? Un cimetière et des morts.
Le ciel n’est pas sûr.
La terre non plus.

Franck

19 août 2005

Sinon ma lumière ne vaut rien.....

Donc c’est fini. Donc ça commence. Je m’étais promis de réfléchir. Promesse non tenue. Je n’ai pensé à rien. Simplement envahis de quotidien. Traversé d’émotions. Contrastées les émotions. Et ce sentiment fort de la solitude. Souvent, on est venu me dire ici des choses sympathiques encourageantes, flatteuses parfois. Souvent le mot qui revenait c’était : lumière. La première fois qu’on vous dit cela d’un de vos textes, votre journée s’embrase tout d’un coup d’un immense soleil. Et vous voyez d’autres appréciations, sur d’autres écritures et vous entendez : noir, nuit, ténèbres. Pourquoi, lumière ici et ténèbres ailleurs ? La vérité a deux faces, comme cette pièce que vous jetez en l’aire pour éprouver votre chance.
Je ne sais pas si mes mots sont parfois lumineux. Moi, j’ai l’impression de vivre dans la nuit est le brouillard. Ecrire, c’est simplement se dire, qu’on résiste. On ne sait même plus à quoi on résiste, mais on résiste. On cherche une vérité de soi ou du monde, on essaye d’aller derrière ses mots et de comprendre un peu plus. On essaye aussi de désapprendre, on essaye d’enlever tous les oripeaux dont on se vêt. On expose, on s’expose, car si l’on est sûr de rien, on a quand même la certitude que le mensonge n’est pas une voix. Alors on écrit. On va chercher les émotions qui vous ont pénétré, transpercé pour les remettre en place, les remettre en vie. On va chercher ces petits instants minuscules, que personne ne veut, ces rencontres ordinaires, on dénude peu à peu son passé.
A certains moment de l’écriture il peut arriver que l’on pense que c’est important d’écrire. Mais on n’est pas dupe. On sait dépasser ces pièges de la vanité. Dans la vérité de son cœur, on sait bien que le plus beau poème, n’égalera jamais une rose, même la plus oubliée. N’égalera jamais le sourie d’un enfant. N’égalera jamais la main de l’amoureuse qui se pose sur votre épaule ou votre bras. Dans la vérité de son cœur on sait très bien que les quelques idées qui parcourent les textes, sont très pauvres et très relatives. Que tout a été dit, cent fois, mille fois, et mieux dit, cent fois, mille fois.
Pourtant quand on dit que mes mots ont de la lumière, sans voir les ténèbres autour, cela me gêne. Parce qu’au fond, ma lumière supposée n’a de sens que part la nuit. " Malgré la nuit ", dirait St J de la X. Il faut comprendre, que si les ténèbres sont déniés, ma lumière s’éteint, elle n’a plus de sens. Ca devient de l’eau de rose, même pas de l’eau de vie. Il faut qu’avant une vérité soit dite. Parce que le monde que l’on vit est une horreur. Il faut quand même le savoir. Même si c’est une banalité que de dire ça. Les vies que nous menons sont pour la très grande majorité, désespérantes de futilités, d’égoïsme, d’aveuglement.
Le mal, s’insinue partout, se parant d’habits de fête pour nous faire danser la carmagnole. Et le plus souvent nous dansons.
Chaque jour, je lis la Maison des morts, vous comprenez, si on dénie " René mange merde ", je n’ai plus qu’à arrêter d’écrire. Il faut qu’il existe, lui est les autres de cette Maison, sinon ma lumière ne vaut rien.

Franck

17 août 2005

Un peu plus......

D’habitude j’adore Paris au mois d’août.
Pourtant depuis hier je ne trouve plus aucun charme à Paris. Cela vient sans doute de la lumière, le soleil est pâle.
Cela vient surtout de ce départ. Je le vis comme une fuite. De quelle fuite s’agit-il ? Impossible de le savoir.
Je me suis fait des listes, histoire de ne rien oublier.
Je bâcle. Je sens que je bâcle. Je n’aime pas ça.
Les rues sont vides. Une chaleur lourde, humide. J’ai cette sensation de fuite, et je n’arrive pas à savoir si c’est bien ou non.
Il faut quitter les lieux. Toujours. Avant qu’ils ne nous quittent.

Paris m’a quitté. Je ne m’en suis pas aperçu….
Je n’ai pas de regret et pas de joie… Seulement quelque chose à l’intérieur qui se tord. Un peu.
Un peu plus.

Franck.

16 août 2005

Chante ma douce......

Cette semaine sera un peu agitée. Aujourd’hui je remonte à Paris préparer mon déménagement. Depuis ma naissance c’est mon dix-huitième. Instable ? Non, pourtant. Certains jours je rêve d’une grande lande de bruyère battue par les vents. Une lande de mystères et de brumes violacées. Et d’orages claquants. Une terre d’hostilités. Une terre inhospitalière. Certains autres jours, je rêve, d’un paysage méditerranéen. La mer bleue, des calcaires blancs, un soleil brûlant et aveuglant. Une île. J’ai l’âme îlienne. Impossible sérénité d’exilé. Toujours dans un retour ou un départ. Des joies courtes, si courtes, et des langueurs si vastes, si profondes, si nostalgiques, comme la mer qui berce mes rêves, comme la mère qui blanchie sous la terre. Les vagabonds ne sont pas d’une géographie terrestre, ils sont d’un lieu du cœur. D’un espace troué du cœur. Ils habitent partout, et ne sont jamais chez eux. De toutes les façons, mon pays, ce sont ses yeux et ses lèvres qui murmurent une vieille chanson :" sensuale… invisibile… teorico… ", je ne me souviens plus de la mélodie. Mais j’appartiens à ce rêve. Je ne suis que de ce rêve…. Impossible et si vrai, si lointain et si présent. Inutile et si nécessaire. Que serait la terre sans un lieu qui appelle, que serait le cœur sans une âme qui l’invite. Et qui chante dans le vent : " sensuale… Invisible…. "

Aujourd’hui, je prends le train. Et je vais retrouver les quelques objets qui désormais me suivent. J’en ai si peu. Cela faisait cinq ans que j’étais dans ce petit appartement parisien. Cinq ans, à plier, empaqueter, ce n’est pas grand chose. Ce n’est rien même. A la fin de la semaine je serais installé en Dordogne. Provisoirement.

J’aurais sans doute du mal à venir écrire ici cette semaine. Je ne sais pas. On verra bien. J’en profiterais pour réfléchir à tout ce qui c’est passé ici ces derniers temps. Car ce qui compte ce n’est pas moi. Ce n’est pas ma vie que je raconte. Vous avez bien compris qu’il s’agit d’autre chose. Mon histoire a très peut d’intérêt. Même s’il est parfois nécessaire de l’user un peu plus ici. Vous comprenez bien, que moi, en tant que tel, n’a aucun intérêt ; c’est l’autre qui compte. Puisque " je, est un autre ". Cet autre du texte qui cherche son air. Au bord de l’asphyxie. Ecrire, aimer c’est d’abord se perdre. Mais c’est terrible, je vous l’assure de se perdre. Car si vous êtes à peu près sûr de la présence de l’ogre, vous n’êtes absolument pas certains que vos petits cailloux serviront à vous sauver. Chaque jour on joue un peu plus avec la mort. Ecrire, aimer c’est le même voyage, c’est la même mer, c’est la même tempête, et c’est la même espérance. Insensée. Désespérante. Eclatante. Foudroyante. Ecrire ne soigne pas puisque c’est ça la maladie, aimer ne guérit pas puis que c’est ça la maladie. Ce qui compte c’est d’écrire assez vrai, d’aimer assez juste, pour inventer un temps supplémentaire. Un sursis. Un surcroît. Ou un reste. Une mer dans la mer. Ou simplement une île, battue par les vents, écrasée de soleil, et d’orages, où je t’attendrais serein et digne. Puisque je sais déjà ta chanson, je te reconnaîtrais : " sensuale… invisibile… ". Chante ma douce invisible, je n’ai que mes mots pour te donner la vie, chante ma douce sensuelle je n’ai que mon rêve pour te faire un chemin, chante ma douce belle je n’ai que mon âme pour te faire un pays.

Franck

14 août 2005

Que sais-tu de moi que je ne connais pas encore...

Je reviens à ma langue et laisse tomber les derniers textes sur le rien, qui ne furent qu’une pitrerie de mauvais goût, mais j’en avais gros sur le cœur, Alors….. Je le dis souvent les mots se tirent la langue. Ils nous désignent. Moi, comme celui qui lit.

J’y reviens donc, j’y reviendrais toujours, puisqu’au fond, c’est la seule chose qui mérite un peu de notre attention. Que c’est le vrai sujet de toute littérature. Même celle que l’on croit noire. Et puis nous sommes toujours à un temps de l’amour : avant, au début, pendant, à la fin, après. Même le désamour et la haine sont encore le sang troublé de l’amour, comme si l’humus putride était le début le début de la rose. C’est ce temps qui nous rassemble sur cette planète, le reste ne fait qu’occuper notre ennui. Puisque l’amour c’est ce qui n’est pas moi. Puisque c’est l’espace au-delà de moi et des nuages. Puisque c’est le vide dont toute chose à besoin pour vivre et exister. Puis que c’est l’autre qui avance dans mon néant pour l’éclairer. Puisque l’autre me fait l’offrande de moi-même, sans laquelle je ne suis rien. L’autre me révèle à moi-même. Elle me fait roi, je la fais reine, hors de tout royaume, hors de toute terre. Je l’ai déjà dis, l’amour c’est quitter sa maison pour habiter la terre, c’est quitter son propre cœur, et quitter sa peau, et partir user sa chair contre la chair de l’autre.

Elle s’appellerait Sandra. Nous nous parlons ici, de temps à autre. Nous ne sommes pas intimes, pourtant une vraie complicité nous a réunis presque immédiatement.. Nous vouvoyons toujours. Ca c’est à cause de l’âge. Du mien. Dés le début j’ai adoré Sandra. Non, pas comme une madone, mais dans le sens d’une tendre affection. Elle est légère, fraîche, et grave parfois. Quand elle parle on dirait une petite brise d’été. On dirait le froissement des feuilles d’un peuplier au bord d’une eau joyeuse et ricochante. Sandra chante aussi, parce que sa voix est belle. Et surtout, quand elle chante, elle a l’impression de s’alléger un peu plus, comme si le monde ne pouvait plus l’atteindre. Sandra aime se faire prendre en photo. Elle est belle, juste drapée de sa candeur mutine.

Alors j’ai vu ses dernières photos qu’elle m’a fait parvenir. Que vous ne verrez pas. Sandra pose légèrement dénudée, à peine. Si peu, juste de quoi faire rosir les fées.

Alors je me suis laisser porter par ma rêverie. Histoire de retrouver un morceau de ciel éclatant que j’avais perdu hier. Et laisser déborder mes mots en les dédiant à cette ombre claire. Et puis aujourd’hui je voulais simplement que mes mots aillent se perdre, qu’ils retrouvent l’innocence d’un désir blanchit de désirs coquins. Sans autres prétentions. Alors j’ai décidé de l’appeler Sandra. J’aurais pu l’appeler autrement. Mais elle n’aurait pas aimé. Tout se mélange dans ma tête et mon cœur. Alors aujourd’hui son nom c’est Sandra. Disons que dans son nom il y a au moins un " A " et un " N ". Comme Sandra, ou ……..
Votre beauté me touche, Sandra. Je la trouve émouvante. Sensuelle. Elle donne envie de ne plus être un saint. Mais un démon. Que mes mots soient des souffles pour frôler votre corps, ou des mains plumes pour recueillir votre sein.
Il y a des beautés froides, distantes. La votre est chaude, avec cette fraîcheur du cœur qui donne envie d’effleurer vos yeux et de boire sur vos lèvres un poison mortel. Votre ventre semble un long rêve de tendresse, fait pour emporter les âmes au plus loin d'elles-mêmes, vos cuisses sont un large chemin de douceur et de miel, sur lequel le pénitent oublie sa pénitence, sur lequel on voudrait se perde et ne jamais revenir. Et atteindre votre bouche secrète aux mille trésors, votre bouche aux mille lèvres humides, cette bouche qui recouvre votre diamant le plus pur, pour y déposer un baiser de brûlure, un baiser de foudre et d’orage. Vous avez un corps fait de la chair même de l'amour, et pourtant vous gardez ce voile de pudeur magique qui fait de vous un temple que l'on n'ose profaner. Temple d'amour pour des prières d'amour incendiées.

Oui, je voudrais que mes mots soient de douces caresses posées sur le bout de votre âme, sur le bout de vos seins, sur le creux de votre ventre, au cœur de votre cœur, oui, je voudrais que mes mots couvrent votre nudité offerte, ou la révèle plus lumineuse encore, comme une vague mourante sur une plage étincelante.
Il faut me pardonner d'avoir oser tous ses mots, je ne suis que de chair et de sang. Et devant votre beauté, je maudis le temps qui m'a fait si vieux, devant tant de trésors.
Je vous embrasse, sur votre corps, pour boire cette chaleur, et un peu de votre jeunesse, un peu de votre éternité.
Je vous embrasse, sur vos yeux, sur votre bouche, au creux de votre cou, et dans ce coin de l'âme qui fait de vous une fleur si belle, si parfaite au parfum si mortel.

Nous avons tous nos mots pour parler de l’amour. Et tous, notre histoire. C’est avec l’astrologie que j’ai compris, à la fois, l’universalité de cette chose que nous appelons amour, et son infinie diversité. Nous ne parlons jamais de la même chose et pourtant, c’est toujours la même chose.
Attention, quand je parle d’astrologie il faut admettre que je le fais avec beaucoup de distance. Je m’en sers comme un moyen de réflexion, ou de méditation.

La première chose que l’astrologie nous lègue, c’est la tolérance. Et la deuxième, que nous n’avons pas à juger. Jamais. Jamais.

De quel amour je suis ? L’astrologue regarde en priorité la position de Vénus dans le thème. Dans quel signe (douze). Puis dans quelle Maison (douze), puis les aspects avec les autres planètes (neuf autres planètes et cinq aspects majeurs), tout cela nous donne le " poids " de la planète, et permet de nuancer les interprétations. Il y a donc une multitude de Vénus. Pour être précis, une multitude d’expressions de Vénus. Et par voix de conséquence une multitude de paroles disant l’amour. Et pourtant c’est dans diversité qu’il faut chercher la seule Vénus. Car au fond, toutes convergent vers un point du ciel, un point du cœur, ou de l’âme. La diversité devant nous renvoyer aux autres et non à nous-même. Puis que dans toutes les expressions il existe une voie qui mène à toute les autres. On est seul, mais innombrables.

La première, Vénus en Bélier est une Vénus passionnée, qui brûle instantanément. Qui s’enflamme d’un seul coup. Le corps et le cœur s’embrasent. Il y a de la fulgurance, mais aussi de l’aveuglement. Après la passion s’ouvre une longue lande mystérieuse et inconnue. C’est la vénus de l’élan primordial, du sexe, de l’initiale pulsion, elle se vit dans l’acte. Vénus en Taureau est plus calme. Elle peut être passionnée aussi, mais d’une passion plus introvertie. En Taureau vénus devient sensuelle, moins sexuelle, elle est lascive, tactile, gourmande, possessive. Elle aime la chair et accueillir la chair. Vénus en Gémeaux est quant à elle légère, presque instable, légèrement libertine et un peu égoïste. C’est l’amour dans le marivaudage, dans le badinage, le flirt, la séduction des mots. Pas toujours fidèle, mais toujours séduisante. La Vénus du Cancer, est une Vénus tout en tendresse, son rêve est de fusionner, de ne plus faire qu’un, c’est une Vénus fragile, pleine de douceur et d’imagination, l’amour se vit dans la douceur de la nuit, entre rêve et réalité. La Vénus du Lion est la plus claire expression de l’amour, une chaleur généreuse, il arrive parfois qu’elle oublie l’autre, à force de vouloir être, elle brûle au lieu de chauffer. C’est un amour conscient lucide, une fois débarrassé des pesanteurs de l’égo. La vénus de la vierge, est toute en attention, et en tension, inquiète de nature, elle est de préférence sage, timide, fidèle, elle aime la vérité, même si cela la blesse ou la déçois, elle sais aussi s’oublier au profit de l’autre, sa sexualité n’est pas débordante même si dans cette position il existe aussi des vénus-vierge un peu plus folles. La Vénus de la Balance semble faite pour l’amour, des gens, des formes, des ambiances, elle est sensible autant que sensuelle, douce et pacifique, et attachante, et convaincante. C’est une Vénus de la séduction. Avec la Vénus du Scorpion on change de registre. C’est une Vénus plus sexuelle, possessive. Envoûtante et mystérieuse. Passionnée froide, introvertie. Silencieuse. Son enjeu c’est le pouvoir, et son objectif par-delà le bien et le mal. Fascinante, elle attire. Sulfureuse, elle brûle. Vénus en Sagittaire, les choses sont plus normales, plus établies, plus conventionnelles. On peut dire que c’est une passionnée raisonnable. Généreuse, altruiste. Légèrement exhibitionniste.
La Vénus du Capricorne est tout en rétraction, en pudeur, elle est peu expressive, timide, presque froide. Elle est fidèle, mais autoritaire. C’est une Vénus ambitieuse, qui sait compter, qui sait où se trouve son intérêt. La Vénus du Verseau pourrait être une vénus militante, en tous les cas, singulière. Elle n’aime pas les conventions, les traditions, elle choque parfois et provoque souvent. C’est une Vénus tout en rythme, en scansion. Pour finir, la Vénus des Poissons, là on touche à l’infini de l’amour, on ne discerne plus l’autre de soi-même. C’est un rêve d’éternité douloureux parfois, confusant souvent. L’idéal semble difficile à atteindre. C’est une vénus, douce, sensible et lascive, perdue dans un rêve débordant et mystérieux. Dans le meilleur des cas c’est une sainte, mais à coup sûr une vagabonde une errante, a travers la chair c’est l’humanité entière qui est aimée, mais c’est un amour qui peut facilement se désincarner.

Voilà, tout cela pour dire les multiples façons de vivre, de dire l’amour. Et là j’ai fait court.

Hier elle me disait, avant, tous les débordement ici. Les violences.

" Mais je me rends compte que c'est violent d'un premier abord. Comme toi, c'est doux sur la surface mais ça brûle en dessous. Moi c'est rugueux en surface, sanglant, moche, mais en dessous c'est pas la passion, c'est un peu de désarroi, et de douceur : dans mes jugements, en fait, j'annule même le terme de jugement. "

Et puis :

" Je crois que pour aimer quelqu'un il faut s'aimer soi-même. C'est bête mais c'est vrai. Et demander à l'autre : que sais-tu de moi que je ne connais pas encore ? C'est ça la littérature. " C’est une des plus jolie phrase sur l’amour et la littérature, que j’ai entendu. C’est normal, c’est un Ange qui parle, et on le sait bien les Anges n’existent pas.

Franck

14 août 2005

Des papillons de nuit ?

307haut1

Ca s'apprend le bonheur ? Se demandait-il parfois..comment le reconnaître ?

Arcadia

Francis, tu ne devrais pas le prendre trop à coeur, c'est en taillant avec distance que le sculpteur arrive pourtant à s'investir. Enfin d'après ce sculpteur que je connais, Jean-Marc, encore un Jean, comme celui de la bible. Les autres ont peut-être d'autres façons de voir la chose. Mais pas ce Jean-là même, de sorte qu'on s'y perd. Il est homosexuel, alors que c'était l'Apôtre Paul, il paraît, j'ai entendu dire qui avait des problèmes avec ça. Mais je n'ai rien lu de tel, sauf Paul qui parle peut-être de son combat "pour faire mourir ses membres". Comme toi qui me disais : "tu dois mourir à toi-même". Pour être. En fait, le mot affligeant, que j'ai dit, Francis, dans ton message, c'était plus décerné au message de Denis. Qui t'utilisait pour m'atteindre, en quelque sorte (car Denis s'imagine que nous couchons ensemble et que je pose des bombes quelque part à Sarajevo, ou en Irak c'est pareil, que je fais exploser des tours ou que je nique comme Catherine Millet en pire, ils s'imaginent des choses, les gens parfois dans leurs meutes qui hurlent à la mort, il faut dire, ils arrivent à aller plus loin que moi dans la perversion ils sont merveilleux). Tu vois, comme d'habitude, Francis, non, mettre un faux nom dans un texte littéraire c'est finalement nul, Franck tu t'appelles Franck depuis que tu es né, je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas dans un texte littéraire. Ou alors on raconte des histoires, ce que vous adorez lire, parce qu'une fois le livre est fermé, vous revenez au même point avant de l'ouvrir. Et rien n'a changé, vous n'avez rien à améliorer, tout va toujours pareil dans le même monde. C'est la vérité, ça. Toute nue. Celui qui me dit le contraire est un menteur. Un adepte du groupe. Donc il me visait moi, à travers toi (bizarre qu'ils utilisent les autres pour me parler, je fais peur ?) en répondant à un texte qui n'avait rien à voir avec lui. Du coup, je l'ai trouvé affligeant lui, Franck, c'était pas ton texte, c'était son commentaire. Son commentaire. Et puis voilà que le chien de garde il est pas content qu'on parle pas de lui. On a le droit de se dire ce qu'on pense. J'ai plus de respect pour quelqu'un qui n'aime pas ce que je fais et qui me le dit, que pour quelqu'un qui aime et qui ne le dit pas. Les gens ne se gênent pas pour me le dire et pour, malgré leur incompréhension du matériau de base, finir cyniques (la dernière défense de l'égo): ça leur fait mal parfois de s'avouer dans l'incapacité de regarder droit dans les yeux ce qui est dit. Ce sont eux qui me donnent un pouvoir finalement, que jamais je n'avais pensé m'octroyer, ni même le droit d'y penser. Si j'avais été quelqu'un de mauvais, j'aurais aimé. Etre Hitler, par exemple, qui était un homme, avant d'être un dictateur, on peut voir les choses comme ça aussi. Ce n'est pas interdit. Cela dit, le pouvoir n'est pas une chose qui m'intéresse, la vérité, en revanche, Franck, et ça je t'en ai parlé à maintes reprises, c'est quelque chose d'exaltant, d'érotique, de prenant, d'authentique, de sensuel, ah ça non, le mensonge est sensuel, la vérité est pornographique, c'est pour ça qu'on regarde pas. J'ai une grande connaissance de la pornographie, je sais de quoi je parle (quand je pense qu'ils me font Reine des Morts pour ça) lorsqu'il s'agit de pornographie, c'est peut-être pour ça que j'aime les petits enfants Irakiens brûlés, ils croustillent et que j'en mets plein la Maison. Ce qui est bien, avec moi, c'est que le point de vue, vous le faites vous-mêmes. Je suis au même niveau que vous, malgré ce que vous en pensez, comme c'est l'intime qui parle vous vous dites : moi aussi je peux dire mon intime, sauf que la plupart du temps vous vous ramassez lamentablement dans des considérations étranges ou en parlant de l'écrivain vous pouvez pas vous empêcher de vous adresser à vous-mêmes. A la limite je préfère ceux qui me détestent : au moins ils savent pourquoi ils existent, si je n'étais pas là il y aurait que des blogs avec des images de larmes et de papillons. Non je plaisante, je ne suis pas toujours sérieuse. Enfin, je suis toujours sérieuse, c'est très rare que je plaisante, d'ailleurs vous avez raison de prendre tout au premier degré. Je suis contente que vous fassiez ça. C'est la condition sine qua non, vous n'aimez pas un écrivain qui ne vous dit pas où aller, avec qui, les écrivains passent leur temps à tenir la main à leur lectorat, à penser à ce qu'ils vont aimer, pourtant on est pas des journalistes à se demander nos cartes de presses, ni même des américains à se demander combien on gagne. Franck tu devrais peut-être ne pas t'emballer comme ils s'emballent dans leur vulgarité, voir pour le croire ce qu'ils rajoutent inutilement, comme Bush Junior, qui en rajoute inutilement, finalement les armes de déstruction massive, pardonnez-moi, dans le cul de la terre, elle s'est ouverte la nuit certainement, elle a tout avalé, pour tout cacher. Ce qui est caché, il faut bien le faire ressortir. Bush Junior a compris pourquoi c'était important de dire : "je". Qui est quelqu'un d'autre. C'est la fonction même de celui ou de celle qui écrit. Il est juste un peu...maladroit. C'est un homme qui a des défauts, comme tout le monde (enfin...bref). Comme je t'ai dit, Franck, la question n'est pas de savoir si ce qu'ils disent est juste ou pas, car si tu te sens touché par ce qu'ils disent, ça veut dire que tu peux les pardonner de leurs yeux bandés, mais pas comme Oedipe, certainement pas comme ça. La question c'est que tu dois te concentrer sur la chose que TU veux dire. Pas sur celle que JE veux dire, pas sur celle de ton voisin qui manque de matière en lui et qui te le reproche bien grassement, pas sur ce que J'EN pense, pas sur ce qu'ON te conseille de faire (tu es assez grand pour savoir pour toi-même, ce n'est pas moi, à 24 ans qui vais te faire la leçon) et aussi en plus, à garder en tête : les commentaires sont inexistants pendant que tu écris. On est pas des journalistes à se demander comment le lectorat va apprécier. Franck. Tu vaux mieux que tous réunis. Ils te diront encore et encore à quel point tu les émouves, snif, combien c'est beau, combien on n'en peut plus, tellement tes chemins sont en sucre-canne, et tes maisons en réglisse, comme c'est beau d'avoir 24 ans, et avoir comme amie une petite minette gentille mais mal dans sa peau, dépressive (ouais, c'est le bagne aussi et j'écris ça pour pas que vous le pensiez après) et tout le toutime, qui elle ne te conseille en rien sur tes fréquentations, tu fais ce que tu veux mon chéri, c'est toi que j'aime pas les idiotes que tu aimes (je plaisante, je me sens obligée de le signaler), sinon l'autre imbécile de Coumarine viendra te dire, avec sa forte personnalité (ah ça oui alors) alors que ça n'aura rien à voir, vraiment, qu'Angéline est une sorte de Croque-mitaine très mauvais pour ton coeur, un monstre dégueulasse qui a connu l'inceste avec son oncle, qu'elle montre sa douleur alors que ça n'a rien à voir et qu'elle n'a pas le monopole de la souffrance, elle aussi elle a beaucoup souffert etc. Bref, un tissu de délires qui méritent le respect. Ceux qui ne disent rien, en particulier ceux-là, ne supportent pas qu'on le dise à leur place ils utilisent les versets classiques pour se défendre : ils t'insultent, te réduisent. Denis a cherché à le faire avec moi en t'utilisant par exemple. Tu crois franchement que ça va m'atteindre ? Moi qui est passé cette ligne que vous n'imaginez même pas comment c'est de l'autre côté. C'est magnifique d'être en vie, je me dis souvent ça. Pas pour les raisons que vous pensez. Essayez d'oublier votre personnalité. Non, votre chien intérieur qui aboie parce que vous n'êtes pas la vedette, parce que vous trouvez que vous n'avez pas assez d'amour en vous ou pour une autre raison qui m'échapperait. Franck. Alors si tu comprends le double-sens, tu devrais me faire un sourire, là tout de suite. Allons, qu'importe les malentendus, mon Dieu est un Homme, Franck, touche les mains avant les yeux. Bon il y a autre chose qui te tracasse.

Comme les Prêtres dans les Eglises, pour favoriser certainement leurs désirs sexuels impurs, séparer le corps de l'âme, de l'esprit, ça permettait peut-être de violer les enfants avec plus d'élégance, la simple sodomie était ajoutée à la fellation forcée. Les enfants ne disent rien, Franck, la plupart. Les courageux parlent. Aujourd'hui encore s'il avait été en vie j'aurais pu porter plainte. Tu as vu le désastre qu'il a fait de moi (ça m'amuse d'écrire ça) ? Oui je sais, finalement heureusement quelque part. J'aurais pu porter plainte, c'est vrai, on est en août, mais moi je ne vais pas attendre que la société reconnaisse. Elle approuve le mal, cette société, la preuve. Ce que je dis est d'une évidence insolente : vous approuvez ce que vous rejetez, tous les jours, partout, tout le temps. C'est clair. Justement je dirais, et ça n'est pas un scoop : vous le rejetez, justement parce que ça vous fait baver dans le fond. Franck, ceux qui ont besoin de guide tu pourrais leur dire : vous avez vu dans mes textes j'ai trouvé la lumière, la beauté des phrases qui à moi m'est interdite, parce que je lui ai dit : non. C'était un jour même où il y avait eu un orage. Un orage très violent, des toitures entières avaient été arrachées, des arbres déracinés, le temps, la météo de la planète pétait les plombs. Les gens étaient étonnés, ils disaient, ce jour-là : on a jamais vu ça de notre vie. Des vieux, de quarante-cinquante ans. Je regrette de n'avoir rien dit à mes parents. Je pensais leur dire, mais en même temps, ma mère idéalisait tellement son frère, que finalement lui dire que j'ai couché avec lui, que j'ai été forcée et qu'après il a réussi à me maintenir dans une ambiance étrange où j'ai été autant consentante que pas consentante (c'était devenu difficile de comprendre la situation) ça casserait forcément quelque chose en elle. Je ne cesse de me dire, comme dans l'écriture, après tout, c'est la vérité, pourquoi ma mère devrait-elle avoir peur de la réalité ? De la vérité de la réalité ? De la chose qui m'est arrivée ? Et pourquoi je devrais en parler d'une manière larmoyante, je n'en parle jamais comme ça d'ailleurs ? Il était très fort pour créer un lien de dépendance, pour vous tenir par la main, dans la métaphore, comme le font certains écrivains, avec leurs personnages auxquels on ne croit pas une seconde... Franck, moi je sais que le soleil a un prix, et qu'il brille autant pour mes yeux que pour la peau de Coumarine : c'est elle qui a un problème avec ça. Donc si tu crois qu'il faut mettre RIEN pour DIRE que tu en as marre : j'ai peut-être alors, eu tort de te faire confiance, peut-être que tu n'es pas prêt de parler VRAI. Pourtant tu parles vrai, c'est la vérité. Même Coumarine, là, serait d'accord avec moi, si elle pourrait faire abstraction, pendant deux minutes, de celle qu'elle ne lit pas, dans le blog de Franck, d'Angéline. Elle serait d'accord avec moi, là. Elle me dirait : oui, là je suis d'accord avec toi, là je suis avec toi dans la même pensée, oui là nous sommes liées, au moins par cette pensée : Franck exprime quelque chose de VRAI, et il n'a besoin ni de nous ni des autres pour le faire. Voilà c'est ça un écrivain. C'est un mec sur un radeau, ou une femme, sur le même, il regarde le vent, il note à quelle heure il tourne et à quelle heure il a vu cet aileron de requin passer. C'est vrai qu'autour de mon radeau, il y a plus de requins que de dauphins, mais bon, je ne suis pas non plus la Reine des Chemins lumineux. Ce genre de choses ne se passent pas dans vos vies. Dans la réalité vous vous faites des fictions dérisoires. Ce genre de choses n'existent que dans les Bibles.

Et d'ailleurs je ne suis pas la seule à le dire. Je fais mon cinéma tout de suite mais je voulais te redonner le goût du calme et te dire qu'un commentaire n'est pas quelque chose de grave en soi, surtout s'il exprime des choses injustes d'une manière vulgaire et pernicieuse. Tu comprends ce que je veux dire ? Je sais que tu as peur. Je sais que ça fait peur, d'écrire. Que c'est peut-être même dangereux. Et qu'en même temps, et là je parle pour moi, l'émotion du parlé dans l'écrit c'est quelque chose d'illimité, comment le dire, d'infini, car on met tout le monde au même niveau (il y a des gens qui n'aiment pas qu'on mette les êtres humains au même niveau, tous).C'est vrai que ça serait affreux si le monde était en paix et qu'on était tous dans une sorte de cohésion, que dis-je d'harmonie, comme lorsque le vent tourne, pour naviguer vers là-bas. C'est infini, Franck, c'est peut-être pour ça que ça donne des tournis aux autres. Ils veulent ta lumière mais ils te renvoient leur méchanceté, mais il me fallait te le dire, Franck, tout à l'heure. Que ça ne me concernait pas. Comme Denis, qui t'utilisait. Franck, est-ce que tu m'écoutes au moins ? Au lieu de venir pleurer chez moi qu'ils sont insupportables, je voulais te dire qu'on peut tout me dire, mais que, vois-tu, des fois, des fois seulement je trouve un peu lourd qu'on me prenne moi, 24 ans, pour la référence des références. Je trouve aussi, un peu lourd parfois, qu'on me prenne pour une sodomite, pour une adepte du viol d'enfant (je plaisante pas, quelqu'un m'a même dit que je méritais d'être dénoncée aux flics, mais j'ai un copain policier, il a lu, il m'a dit que ç'allait, on sentait que ce que je disais c'était autre chose, il m'a dit aussi : c'est intéressant, c'est bien à lire). Au lieu de cracher, de vous moquer, qu'avez-vous à nous apprendre, à nous laisser, comme cadeau ? Vous y pensez à ça des fois ? Parfois, je les envoie au Diable, sucer des bites en enfer (je trouve cette phrase hilarante). C'est peut-être ça mon cadeau, vous montrer vos défenses. Je n'en sais rien. Je ne sais pas grand chose comme j'ai l'habitude de dire. De qui je parle ? D'eux bien sûr. J'ai une question à te poser mon chéri : que peux-tu m'apprendre sur moi que je n'arrive pas à voir ?

Franck,

très chastement, avec beaucoup de recul littéraire, je t'enlace, je t'embrasse et si tu veux, même s'ils sont ridicules et tout ce que tu veux qu'ils soient (moi ça m'est égal), je peux même rester ton amie. Là.

7

ANGELINE

13 août 2005

Rien de Rien......

(Il faut reconnaître que dans mon dernier texte je n’y ai pas été de main morte. Mais je crois que les vérités primordiales doivent se dire le plus brutalement possible, sans fioriture. Crûment. Dans le dénuement du mot, qui s’efface en se disant

Aujourd’hui, je dois aller plus loin. Encore.

Âmes sensibles s’abstenir.)

RIEN de RIEN

(Je le reconnais, c’est violent. A la limite du supportable. On assiste à une sorte de mise en abîme du Rien. Du rien en miroir. Ou rien ne se reflète. Jamais. L’impossible du Rien. Son effondrement. Certains remarqueront l’aspect érotique du Rien de Rien. Une copulation indécente de néant. Cela en devient presque pornographique. Ce sexe dressé de Rien devant (ou derrière, qui peux le savoir ?) cette vulve ouverte (ou fermée qui peut le savoir)de Rien. On sent bien ce va et vient, (pardon, ce va et Rien) dans les chairs vacantes du vide. Des sexes d’ailleurs interchangeables, et inversement. Des éjaculations de Rien, bavant des semences de Rien. Comme une affirmation de l’avènement des âges nouveaux. On craint pour leur progéniture. Mais cette lecture, il faut l’avouer, est superficielle. Car derrière ces bacchanales, ou saturnales, bref, cette coucherie, c’est bien de Dieu dont il est question. Un Dieu ramené à sa plus simple expression. Mais qui est sans conteste la plus belle. La plus définitive. Un dieu presque humain, et qui rend à chacun sa part d’innocente et de résurrection.)

Franck.

13 août 2005

Rien......

(Donc en lieu et place du texte prévu il n’y aura RIEN.
C’est un sujet assez polémique pour que tout le monde puisse s’exprimer. Je l’ai traité de façon assez minimaliste. J’ai apuré mon style. Par contre l’idée principale y est.)

RIEN

Franck.

12 août 2005

Lettre à la tristesse......

Pourtant elle était pudique. Timide. Un rien la faisait rosir. Quand je suis rentré il y avait ce petit mot : je suis à la rivière. Elle avait posé à coté du papier, un de ses petits bouquets dont elle avait le secret. Trois, quatre fleurs des champs minuscules liées par un brin d’herbe. J’ai dis ici combien ces bouquets étaient émouvants. Elle n’aimait pas les grandes fleurs prétentieuses des fleuristes. Elle, elle disait que les petites, les fragiles, celles que personne ne voulait, étaient encore plus jolie. Justement parce que personne n’en voulait. Elle me disait, regarde celle-ci, la jaune, regarde là, comme elle petite, fine, regarde tous les détails, sa tige, ses feuilles si petite. Et bien, tu vois, elle contient autant d’amour qu’une grosse. Je suis à la rivière. Elle avait rajouté : je t’aime et signé : Isabelle.
Derrière notre petite maison il y avait un grand champ d’herbe à fourrage. Au bout, la rivière, la Creuse, et quelques arbres. C’était l’été. Le début de l’été. Les premières grosses chaleurs. L’herbe du champ n’était pas trop haute. J’ai vu la trace de son passage, comme une sorte de coulée ombreuse et légère, qui avait juste froissé la prairie. J’ai préféré la rejoindre en passant derrière la haie, pour lui faire la surprise. Doucement, pour lui faire la surprise. Souvent elle me laissait des petits mots. Je suis passée voir untel ou unetelle…elle avait ses œuvres, les gens seuls. Ces vieux seuls. Qui épuise leurs derniers souffles dans une solitude écrasante. Nos campagnes en regorgent. Nos villes aussi. Elle, elle passait de temps à autre visiter celles qu’elle connaissait. J’ai été porter une part de gâteau à madame machin. Parfois sur le mot je lisais : je suis dans le salon, je t’attends, chut ! La misère lui perçait le cœur. Tu sais, ça fait deux ans que personne n’est venu la voir, même le boulanger ne passe plus pour lui amener du pain. Quand elle revenait, je voyais bien qu’elle avait pleuré. Alors elle se serrait contre moi, comme un oiseau blessé. Elle de disait rien. Je la sentais frémir, presque trembler. La misère lui perçait le cœur, la tendresse le lui faisait battre, la lumière éclairait ses yeux.
Ce n’était pas une sainte. Elle n’aimait pas cette idée. D’ailleurs les idées en générale, elle ne les aimait pas. Elle était toute en vibrations, en vacillements. Elle préférait les petits bouquets, et les part de gâteaux qu’elle offrait.
Pourtant elle était pudique. Il faisait derrière cette haie. J’avançais en faisant attention aux vipères, qui adoraient ces endroits. Elle ne pouvait pas me voir arriver.

Et puis, je l’ai aperçu. De loin. Je me suis arrêté. Mon cœur battait fort. Elle était dans la rivière. De l’eau jusqu’aux mollets. Nue. Entièrement nue. D’abord cette nudité, dans ce paysage m’est apparue incongrue. Je n’ai pas bougé. Je l’ai regardé. Comme un voleur. Comme une extase. Comme une offrande. Elle était dans un mélange d’ombres et de clartés. Elle semblait ne se soucier de rien. Elle se penchait de temps en temps pour s’asperger d’eau, qu’elle étalait avec douceur sur tout son corps. Tout son corps. Son corps si blanc dans cette verdure et cette eau d’ocre brun. Même lorsqu’elle passait ses mains sur ses seins, ses gestes gardaient leur innocence, même lorsqu’elle caressait ses cuisses. Peu à peu elle avançait dans le courant. Je pouvais voir les faibles remous autour de ses cuisses. Et puis elle s’est allonger entièrement dans l’eau. Elle se laissait porter par le courrant. Et puis elle s’est assise sur un rocher. L’eau venait s’écraser en douceur sur son ventre. Elle avait écarté les jambes comme si elle voulait que la rivière la pénètre, de sa vigueur fraîche. Elle était étonnante. Dans ces attitudes que je ne lui connaissais pas. Elle débordait d’une sensualité inconnue, nouvelle. Dans cette eau tendre, elle avait une grâce étincelante. Elle est sortie. S’est essuyé avec sa robe. Et s’est allongée au soleil. Elle passait ses mains sur sa poitrine. Elle caressait son ventre.. Elle s’attardait sur sa toison, la peignant de ses doigts légers. Rien ne pouvait l’atteindre. Il émanait d’elle une sérénité absolue. Même nue, au bout de ce champ, elle restait pudique. Même avec ses mains qui frôlaient son entrecuisse, elle restait pudique. Elle a fermé les yeux. Elle, s’est assoupie.

J’ai appelé, elle s’est lever. Elle n’a même pas essayé de cacher sa nudité. Elle m’a fait un signe de la main.
Tu sais, je t’ai vu dans la rivière. Elle a rougi. Tu étais si belle. Je ne pouvais pas rompre le charme. Alors, vient retournons-y ! Attends ! J’ai posé ma tête sur son ventre. Il était chaud. Vivant. Comme si jamais je n’avais senti quelque chose d’aussi vivant. Elle m’a dit : chut, pas ici, pas maintenant, tout à l’heure, chez-nous. Comme si mon désir était impudique. Oui, elle savait ces choses d’instinct.

Voilà, c’est tout ce que j’ai pu dire sur la tristesse. Tout à l’heure avant de commencer à écrire, nous parlions en messages instantanés. Je n’aime pas trop les messages instantanés. J’écris trop lentement pour ce truc. Un doigt. Un doigt, borgne qui plus est. Plus les touches de mon ordinateur qui répondent de plus en plus mal à mes sollicitations, plus ma dyslexie, plus ma dysorthographie (je cumul, oui). Et puis ma pensée se condense mal. Mais, bon… c’est mieux que rien. On parlait, je lui disais que je me sentais mal avec mon écriture, que souvent, trop souvent je n’étais pas entendu, dans ce que je disais. Et que cela me rendait triste.

Elle, l’Ange :" C'est ce que j'essaie de faire. En fait, c'est quelqu'un qui prend la parole, les autres ont horreur de quelqu'un qui prend LEUR parole. "

Et puis avant de partir elle me dit : " Et attend que la tristesse sorte. A moi de lui faire un sourire : l'accepter c'est mieux que de faire comme si on ne l'entendait pas. Et en tant qu'artiste, tu peux l'écrire, tu as le droit d'être TOUT dedans. L'écriture. Tu devrais lui écrire une lettre, à la tristesse. Peu de gens le font réellement. "

Alors voilà je devais faire une lettre à la tristesse. Et voilà ce que j’ai écrit. Ce souvenir de lumière et de sensualité douce, tendre, sucrés, délicieuse. C’est peut-être ça écrire à la tristesse, c’est lui dire la beauté des éclats du soleil sur un corps qui s’offre à lui. C’est l’eau d’une rivière sur les seins d’une Ophélie improvisée. Ecrire à la tristesse, c’est fermer les yeux et essayer de se souvenir de l’odeur de ce corps, de cette peau, de cette chair de poule, quand mon souffle l’effleurait. C’est cette poitrine large aux pointes durcies, ces fesses tendue vers ma main qui les frôle, et ce sexe broussailleux dévoilé à la bouche qui le boit. Ecrire à la tristesse…. C’est lui dire, aujourd’hui tu ne peux pas m’atteindre, parce que mon ange me protège, et que ma mémoire possède encore des coins d’ illuminations fulgurantes. Faits d’odeurs, de couleurs, de rivières et de chairs offertes sans l’ombre d’une impudeur. Comme un cadeau oublié sur le rebord d’une journée. Non, tu ne peux pas m’atteindre puisque dans mon âme gît une espérance irrésistible. Ecrire à la tristesse, c’est lui dire qu’elle ne peut pas tout broyer, puisque j’ai mes mots, comme des oriflammes. Et des rêves pour deux.
Mon Ange, aujourd’hui tu m’as fait à nouveau un présent, comme souvent. Cette tristesse flamboyante, qui ne peut plus se dire vraiment, puis que les mots même la trahisse. Et puisque je ne savais plus si je parlais d’elle ou de toi.

Alors oui, TOUT peut se dire, ici. Parce qu’on a ce pouvoir de dire, même la joie pour la tristesse. Oui, je suis triste, mon Ange, mais quelle joie de l’être si près de toi.

Franck.

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
J'irai marcher par-delà les nuages
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 167 959
Catégories
Pages
Publicité