Petit matin...

C’est au petit matin, dans le jour à peine naissant que les mystères les plus profonds se dénouent. Il ne faut pas croire que là, dans cet instant de dessillement, des vérités se dévoilent. Notre lucidité est la forme première de notre aveuglement. L’espérance est ce que nous laisse la nuit, l’illusion de nouveaux départs, de nouvelles certitudes. Le sens des choses n’est que le sens du temps qui s’épuise. Nous nous accommodons, tant bien que mal, de cet épuisement.

Franck.

Comments

[Franck Nicolas]

J’aime la façon dont vous exprimez votre sagesse. J’en aime la lucidité, j’en ressens la sérénité et le chemin parcouru… cela me fait penser à ces mots de René Char : « La réalité ne peut être franchie que soulevée. »

« goûtons le présent avec animalité », vous dites là, en quelques mots, l’essentiel avec force…

Il me reste encore des démons à vaincre… le réel m’écorche encore trop souvent…

[françoise]

espérer rêver épuisent comme attendre.. imaginer pour déstructurer le réel pour l'agrandir ou le mettre à notre taille, c'est peut être plus tranquille.... la mort je la sais, je ne la crains pas, je l'imagine comme un repos. on avance modifié mais on avance.. la fin sera... goûtons l'instant avec animalité... sans la connaissance, sans avenir.. je vous souris avec humilité

[Franck Nicolas]

Quelle que soient nos vies nous ne pouvons pas nous empêcher d'espérer ( un reliquat de la boite de Pandore). Et l'espérance prend toutes les formes. Dans nos instants de lucidité nous percevons la fatalité de notre fin, derrière toute réalité, il y a une vérité ultime. C'est celle-là que nous devons affronter dans le meilleur des cas en la sublimant, sans jamais l'occulter... L'art est là comme chemin, mais il ne nous garanti de rien... ni de l'échec, ni des incompréhensions, ni de la solitude.

Je ne connaissais pas cette phrase de Pessoa, mais elle dit bien ce que je ressens.

L'aveuglement, pour moi, fait référence à la nuit. Cette nuit obscure qu'évoque Saint Jean de la Croix, ou Quignard dans Abîmes ( je crois)... Nous sommes sans "savoir" et nous devons continuer à marcher... de cet absurde angoissant, il faut tirer des forces, parfois des joies... mais au fond, nous ne sommes jamais sûr de rien...

[françoise]

Faut-il marcher dans l'aveuglement et chuter sans cesse ? Peut-on mourir de ne plus espérer ?

" je gis ma vie " a écrit Pessoa dans le livre de l'intranquillité

votre texte pose question.