Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
31 décembre 2016

Pas à pas pas jusqu'au dernier...*

La bonté sera mon ultime courage.
Mon ultime défi.

Ne pas croire que la bonté nous arrive en premier, avec l’aisance d’une naissance, ou d’un printemps.
La bonté qui précède est sans saveur, elle n’a rien traversé qu’elle-même, elle n’a d’autre issue qu’elle-même, comment pourrait-elle rivaliser avec la bonté d’après, celle qui succède, celle qui se dérobe, celle qui aura traversée tant de nuit, tant de silence ?

La bonté redoutable est bien la dernière porte, celle qui ouvre sur les grandes moissons de l’âme et ciel.

La bonté est un achèvement, déjà un au-delà.

Car avant il nous faudra bien traverser l’effroyable de nos vies, de nos gestes, de nos pensées, de nos faiblesses. Il nous faudra bien traverser l’océan avant de devenir l’océan, et aller si loin avant d’aller profond.

L’écume des vagues ne dit rien des masses lourdes et insondables des abîmes océaniques. Ne confondez jamais la gentillesse et la bonté. La gentillesse restera toujours une complaisance, au pire, envers soi-même. Mais la bonté exigera un dépouillement absolu et violent.

La bonté nous vient d’une sauvagerie vaincue, enfin désarmée. Elle nous vient d’un épuisement du rouge du sang. C’est un feu au creux de l’océan.

Il me faudra bien du courage pour l’accueillir.

Car c’est un long voyage, une longue traversée. Il faut bien du courage pour arriver, pour aboutir, pour achever, pour supporter la longueur des temps, les errances, les égarements, les colères.

Il faudra bien du courage pour accomplir et pour aimer enfin.
Et brûler, brûler infiniment.

Franck.

* Titre emprunté à Louis-René Des Forêts

Publicité
Publicité
30 décembre 2016

L'éternel voyage...

Ce qui fait le voyage, le vrai voyage, c’est qu’il n’y a pas d’itinéraire, pas de retour. Le voyage est sans savoir, il se déploie et se défait dans le même pas, dans le même souffle.

Ce qui nous fascine dans la caravane du désert, ce qui nous saisit à la vue de ces caravaniers, c’est la lenteur de leur pas. Le pas glissant des chameaux, le pas patient du désert. Le caravanier ne va jamais nulle part, il ne fait que revenir. Lorsqu’on les voit au loin, ils reviennent, ils ne cessent de revenir, depuis toute éternité ils sont sur le retour, c’est cela qui fait l’étrangeté et la beauté du pas des caravaniers. Ils ne vont jamais nulle part, ils reviennent, avec lenteur et détermination, dans un silence de deuil, comme si le retour annonçait déjà la fin, comme si revenir était ne pas mourir, comme si revenir était la forme de la résurrection ultime.

Le temps est à l’image des caravaniers du désert, le futur est un passé jamais atteint, un passé toujours défait, nous revenons, nous ne cessons de revenir, de revenir infiniment.

Nous allons sans cesse tout au long de notre vie, comme un fleuve qui va vers la mort, nous allons devant nous, plus large et plus puissant toujours, mais toujours revenant, toujours renaissant.

Le voyageur est déjà une âme qui revient. Il n’y a pas d’avancée sans retour. Dans tout voyage une mort sommeille, sans cette mort pas de retour possible à la vie, sans cette mort, point d’éternité.

Franck

15 décembre 2016

Déluge...

Il y a toujours eu la mer, et le mouvement, et le souffle, et le regard qui s'abîme. Dans la contemplation des flots il y a le souvenir d'un déluge, d'un engloutissement, d'une catastrophe incommensurable. La mer nous menace toujours d'un trop long silence, d'une trop longue absence, et d'une mémoire tragique. Quand elle monte ses marées, quand elle revient vers nous, c'est pour nous désigner, c'est nos plaintes qu'on entend, dans les vagues qui meurent à nos pieds, elles redisent sans cesse le châtiment toujours possible, et que les dieux ne sont pas indulgents. Puis, lorsque la mer reflux, elle emporte avec elle nos lambeaux de vie défaite. Nos paroles s'ensevelissent, nos rêves se décomposent, il nous reste alors l'oubli comme seule  innocence, et l'ennui comme seule liturgie. Avec le reflux revient la nuit.

Nous n'écrivons jamais nos pensées, il y a si peu d'idées, si peu de pensées... nous écrivons nos peurs, et cette mémoire, et ce déluge d'avant. Écrire c'est faire pénitence d'un drame crépusculaire qui nous a précédé, et dont nous ne savons rien. Écrire c'est entendre l'océan traverser nos âmes, et unir un cri au lent mouvement des flots qui agitent nos chairs inquiètes. La mémoire de l'écrire nous menace toujours d'un trop long silence, d'une trop longue absence, et d'un déluge, d'un engloutissement, d'une catastrophe incommensurable. Écrire, c'est dire l'exil qui nous guette, et les tempêtes, et les vagues, et les cieux qui s'y noient.....

Franck

Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
J'irai marcher par-delà les nuages
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 167 982
Catégories
Pages
Publicité