- 49 - De grandes flaques...
On ne guérit pas de la disgrâce. Car c’est la maladie de la séparation, du désaccord. L’impossible retour à l’intérieur de son corps. Il y a dans la disgrâce l’irréparable détachement des temps, l’irréconciliable mouvement des chairs. La disgrâce tue l’attente plus surement que l’exil. Quelque chose nous quitte. Quelque chose de nous ne veut plus de nous. Il y a en soi des flaques d’absence, de grands marais aux boues sombres, et odorantes. La disgrâce est le mal qui atteint le silence au cœur de ses vibrations, au cœur de ses consonances. À la place, une irrémédiable immobilité. Vacuité de l’oubli. L’inespéré est l’ordre des choses. Ainsi, le fil des jours. Ainsi, la mort inatteignable. Un rendez-vous toujours manqué. Trop tard. C’est le nom de la disgrâce.
Franck.