Il faudra bien...
J’en vins à ne plus pouvoir lire ou relire le texte. Il y avait dans mon écriture quelque chose d’effrayant. A la fois moi et pas moi. Le texte me revenait par-delà le temps avec une sorte d’hostilité. Il portait une charge d’accusation, qui rendait la relecture impossible. Je sentais bien au fond de moi cette voix gisante. J’étais habité par un cadavre lourd, immobile, les yeux grand ouverts. Avec cette sensation éprouvante d’être lu par mes mots. Etrange expérience proche du vertige. Le temps qui passe nous couvre d’un long linceul. Quelque chose en nous s’englouti.
Attendre. Recommencer à attendre. Réapprendre la lenteur. Quelque chose en nous nous regarde en silence.
Au lieu de renoncer, je m’étais renié.
J’avais trahi ma solitude.
On veut croire au bonheur et l’on s’égare.
Je cherche le mot. L’épuisement. Voilà, l’épuisement, il faut être dans cet épuisement de la vie saturé de silence. Jusque dans les muscles. Je ne sais pas si j’aurais le courage d’atteindre la part la plus effondrée, la plus désolée de mon sang.
Il faudra bien….
Franck