Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
23 septembre 2006

Entre l'avant et l'après.....

Il y a un avant et il y a un après. Entre les deux, un grand champ de neige. Et l’écriture, blanche, sur la neige blanche. L’impossible inscription de l’instant. De l’eau sur de l’eau. Que savons-nous de ce que nous écrivons ? Si peu. A part ce mouvement qui remonte des viscères, qui roule sur le thorax, froisse les poumons, et qui vient s’effriter dans la bouche. Que savons-nous de ce que nous écrivons ? Rien. L’objet du texte invente le sujet. Ecrire pour maudire la parole. Invoquer le silence dans des phrases trop bruyantes. Parler est vain, se taire impossible. Vivre l’écriture entre les deux. Le grand champ de neige. Blanc. Et l’écriture trop blanche. Le pas de l’écriture s’enfonce. Tasse. Disparaît sousraquettes_trace le poids de son insistance. La phrase ne tient rien. Et je ne retiens plus la phrase. Elle m’entraîne dans le blanc.

L’anachorète a fait trois tas devant sa grotte. A droite il a posé ses gestes, tous ses gestes, toutes ses actions. A gauche, il a fait un tas de tous ses vêtements. Et au centre il a déposé sa parole. Toute sa parole. Tous les mots de sa langue, même son nom. Puis il est entré dans la grotte, il s’est assis. Il a fermé les yeux. Alors il n’y eut ni avant, ni après. Il n’eut plus à traverser le grand champ de neige. Il était la neige. Une et innombrable.

 

L’écriture tient les bords du temps.

 

 

ÐÑ

 

 

La vérité du mot c’est le silence qui le suit, la vérité de l’amour c’est le silence qui le précède. Car il nous faut conquérir l’âme du monde pour l’accomplir ou le brûler. Pour l’accomplir en le brûlant.

 

 

ÐÑ

 

Nul lieu ne nous attend.
Nul temps ne nous espère.
Nous sommes issus d'une fièvre ou d'une folie, nous sommes une trace qui s'épuise dans l'infini des cieux, une ivresse à la dérive, une note qui s'obstine, un rêve qui s'effiloche, un simple souvenir dans la mémoire des dieux.

 

 

ÐÑ

 

 

Ecrire conjure le vide.

C'est la tentative d'un dialogue avec sa part la plus irréductible, sans doute la plus douloureuse.
Il s'agit de côtoyer les ombres de les frôler, de les désigner de les ressusciter. Il faut rajouter quelque chose au vivre, soit pour le parfaire soit pour le refaire pour lui donner sa dimension de silence. De fièvre.
En fait, écrire nous dit l'ombre de nos actes, de nos paroles et le trou décelé dans l'écorce crevassée de nos vies démembrées.
Ecrire touche à la substance même de ce que nous ignorons.
Ce qui fut ignoré sera écrit
Ce qui n'a put être dit sera écrit
Ce qui n'a put être écouté sera écrit
Ce qui a été refusé sera écrit
Ce qui a été perdu sera écrit
Ce qui a été espéré sera écrit
Ce qui a été pleuré sera écrit
Ce qui a été sali sera écrit
Alors, alors seulement, ce qui aura été écrit sera chanté.

 

ÐÑ

 

neige_champs

Rejoindre un cœur est un voyage impossible. Rejoindre un cœur est une vraie folie, parce que les mots tombent, ils nous échappent et se brisent aussi facilement qu’un souvenir, ils ont besoins de toute notre attention pour rejoindre, à force de couleur, de musique, d’élan, une parole juste et attendue. Peut-être secourable.

L’amour court sur la lame d’un sabre, un mot trop lourd, trop pesant et c’est la blessure. La rosée qui l’abreuvait, qui le nourrissait, se transforme en sang, c’est ce qu’on appelle le sang du poète.

Le plus court chemin pour le mot c’est le baiser.

 

Combien de temps pourrais-je encore tenir les bords tranchants de l’écriture ?

Franck.

Publicité
Publicité
Commentaires
A
J'aime les baisers qui rejoignent les mots en passant sous l'arche!<br /> <br /> J'aime les sujets qui inventent leurs objets, et les objets qui se laissent inventer par des sujets aimants et aimantés.<br /> <br /> J'aime recueillir la lumière de la Présence, sur le bord des mots qui se brisent sur les lames des sabres et s'enfoncent sans bruit dans les sables de grandes plages ou de hautes dunes.<br /> <br /> J'aime la folie de ceux qui parcourent de longs chemins alors qu'un baiser peut tout résoudre.<br /> <br /> J'aime ceux qui frôlent et j'aime ceux qui touchent, j'aime ceux qui souffrent et peinent et ceux qui sourient dans leurs larmes.<br /> <br /> J'aime ceux qui s'arrachent sur le chemin d'inaccessibles étoiles ou galaxies.<br /> <br /> J'aime ceux qui suivent les traces dans la neige alors qu'elles s'effaceront trop vite.<br /> <br /> J'aime ceux qui s'obstinent, qui s'accrochent malgré tout ce qui peut filer entre leur doigts ou à travers leur coeur.
Répondre
F
Tel le lanceur de couteaux votre écriture est le verbe qui trouve sa cilble mais sans toutefois blesser.<br /> Vous souffler la flamme d'un language éclairé et j'en suis boulversée...
Répondre
L
Ecrire conjure le vide...écrire conjure le pire, écrire conjure la folie...<br /> écrire, écrire, écrire...après tout ?
Répondre
M
Vous aimez écrire? Venez donc nous rejoindre dans notre univers poètique sur :<br /> <br /> http://www.antre-lyre.com<br /> <br /> Sous la rubrique "Plumes" vous trouverez plusieurs auteurs et sous la rubrique "Atelier" un endroit pour déposer vos mots...<br /> <br /> Cordialement.
Répondre
A
et larmes<br /> <br /> espérance dans l'absence
Répondre
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
J'irai marcher par-delà les nuages
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 167 981
Catégories
Pages
Publicité