Je fais des fautes.....
Je fais des fautes. Des fautes d’orthographe, de frappe. Mon clavier est usé, les touchent me trahissent. Je frappe avec un doigt et comme je n’y vois que d’un œil, je tape entre deux touches. Il faut rajouter à cela ma dyslexie et ma dysorthographie. Alors je fais des fautes. Partout, tout le temps. J’écris et je ne sais pas écrire. Je vis et je ne sais pas vivre. Je fais des fautes, de goût, de choix, des fautes d’existence, des fautes d’amour. Depuis tout petit je tape entre les touches de mon cœur et de mes rêves. Chez moi rien ne s’accorde. Ma grammaire de vie me trahit. Je ne vois rien, je ne comprends rien, ni les accords, ni les désaccords. Je conjugue à coté des temps, des modes. Ma vie est illisible, même pour moi, et mon correcteur d’orthographe n’y peut rien. Même le verbe aimer, qui pourtant est facile, je n’arrive pas à le conjuguer. A l’imparfait je me débrouille. Au passé ça va encore, mais au futur… Au futur je n’y arrive pas. Je mets toujours un « s » à « j’aimerais », comme si je voulais déjà être plusieurs, innombrables. Je t’aime, au présent je me trompe rarement, sauf si le clavier fait des sienne. Mais même lorsque j’écris sans faute on ne le remarque pas. Voila ma vie est illisible. On n’en voit plus l’histoire derrière toutes ces fautes, ces erreurs de syntaxes.
Le verbe avoir, c’est un calvaire : s’accorde, s’accorde pas, le COD avant, après. C’est bien simple je n’ai rien. A force de ne pas connaître ce verbe je n’ai plus rien. « Etre », c’est plus simple. Il y a ceux qui sont dans « l’avoir », et ceux qui sont dans « l’être ». Moi je suis dans l’être. Dans l’être plein de fautes. Mais j’y suis.
Alors pardonnez-moi si je vous livre cette vie, ces écrits, avec plein de fautes. Ce n’est pas vraiment de l’inattention. C’est ma vie qui est dyslexique. Je voudrais tellement écrire mieux, vivre mieux, aimer mieux, même au futur. Etre dans le bon temps, la bonne grammaire, où tout s’accorde, sans exceptions. Je voudrais pouvoir lui dire, je t’aime et je t’aimerai longtemps, sans faute de goût, sans faute de vie. En fait j’écris comme je vis dans le désordre des lettres. Comme si le vent passait dessus pour ébouriffer ma langue, comme si l’eau la noyait, comme si le sel la creusait afin qu’il n’en reste rien.
Faut-il arrêter d’écrire pour ça, arrêter de vivre, d’aimer, de rêver ? Faut-il toujours les bonnes règles au bon endroit ?
Je continuerais à écrire, avec mes fautes. Je continuerai à vivre avec mes fautes. Je continuerai à aimer celle(s) qui ne faut pas. Et j’aurai « zéro » à ma dictée, comme toujours. Et zéro, cela me convient, c’est juste la rencontre de deux infini. C’est juste là, où je veux être.
Pour l’attendre.
Franck.