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J'irai marcher par-delà les nuages
8 mai 2017

- 36 - Deux portes...

Puis il y a l’attente. L’attente et ses deux grands portails. Souvent, je les confonds. Je les connais, pourtant, je me trompe.
Souvent.
Dans l’attente, se présente deux portes.
La première ouvre sur un sourire, des retrouvailles. C’est l’attente pleine. Le sang bat plus vite. Le cœur se charge, s’embellit, se prépare. C’est un temps qui augmente. L’amoureux attend l’amoureuse. Les secondes tintent claires. Un ruisseau d’eau vive saute, sursaute, courant toujours plus vite vers le soleil. C’est un temps éclaboussé où ne surnage que l’écume bouillonnante de l’âme. Quelque chose en nous s’aiguise, s’allège, s’apprête. Nous sommes sur le point de partir. On est déjà parti. On ne s’appartient plus. On est déjà à l’autre. Ce n’est plus notre corps. C’est le sien que l’on touche, ce n’est plus nos paroles, mais ses lèvres que l’on boit, ce n’est plus de la soif, mais une eau fraiche qui mouille la peau. Ce ne sont plus les semailles, mais déjà la floraison. Le manque vient à manquer. C’est un temps de désordre joyeux, du vent sous les jupes des saules.
La deuxième porte. Celle qu’il ne faudrait jamais franchir. Pourtant… On est au cœur d’un temps dévasté, qui n’a plus de rives, plus d’horizon. Chaque seconde s’abreuve de notre sang. Les secondes sont noires parce que le sang est noir. Rien n’est douloureux, mais tout est lourd. Plat. Lourd. C’est un temps qui ne ressemble à rien, sinon à nous-mêmes, un reflet plat, délavé dans une glace fêlée. Un temps de chair molle où les organes s’affaissent, où la mémoire trahit. Rien ne bouge puisque tout a vécu, et que renaitre est un déchirement. Rien ne bouge dans cette ornière du temps. L’Autre n’a pas de visage, plus de souffle. L’Autre s’est perdu dans tous les autres. C’est un temps d’aveugle, sans réponse, puisque la question s’est diluée dans nos renoncements, dans nos lâchetés. Le manque s’ajoute au manque. Ainsi, le silence n’a plus de sens puisqu’il n’est plus offert.
Chaque matin, il nous faudrait sans trembler recommencer l’inévitable choix entre ces deux portes d’attente. Un peu comme on ouvre la fenêtre ou que l’on la laisse fermée. Souvent, je me trompe en laissant les vitres closes croyant me protéger de quelques courants d’air, du vent, qui pourrait m’apporter le chant d’un oiseau, la couleur d’un printemps, ou les rires des enfants. Les nouveaux amours voyagent par les airs, ils s’amusent du vent. Je devrais laisser ma fenêtre ouverte, plus souvent…

Franck.

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