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J'irai marcher par-delà les nuages
26 décembre 2017

Retour manquant...

La fin ne dit jamais la fin.
La fin serait ce retour manquant.
Il nous manquera toujours ce récit, celui du retour manquant.
Le livre est sans doute cette tentative, écrire le récit qui manquera à jamais à notre vie.
Le début ne dit jamais le début.
Les récits du début sont troués.
Il manque toujours une histoire à notre histoire.

Franck.

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Commentaires
F
merci, je...<br /> <br /> ...............<br /> <br /> Vous êtes dans l'exaltation, dans la passion qui vous offre la légèreté d'être, infinie minutie... Elle dévore, épuise mais que c'est bon de la vivre et de l'offrir, de la partager.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis davantage dans cette phrase de Pessoa : " Tout m'intéresse; rien ne me retient. ". passante-je
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F
Évidemment Françoise, que vous n’êtes pas rien, nos échanges, ici, le prouvent à l’envi. L’humilité, la modestie, ce n’est pas rien…. Vos promenades, ces photos, cette poésie, ce regard, ce n’est pas rien. Vos questions, vos doutes, ce n’est pas rien. Ce n’est pas rien de donner à voir, et à approfondir le monde. Ce n’est pas rien de tenter de le repeindre avec des couleurs nouvelles, un regard d’aquarelle sur l’épaisseur des jours. Ce n’est pas rien cette transparence, cette lumière, cette intelligence de la lumière. Ce n’est pas rien la délicatesse. Ce n’est pas rien cette attention aux instants de la vie, cet angle pris par le regard de l’âme.<br /> <br /> Pour répondre à votre question sur le corps, je me rends compte que c’est une longue histoire. Naturellement, je fais partie de ceux qui vivent séparés, la tête d’un côté, le corps de l’autre. Naturellement la tête à pris peu à peu le pouvoir sur le corps. J’aurais pu compenser par des activités physiques, sportives ou autres, je ne l’ai pas fait. Lorsqu’écrire c’est imposé, je me suis vite rendu compte que pour moi, cette activité était autant physique qu’intellectuelle. Tout passait par mon corps. Je réalisais alors, que dans cet instant d’écrire j’étais complet. Que toute pensée, toute poésie devait d’abord traverser nos chairs, au sens littéral. Il est possible que l’incarnation des mots vienne de là, du voyage que je leur fais faire, ou plutôt de la marche qu’ils m’obligent à faire. <br /> <br /> Depuis je poursuis cette idée que l’écriture est aussi une aventure corporelle. Que cette aventure corporelle est de surcroît nécessaire. Un jour, une amie m’a dit « Franck, si tu veux écrire, commence le matin par un bon petit déjeuner, on a besoin de force pour écrire. ». J’ai aimé cette façon prosaïque de démystifier le geste de l’écriture, de le rendre moins éthéré, plus concret, plus ancré en nous, de lui donner sa dimension complète, sa densité.<br /> <br /> Au fond, je ne comprends les choses du monde que dans cette affection du corps. Les émotions me traversent, et ma tête est rarement au rendez-vous. Certes, elle semble avoir le contrôle, mais la vérité tient dans la sensation physique. Si je voulais formuler de façon radicale et provocatrice je dirais que la poésie c’est du muscle, de l’os. Les mots ne viennent pas de notre esprit, ils viennent du corps qui s’arcboute contre le monde, les choses, les événements, les sollicitations, ou qui accompagnent chacun de ces impacts. Vous comprenez alors, la métaphore du laboureur arcbouté sur sa charrue. Le monde m’épuise, parce qu’il épuise mes chairs. Que la seule façon de me délivrer du poids des choses c’est tenter de les dire, ou de les écrire. J’ai toujours été fascine par ce livre de Simone Weil, « la pesanteur et la grâce », rien que dans le titre j’y retrouvais mes tiraillements premiers. La pesanteur et la grâce, voilà mon équation à mille inconnues. Sans doute que dans ce titre le mot le plus important est « et », toute la difficulté tient dans ce « et ». Il n’y a pas de choix à faire, il nous faut vivre les deux ensembles.<br /> <br /> Nous sommes donc, des funambules maladroits, marchant au-dessus de deux néants, et pour balancier, la pesanteur dans la main droite, la grâce dans la main gauche.<br /> <br /> Vos compliments me touchent profondément. Et au bout du compte, je pense que votre rapport au monde est plus équilibré que le mien. Vous n’êtes pas en lutte. Comme vous le dites, vous êtes dans le paysage, et cela est un vrai savoir-vivre, c’est un vrai talent pour la vie. Je crois que j’en suis loin. Que cette distance, cette incapacité à me dissoudre m’est parfois douloureuse. Cette phrase de Pessoa dit très bien l’expérience que vous vivez lors de vos promenades. Merci, Françoise pour ce partage.<br /> <br /> Encore merci de votre regard et de lumière que vous posez ici.<br /> <br /> Belle soirée Françoise.
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F
"Formuler, reformuler, dire, redire avec d’autres mots, observer, ressentir à travers la mastication d’un mot la couleur d’une nouvelle vérité, user de tous les stratagèmes pour faire surgir l’insu, le neuf, le clair, le lumineux": une jolie définition d'une démarche artistique.... ( je suis encore à lire vos écrits) <br /> <br /> sourire.
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F
Bonjour Françoise (à mon tour de me permettre) <br /> <br /> <br /> <br /> Votre commentaire pose énormément de questions et de bonnes questions. Je ne sais comment y répondre simplement. Vos interrogations sont évidemment légitimes, je les entends et je crois les comprendre. La vie d’une façon générale, notre vie plus particulièrement nous questionne tous, plus ou moins. Il y a là, une sorte de mystère, la condition humaine reste une énigme, bien que nombre d’auteurs, penseurs, philosophes, poètes aient tenté d’effleurer des réponses. Quel que soit le cheminement de l’espèce, nous sentons bien la dimension singulière, intime, individuelle de ces questions. Comme s’il nous était demandé à chacun d’y apporter sinon sa propre réponse du moins sa pierre personnelle. S’il existait « une » réponse, je pense que nous l’aurions trouvée. L’énigme et le mystère restent donc entiers. Il le restera sans doute encore longtemps. Pourtant depuis quelques millénaires les choses ont bougé, évolué, se sont transformées. L’énigme est là, mais elle change de forme, elle se ressent différemment dans la perpétuelle transformation des générations.<br /> <br /> Vous l’aurez compris, vous qui me lisez, j’ai fait de l’écriture une sorte de sujet qui contient tous les autres. Je m’y adonne jusqu’à l’obsession, jusqu’à l’épuisement, sans doute jusqu’à l’étouffement. J’aurais pu prendre d’autres chemins. C’est celui-ci qui s’est imposé. Et j’y ai consenti. Au moment de ce geste se condensent en moi mille choses, le corps, la pensée, l’émotion, l’abandon, la respiration. Alors, avec entêtement j’avance, sans rien vouloir plus, que ce geste qui se déroule, et en espérant toujours être surpris, étonné, par une formulation, une résonnance, un tintement particulier. Formuler, reformuler, dire, redire avec d’autres mots, observer, ressentir à travers la mastication d’un mot la couleur d’une nouvelle vérité, user de tous les stratagèmes pour faire surgir l’insu, le neuf, le clair, le lumineux. L’ellipse, l’accumulation, le paradoxe, métaphore, analogie, tous se qui serait un contrepied à l’évidence, ou tout ce qui serait caché sous la banalité des heures. Évidemment parfois je réussis, le plus souvent la réussite est moins nette. Souvent j’échoue. Alors, je recommence.<br /> <br /> Pour mieux vous expliquer, il faut que je refasse un retour en arrière (vous connaissez ma prédilection sur l’image du « retour », j’y reviendrais sûrement). Je suis depuis l’enfance dyslexique et dysorthographique, tout ce qui touche à la lecture et à l’écriture m’est difficile, voire douloureux. Pourtant j’ai passé ma vie à lire et à tenter d’écrire. J’aurais pu choisir d’autres voies, mais c’est ces voies que j’ai choisies. Lire m’est difficile, je suis infiniment lent, écrire m’est difficile, je n’ai aucune aisance, je suis donc un laborieux, à l’instar du laboureur et de son champ, de ses sillons et de sa récolte. Certes, il dut y avoir un certain masochisme au départ, ou un instinct qui déborda mon désir. Un instinct qui me fit affronter le courant en le remontant. De ce manque d’aisance est apparue une sensation diffuse, mais très prégnante, je la nomme la « gravité ». Rien en moi ne fut léger.<br /> <br /> J’aime cette phrase de Quignard « Sans solitude, sans épreuve du temps, sans passion du silence, sans excitation et rétention de tout le corps, sans titubation dans la peur, sans errance dans quelque chose d’ombreux et d’invisible, sans mémoire de l’animalité, sans mélancolie, sans esseulement dans la mélancolie, il n’y a pas de joie. » Je me sens bien dans ces mots. Évidemment ce programme nous semble exigeant, peut-être exagéré, pour beaucoup il sonnera faux, inutile, vain. Évidemment un tel programme ne peut être donné comme l’universelle voie à prendre. Mais vous comprendrez combien il raisonne en moi. Car ne nous y trompons pas, il s’agit de la joie. De la joie et des chemins qui peuvent y mener.<br /> <br /> Nous sommes « nature » en effet, et Quignard ne l’oublie pas, mais pas que. Nous sommes aussi Petit Poucet. J’aime ce petit bonhomme, qui nous transmet une clé parmi le trousseau immense que nous avons à notre disposition. Il va être abandonné dans les bois, mais son instinct lui fait semer des cailloux pour baliser son chemin. Ce sont les cailloux qui le sauveront, lui et les siens. Cailloux du « retour », cailloux de la mémoire. La cure psychanalytique est un peu similaire. Nous remontons notre mémoire. Caillou après caillou. Et la libération viendra de là, de cette remontée de cette reconnaissance de chacun de nos cailloux. Ainsi les saumons qui reviennent, ils reviennent après avoir travers les océans, ils reviennent à l’endroit du début pour multiplier les temps et les générations.<br /> <br /> Nous sommes d’un début et d’une fin. Pourtant nous ne connaissons vraiment ni l’un ni l’autre. Chercher à comprendre, à savoir, ne veut pas dire trouver. Cela veut peut-être dire ne pas renoncer.<br /> <br /> Vous vous souvenez de Guillaumet perdu dans les Andes : « Ce qui sauve c’est de faire un pas. Encore un pas. C’est toujours le même pas que l’on recommence… »<br /> <br /> Pourquoi écrire ? Sans doute pour retrouver une fraternité. Se sentir intensément d’une humanité. Décortiquer l’intime c’est aussi tenter de retrouver une universalité, une appartenance. Parfois cela nous porte, et cette joie douloureuse nous enveloppe et nous réjouit, parfois nous échouons, alors nous sommes orphelins. Le geste se dénude et nous abandonne.<br /> <br /> René Alleau disait : « Le livre scellé de l’univers ne se laisse pas lire à haute voix. La nature fuit le viol de l’évidence : elle n’a confié ses mystères qu’aux murmures et à la pénombre. Ses paysages ne révèlent leurs profondeurs qu’à l’aube ou au crépuscule, à travers des vapeurs ou des brumes. Savoir n’est pas connaître ; c’est savourer ce que l’on entrevoit à mi-chemin. La réalité n’exige pas que nous la réduisions aux limites de notre pensée : elle nous invite plutôt à nous fondre dans l’absence des siennes. Ainsi, la parole toujours voilée du symbole peut-elle nous garder de la pire erreur : celle de la découverte d’un sens définitif et ultime des choses et des êtres. Car personne ne se trompe autant que celui qui connaît toutes les réponses, sinon, peut-être, celui qui n’en connaît qu’une seule. »<br /> <br /> Il nous faut donc avancer dans ces brumes, dans cette pénombre, souvent c’est la nuit. Il nous faut donc continuer.<br /> <br /> Pour moi écrire n’est pas la « neutralisation des sens », mais au contraire, essayer de remettre mon corps au centre de ma vie. De retrouver une respiration. Un souffle. C’est aiguiser ma vue, les sensations qui me traversent. La pensée n’est rien, en tous les cas je connais les limites de la mienne.<br /> <br /> J’aime la façon dont employez le mot « animal », déjà je l’avais relevé dans un de vos précédant commentaires. J’entends ce que vous me dites. Et je vous sais chanceuse d’être si proche de cette « animalité ». C’est un bien précieux. Sans doute en suis-je loin. Ma conscience est faite de mille temps ; passée, présent, futur. Parfois ces temps se mélangent. Parfois ils m’écrasent. « La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil », nous offrait René Char. Je m’essaye à cette lucidité, chargé de mes doutes, de mes faiblesses, de mes errances.<br /> <br /> Si parfois dans mes textes j’affirme, ce n’est pas par certitude d’un savoir. C’est la forme que j’ai trouvée pour unir et l’orgueil et l’humilité, le fort et le fragile.<br /> <br /> Notre but est semblable, vous cherchez « l’unité », je pense faire la même chose. L’unité, la cohérence, l’authenticité. Cette de vérité irréductible qui nous fonde, nous donne ce sentiment d’être là, de ce monde, de cette humanité. Chercher le sens, ne veut pas dire le trouver, l’espérer ne veut pas dire sa possible découverte. Chercher, c'est simplement chercher ; que dans ce mouvement de recherche se tient notre part d’espérance. Vous voyez, les voies sont différentes sans être vraiment opposées.<br /> <br /> Votre chemin est très certainement plus apaisé, moins inquiet que le mien. Vous êtes plus sage. « Savoir n’est pas connaître ». Quoiqu’il soit « La réalité ne peut être franchie que soulevée. » Suggère toujours René Char. Soulever reste un défi. Et chaque jour le reprendre et le pousser plus loin.<br /> <br /> Pourquoi ? Il n’y a pas vraiment de réponse là. Il nous faut parfois vouloir se survivre. Les formes de l’entêtement prennent parfois de singuliers atours : « Sans appui et avec appui,/ sans lumière en l’obscur vivant,/ tout entier me vais consumant. » <br /> <br /> Je ne sais s’il nous faut chercher à être compris ou lus. Nous ne sommes indemnes de rien, la conséquence de multiple choix plus ou moins juste ou assurés. « Savoir, c’est s’avoir », m’a dit il y a longtemps quelqu’un de bienveillant. Cela relativise toute prétention à des connaissances toujours insuffisantes.<br /> <br /> « Si tu veux tracer un sillon droit, accroche ton char à une étoile ». Malgré les apparences, cela reste toujours mon actualité.<br /> <br /> Je vous souhaite un très bon chemin dans « L’entretien infini ». La lenteur me semble la bonne mesure et la bonne vitesse. Il est un chemin rocailleux vers la joie.<br /> <br /> À très bientôt Françoise et encore merci pour vos passages ici.
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F
Bonjour Franck, ( je me permets)<br /> <br /> La fin c'est parfois dit : la chute.. Dans une poésie c'est la révélation; le sel... l'intense<br /> <br /> Le début c'est l'introduction en ce qui existe déjà. C'est le cercle, infini mouvement, sur soi. Roule-t-on ainsi vers mais vers qui....... Ecrire c'est aller peut être de l'intérieur du cercle vers, mais vers quoi puisque souvent nous ne sommes pas compris ou pas même lus. Et si c'est aller en soi au plus profond pourquoi l'écrire..<br /> <br /> Le monde est si vaste, l'homme qui tient le livre si petit.. le livre qui se livre... l'enseignement... l'homme à trop penser à trop dire a peut être oublié qu'il était nature.... Et si tous ces écrits de ces maîtres à penser étaient des postulats erronés qui avaient simplement neutralisés les sens... J'aimerais oublier le si peu de connaissances que je possède malgré moi et cheminer animale juste pour boire l'instant avec... juste l'instant... sans le structurer par la pensée...sentir mon appartenance originelle..comme un respir. recréer en moi l'unité...<br /> <br /> Ps : je viens de commencer " L'entretien infini ".. je vais cheminer lentement..
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