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J'irai marcher par-delà les nuages
13 décembre 2009

Une crique...

Il y eut les landes sauvages, et puis il y eut le rivage, et puis il y eut l'océan. Partir toujours et n'arriver jamais. On quitte les lieux, on quitte les autres, après, on se quitte soi-même. On ne se remet jamais de tous ces départs, de tous ces abandons. On vit dans un temps écrasé.

Ecrire est la longue énumération de ce temps défait. La liste des noms des absents. La liste des silences. Dénombrement. Démembrement. Inscription vaine et lumineuse. Ravauder sa solitude, jusqu'à l'épuisement, ou jusqu'à l'ivresse. Mais nous sommes trop lâches pour être assez désespéré. Trop faible pour nous arrêter ou nous taire. Inconstant dans notre attente. Traitre par oubli.

Le premier mot fut un cri. Et penser fut d'abord penser l'intolérable, l'inacceptable. Et le premier cri a suivi le premier effondrement. Et il est venu signer la première solitude. Et nous n'avons fait aucun progrès. De petits désirs pantelants, des ambitions sans exigence, des caprices concupiscents, quelques dieux pour nous distraire, et puis…et puis de longues indifférences.

Alors, écrire c'est encore s'égarer dans une enclave de temps. Une sorte de crique. On y accéderait que par le chemin escarpé de parole, par une voix transgressée, une voix méconnue, une voix étrangère à notre voix, par la muqueuse d’un monde que nous ne savons pas habiter. Ecrire serait appartenir à la terre sans y appartenir. Une crique ou une île sauvage. Quels sont les lieux inhabités en moi ? Quels sont les lieux escarpés ? Quelles sont les étendues dévastées ? On vient tous d'une humanité fracassée. Ecrire est sans issue. Peut-être quitter la crique par la mer, quitter l’île. La seule brèche se trouve dans le bercement et l'horizon. Et la solitude exténuante, caniculaire. Il y a là, un désir mortel. Inexplicablement mortel. Un point de violence abrupte, que l'écriture délie dans la coïncidence des temps. La brûlure des chairs. La brûlante patience des constellations. Ecrire c'est déjà la mort. On vit dans un temps écrasé. On écrit dans un temps sans limite. Puisque c'est déjà la mort.

Ecrire est sans savoir, et c'est ce qui défait les livres, ce renoncement à toute explication, et cette patience d'une parole crucifiée, béante. Une parole de nuit, avec le retour de l'abandon. Sans cesse le retour de l'abandon.
Ecrire est sans savoir. Un cri, et la face effarée par une peur qui ne dit pas son nom. Un silence l’accompagne, un long silence prémonitoire…

Franck

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6 décembre 2009

....

Une langue qui dit l’absence de la langue.

Une parole dépourvue

Evidée.

Un espace écartelé de temps.

Ne rien dire

Tenter de signifier, le reste, la trace

Le perdu

Sans fin le perdu

Et la mélancolie est la maladie du présent, et la mélancolie recouvre le silence d’un autre silence, et le corps se défait de sa chair.

Franck

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