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J'irai marcher par-delà les nuages
29 septembre 2013

Une étoile dans le coeur d'un enfant....

Il y a des beautés réelles tout en harmonie extérieure. Elles traversent notre regard et restent fixées à l'œil. Le temps de se dire, elle est belle, très belle. Et l'on passe son chemin, l'œil frisant la lumière. Elles sont comme ces fleurs de jardins. Belles, uniquement belles. Il y a dans ces beautés une arrogance qui pourrait blesser. Il y a dans cette évidence comme un passage de la mort. Une arme qui irait de l'œil au désir brutal. De l'œil au ventre et du ventre à l'oeil. Il y a dans ces beautés une violence. Une hauteur. Un dédain. Une distance infranchissable. Des beautés fixes, immobiles.
Et puis, il y a ces beautés traversées, comme le sont les révélations. Elles ont fait un voyage pour nous arriver, elles ont peiné. Elles portent autour des yeux le voile d'une pudeur. Ces beautés ne se savent pas elles-mêmes. Elles sont dans l'ignorance. Comme l'aurore qui ignore tout du temps, et des siècles. L'aurore, qui invente chaque aube. Il y a des visages de vérité, d'une exacte beauté. Des visages irrécusables, sculpter autour d'un sourire. Ces beautés nous parlent immédiatement. Elles touchent, par les reflets qu'elles provoquent, l'endroit le plus épuisé de l'âme. Ces beautés vous secourent, vous sauvent, ce ne sont pas des beautés de vitrines, elles n'ont pas d'artifice, elles sont toutes en droiture. La vie battante s'accroche à leurs yeux. Il y a dans ces beautés quelque chose qui appelle l'infini, et la caresse brûlante, ces caresses qui ne touchent pas les chairs, mais qui frôlent les constellations. Ce sont des beautés rares, des beautés insensées. Pétries de l'intérieur. L'émotion ourle leurs cils. Visages de musique. Visage de silence et de murmure. Beauté d'offrande. Qui sacre celui qu'elle effleure. Il y a dans ces beautés, plus que de la beauté, il y a un espace de prière. Il y a un ciel. Il y a des lendemains, des espérances, des promesses, des aveux. Il y des mondes qui tournoient, il y a des révolutions. Ce sont des beautés fragiles, faite de dentelles d'âme tendres. On les approche avec lenteur et elle ne vous quitte plus. Elles agrandissent quelque chose en vous.
Elle avait cette beauté simple, silencieuse et discrète. Elle était faite d'un seul souffle. D'une seule vérité. D'un seul élan. Elle faisait juste tinter la clarté autour d'elle. Elle était là, assise sur sa chaise faisant tourner la cuillère de son café. Elle était là, et j'ai vu la lumière l'envelopper, une lumière douce, faite de bleu et d'or, avec ce léger tremblement qui la faisait plus vivante encore. Il y a des beautés traversées, comme le sont les révélations. Elles ont fait un voyage pour vous arriver, elles ont peiné. Et elles sont là, frémissantes, vibrantes, comme peut l'être une étoile dans le cœur d'un enfant.


Vivaldi - Largo From Piccolo Concerto (Best... par MucoForever

Franck.

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28 septembre 2013

Une île....

Je suis une île infatigable.
Je suis une île qui attend son naufrage
Je suis une île que les marées écorchent.
Une île brûlée par les passions défuntes
Une île foudroyée par l'attente
Une île sans rivage
Sans horizon
Si nue que le soleil ne la regarde plus.
Qu'un silence trop lourd pourrait faire chavirer.
Je suis une île infatigable.

Franck.

21 septembre 2013

Rouge.....

Le rêve était rouge.
D'habitude je ne me souviens pas de mes rêves. Là, il était rouge. Un envahissement de rouge. Une chute de neige rouge. D'où me vient cette image ? La neige rouge. Où ai-je lu ça ? Ce rouge est incrusté dans l'électricité de ma tête. Et dans mon rêve tout était rouge, même la neige. Surtout la neige. Une avalanche de sang cotonneux. Une sorte de plumetis vermillon sur l'écarlate de l'horizon. Comme à l'intérieur d'un corps. Les yeux du rêve pris dans l'épaisseur d'une chair ouverte. Sentine perdue et vorace. Chair vorace. Rouge. Elle est là, dans le rêve rouge. Là. Déplaçant une ombre pourpre. Une ombre de velours pourpre. Grande tenture lourde et pourpre. Je devine à peine son visage. Mais je sais qu'elle est belle. Mon rêve le sait. Pas besoin d'un visage pour savoir la beauté des êtres. Mon rêve le sait. Ses lèvres comme une blessure. Elle saigne. Des mots. Une parole cramoisie qui brûle. Une neige de feu autour. Elle brûle. Je brûle. On est dans le rouge. Le rêve nous a mis dans le rouge. Pour nous protéger. C'est certain. Protéger de l'innocence. La neige crisse sous nos pas. Il fait froid. C'est l'hiver. Un hiver rouge. Nous marchons en silence. Il n'y a pas de destination. Il n'y a jamais de destination. Quand on arrive c'est toujours nulle part. Pourtant ce rêve est un mélange. Dans ce rouge il y a l'expression d'une violence abrupte et dans le même temps une plénitude immense, intense. Je traverse la couleur et c'est comme une symphonie. Comme si elle était une musique. Des milliers de notes de musique tombent. Rouges. Sur le tapis rouge. C'est comme un bonheur cette marche dans le rouge. Un bonheur. Elle est là, à côté. Dans son silence elle me parle. Je l'entends. Il y a une tremblance, c'est par-là que je l'entends. Par la tremblance. Cet ébranlement du monde autour. On est sur ce chemin de chair rouge. Dans l'envahissement du sang. Invulnérable. C'est la sensation du rêve. Invulnérable. Pourquoi ce rêve ? La première marche de l'arc-en-ciel. Je ne sais pas lire les rêves. Parfois je lis certains dessins des étoiles. Jamais les rêves. Alors pourquoi ce rêve rouge. Et cette marche vers nulle part avec ce sentiment d'accomplissement. Comme si le rouge devait me parler. Me dire un secret. Comme si s'était ma seule destination. Une fatalité. Un bonheur incarnat. Et dans ses yeux cette poudre de cinabre, et dans mon cœur érubescent les étoiles amarantes. Et dans ce ciel garance despromesses de roses. 

Franck.

14 septembre 2013

Arbre...

Il y a ce rêve, sans doute veut-il me parler. Me signifier.
Dans ce rêve il y a un arbre. Massif. Imposant, au bout d'une plaine perdue. Inconnue. Un arbre posé dans le repli de l'horizon.
Je ne me souviens jamais de mes rêves. Là, il y a un arbre. Presque trop grand. Immense. C'est un rêve d'arbre. Quelque chose tire mon écorce. Quelque chose tord ma chair rigide et filandreuse. L'arbre est isolé. Seul. Paysage dépeuplé. Sauf l'arbre. Dans sa lenteur à vivre. Dans sa difficulté à dire. Dans l'étirement engourdi de sa fibre.

Hors de sa forêt l'arbre ressemble à une tragédie. Une lente lutte résolue tricotant de l'éternité dans les mailles inconstantes et inexorables des saisons. Déborder sa chair. Mourir chaque année et déborder sa chair quand même. Puissance lente, fatale, traversée de toutes les fragilités. C'est un arbre posé au loin comme un vaisseau tendant sa voilure au ciel. Large voilure de verdure argentée.

Je ne sais dire de quel arbre il s'agit, c'est n'est pas un chêne, peut-être un orme. Le rêve ne le dit pas. Le tronc est gros, lourd, sculpté de profonds ourlets, d'épaisses plissures, de longues blessures écaillées de temps. Bourrelets de croûtes de sève coagulées. Dans le silence de la plaine l'arbre déborde ses fractures, ses balafres, et chaque saison trace sa marque, sa morsure. Les crocs du temps se plantent dans le bois qui se donne, qui s'offre et s'épuise, ce bois qui s'appuie sur ses effondrements et qui se redresse de ses propres défaites en tirant sur ses bras décharnés, en saisissant une portion de ciel ou en accrochant ses branches à quelques nuages compatissants. C'est un rêve d'arbre. C'est donc un rêve de solitude. De patience.

Dans le rêve, il a cette plaine de nulle part et cet arbre dressé dans son silence. Et cette impression de silence dans le rêve. Et ce silence, là maintenant à l'heure de l'écriture. Comme une puissance. Comme une désolation. Quelque chose de la vie qui se survit. Quelque chose de la mort qui persévère. Une mort assidue, endurante, calme. Infatigable. Minutieuse. Et seulement la ramure dans le vent. Et seulement cet élan languissant presque immobile, engourdi par le délaissement, et cette tension sans fin. Un épanchement.
Il y a l'arbre dans ce rêve et moi qui suis comme l'arbre. Peut-être dans l'arbre. On ne sait jamais dans les rêves. Je suis l'arbre pris dans mon écorce. Et le tourment de mes branches. Comme l'arbre dans son travail d'arbre, à chaque temps du temps, grandir, à chaque cadence, déborder un peu plus. S'étirer au plus bas, au plus profond, pour monter au plus haut, au plus large. Comme la folie d'une chimère déraisonnable. Folie que ce vouloir sourd et douloureux d'aller prendre le silence de la terre, et à force d'épuisement, et à force de débordement, en faire le chant du vent. Rêve. Extravagance. Égarement. Désossement des terres noires avec lenteur et constance, à travers chaque saison. Même les plus froides, même les plus chaudes, même celles que l'on oublie. De siècle en siècle. L'arbre solitaire est comme la nuit, il n'a pas de lieu, seulement l'éternité comme un danger. Il est un dieu déchu condamné au murmure et à la prière. Il est un dieu déchu qui défie encore les cieux, et la foudre. Et la foudre.
A chaque strie, un chapelet tremblant.
A chaque strie l'incision des jours.
A chaque strie l'arbre dans sa croissance s'éloigne de lui et fabrique l'ombre qui l'emportera.
Et chaque feuille est comme le déploiement d'un mot.
Et chaque feuille récite la vie de l'arbre depuis son début, depuis le premier humus, et
chaque feuille dans son vacarme de verdure prépare le long silence de l'hiver.
Et chaque feuille est comme un poème qui expire dans le vent. Lente symphonie du dépouillement et de la croissance. Lente symphonie de l'écriture qui se déploie sur chaque strie du temps comme un cœur qui bat, comme une stridence au centre des fibres ligneuses.

Il y a ce rêve, sans doute veut-il me parler. Me signifier.

Il y a l'arbre dans ce rêve et moi qui suis comme l'arbre. Un rêve de la permanence et du précaire, de l'éternité dans l'éphémère. Un rêve de lenteur, de pesanteur. Comme une puissance. Comme une désolation. Et chaque mot serré dans l'écorce craquelée, venu d'une sève lente. Si lente. Macération lente d'amour. De débordement des chairs du bois, dans cet étirement vertical. Le gras de la terre noire plein les cuisses et le sexe, et les bras nus tendus vers un baiser insensé. Amarre tenace et solide où s'ancrent les cieux.
Il y a dans chaque arbre solitaire quelque chose de l'amour qui se dit. Quelque chose du vertical et du lent. Comme une cathédrale. Comme un navire. L'arbre solitaire est toujours un arbre amoureux, toujours. C'est un prophète qui scrute le silence pour s'en faire de l'écorce.
Là, dans sa plaine sans nom, il dompte l'éternel, et invoque ce viendra bien après l'éternel.
Dans le rêve il y a l'arbre solitaire, droit, dans sa résistance, dans sa paix, dans sa présence pure, comme une grâce.

Chaque arbre dans son mûrissement d'écorce fabrique les saisons. Sa tension vers le ciel cherche une éternité, c'est pour cela que nous y gravons nos cœurs enlacés, pour inscrire nos âmes amoureuses dans la vie du temps.
De la terre, aux constellations.
Car les arbres parlent aux étoiles, les oiseaux et le vent ne s'y trompent pas. Chaque arbre est une passerelle pour les cieux, le plus court chemin vers l'infini.
Et lorsque nous posons notre main sur leurs troncs, dans l'échange des sangs, c'est la vie incorruptible que nous cherchons, c'est l'évidence d'une révélation. C'est l'instant brutal multiplié jusqu'à la fin des temps.
Les arbres ne meurent pas, c'est ce qu'ils nous apprennent lorsque nos lèvres se posent sur les oreilles de leur écorce. Un et innombrable. Comme une présence irréductible. Seule la foudre les fait faillir, ou la hache.
Les arbres sont faits d'attente patiente et de solitude déployée en saison, ils sont le chant des siècles et le reposoir des dieux.

Ecrire c'est faire de l'arbre. C'est mûrir sous l'écorce de la parole, la saison à venir. C'est faire du temps, dont les mots sont les graines. Ecrire, c'est faire de l'arbre, c'est réunir la terre et le ciel, en dépliant chaque mot avec la persévérance du bois, c'est étendre le texte en tronc, en branches, en ramures, et jusqu'aux feuilles, et jusqu'aux fleurs, et c'est tendre ses fruits en offrande.

Franck.

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