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J'irai marcher par-delà les nuages
29 août 2017

- 114 - Longtemps... malgré les étoiles...

Longtemps. Dépouiller l’acte de toutes les arabesques du plaisir, de toutes les facilités, de toutes les passions, de toutes les excuses, de toutes les raisons, de toutes les déraisons. Le faire assez longtemps pour le dénuder de tout. De tout. Des justifications, des explications. Jusqu’à l’os. Au-delà de l’os. Être dans la lenteur progressive de cet échange, de cette clarification. Cette décantation de l’être. Comme l’acquittement d’une dette. Même si ce n’est pas une dette. Donner à l’acte la chance de la durée. Uniquement la durée. Tenter d’atteindre la constance de la mort. Fabriquer du temps, même vain, même insignifiant, surtout insignifiant. Cette patience renouvelée. S’appliquer à l’acte, au geste. Sans rien attendre en échange ni rémissions, ni miséricorde. Accepter, et s’appliquer. Même si cet entêtement est désespéré. Désespérant, même.
Dans chaque acte, dans chaque geste, il y a d’abord une partie friable, fragile, faible, cela s’appelle l’enthousiasme. Après cela se durcit. Cela s’appelle l’ennui. Tout commence là. À cet endroit dur de l’ennui. Notre endroit lâche, notre endroit inconstant, mou, indéterminé. C’est bien avec cela qu’il faut vivre.
Il n’y a là ni grandeur ni noblesse, dans cette usure du geste. Non ! Il n’y a rien, sinon l’affirmation et l’insistance de ne céder à rien. Tout acte prend sa dimension parce qu’un jour on consent à le faire, à le faire longtemps. Ainsi, le laboureur. Ainsi, le pèlerin. Ainsi, l’océan avec ses marées. Ainsi, l’attente amoureuse. Ainsi, la solitude. Ainsi, l’écriture.
Toute chose inutile faite longtemps allume une étoile ? Tout acte qui peu à peu nous vide, non parce qu’il nous dérobe, tout acte qui nous épuise parce qu’il réclame plus que lui-même, parce qu’il réclame notre substance, nous augmente ?
Le longtemps donne l’illusion du toujours et le toujours donne l’illusion de l’éternité. Illusion contre illusion. Qu’importe. Au bout du compte, il ne restera que l’os. Puis les cendres de l’os. Puis, rien. Malgré les étoiles. Il faut bien atteindre la mort avant qu’elle ne nous atteigne. Il faut bien être mort avant que l’on ne soit mort. Car on pourrait aimer en chemin, et tout s’aggraverait, inutilement. Malgré les étoiles. Malgré les baisers de cendres. Crâne contre crâne. Os contre os. Illusion contre illusion. Malgré les étoiles.

Franck.

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