Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
29 décembre 2017

Avant la chair...

Dans l’amour, il y a un temps avant les corps, avant la chair, il y a une aurore pâle qui monte.
Dans l’amour, avant la chair il y a cette tremblance de la lumière, cette torsion du temps.
Dans l’amour, avant les corps, avant la chair, cela commence par un élargissement ; la ville, les arbres, les montagnes, la mer, l’espace. Cela commence aussi, par une urgence, une attente lente. Sourde. Au départ il n’y a rien qui ne trace cette attente, ni forme, ni visage. Simplement l’attente.
Une ignorance qui ne sait pas qu’elle s’ignore.
C’est la première forme du manque.
L’attente est l’ombre qui nous devance sans cesse ; le manque, le soleil qui la projette devant nos pas.
Dans l’amour, avant les corps, il y a le manque des corps. Avant la chair, il y a le manque de la chair.
Le manque est une contrée déserte, effondrée. Elle est inhabitable, pourtant chaque heure elle grandit un peu plus en nous. Dans l’amour, elle est notre unique chemin. Chemin de croix, au bout duquel la chair sacrée s’incarne.
Le manque est une promesse jamais tenue. Nous y croyons pourtant, puisque ne pas y croire serait mourir. Car l’espace s’agrandit sans cesse, reculant la frontière du désir, embrasant chaque parcelle de temps. Dans le manque la chair échappe à la chair. Elle s’efface devant le désir. On ne pourrait dire si cet effacement nous sauve ou nous tue.
L’attente se nourrit de l’attente, du manque fleuri du manque.
Nous venons d’un paradis, depuis ce jour le manque est notre seule canne blanche.

Franck.

Publicité
Publicité
Commentaires
F
Bonjour Françoise, <br /> <br /> Avant tout, je n’utilise pas de pseudo. Cela serait terriblement contradictoire avec ce que je tente de faire ici. Si vous aimez la première phrase, alors cela est suffisant. Si une phrase est sauvée, l’ensemble l’est. Dans l’attente il y a toujours deux portes, la première ouvre sur la pesanteur, la seconde ouvre sur la grâce (pour faire suite à une précédente réponse). Parfois, les impressions se mêlent, souvent il nous faut traverser des épreuves… dans l’attente il y a toujours une densité, une épaisseur, un temps lourd qu’il nous faut affronter… Nous nous connaissons mieux dans l’attente, les désirs qui s’y frottent peuvent y prendre leurs formes, leur ampleur, leur envol. Les émotions humaines sont parfois étranges et contradictoires, elles ont l’apparence des contes de l’enfance, les sorcières y côtoient les fées…<br /> <br /> Je ne connais pas Ludovic Degroote, je trouve plein de vérités dans la phrase que citez ; l’intime, le privé, l’écart des mutuelles perceptions, tout cela est très juste.<br /> <br /> Mais je préfère votre phrase : « Écrire c'est laisser les mots ricocher au hasard des rencontres et c'est souvent perturbant... »<br /> <br /> Écrire est perturbant, lire est perturbant, nous faisons ces choses-là, parce que justement c’est perturbant… Il est des âmes inquiètes, qui ne fuient pas l’inquiétude, mais qui s’en nourrissent. L’intranquillité a ses lumières, ses chemins, ses sous-bois, ses talus, et ses fleurs de talus.<br /> <br /> Je crois percevoir le « à demi-mot » de votre commentaire ; écrire, peindre, photographier, permet de fracturer le réel, dans cette fissure passent de singulières choses, chacun, pour peu qu’il soit sensible au regard, au geste déployé, y trouvera la parcelle d’une vérité fugace… c’est déjà ça : une vérité fugace… approfondir son émotion n’est pas être complaisant avec soi, c’est sans doute aggraver sa vie…<br /> <br /> Bonne fin de journée Françoise.
Répondre
F
bonjour Franck ( c'est peut être un pseudo), J'aime beaucoup la première phrase.. Elle est comme la première lueur du jour qui se lève, c'est le meilleur moment pour le tout possible, l'émotion ( en photographie). Il ne faut pas se satisfaire de l'attente, elle n'est pas la vie que si c'est un germe et ainsi elle est exaltation.<br /> <br /> aimer, est chose rare, c' est un besoin de vivre :amour admiration respect chair et désir mêlés.<br /> <br /> puis, je vais dériver un peu de votre texte, si peu..<br /> <br /> J'aime beaucoup le recueil de Ludovic Degroote ( que je ne vous conseille pas, sourire) : "Langue trou " , je vous en cite un passage : "nous croyons parler de l'intime comme d'une réalité commune alors qu'il diffère et varie selon chaque personne; cette forme de nudité ne relève pas nécessairement du corps- le plus intime pour moi n'est pas forcément de te montrer ce que par convention on appelle mon intimité ou que tu joues avec mon corps, dès lors que j'y consens: beaucoup confondent l'intime et le privé; ce qui m'est le plus intime, je le garde pour moi, qui sait s'il ne te semblerait pas superficiel ou dérisoire. "<br /> <br /> Pour l'amour, il en est de même, c'est un espace qu'on ne partage qu'avec l'être aimé et souvent sans mot...parfois les mots écrits emportent l'esprit vers l'idée seule de la chair qui vite se consomme car vite se dégrade. l'amour, au plus profond c'est autre chose. Hier, j'ai publié cet article: " Monsieur, si peu, ma joue, sur la peau de vos silences..".. Il n'y avait pour moi qu'un sentiment d'une joue apaisante presque tendre.. Mais le Monsieur, que j'ai glissé, a emporté les lecteurs dans leurs propres fantasmes ou réalités... Quand il ne s'agissait pour moi qu'une douce présence.. troublante, peut être.. à mon insu ou pas, qui sait.. moi.. Ecrire c'est laisser les mots ricocher au hasard des rencontres et c'est souvent perturbant...<br /> <br /> Mon commentaire est discontinuité comme la pierre sur l'eau, le matin, quand survient le soleil qui d'un seul rayon illumine le brin d'herbe, l'infime...( sourire...)
Répondre
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
J'irai marcher par-delà les nuages
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 167 958
Catégories
Pages
Publicité