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J'irai marcher par-delà les nuages
8 juillet 2018

Lettre N° 18 - Une étoile dans le coeur d'un enfant...

Mon Amour,

Hier, tu t’es assoupie. Ton corps abandonné sur le lit défait avait une grâce presque irréelle. J’en ai eu les larmes aux yeux. Je t’ai contemplé avec ce fol espoir que cet instant pourrait durer une vie. Ta beauté me rend meilleur mon amour. Comme l’art, comme ce pacte entre nous, cette idée insensée de nous écrire, de rajouter les mots à la chair, aux rires, aux silences, à nos jeux.
Au tout début, j’ai cru que je n’y arriverai pas. Mais chaque jour tes lettres arrivaient. Chacune d’elle me semblait un navire du bout des mers, un navire d’audaces, chargé de promesses.
Alors j’ai su qu’aimer ou écrire était le même mouvement, le même chant, la même densité. À mon tour j’ai écrit, chaque jour, comme toi, et j’ai connu ce chemin des profondeurs, et des révélations sublimes, car il ne s’agissait pas de dire, de raconter, mais de signifier. D’aller prendre en soi ce qui n’avait jamais été dit, pensé, ressenti. Comme si s’écrire était bâtir l’église de notre amour.
Tu m’as fait ce don, le don de l’écart et de l’attention, cette navigation intérieure qui couronne le désir.
Tu t’es assoupie, et mon être fut envahi de ta beauté. Elle semblait définitive.

Tu sais, il y a des beautés réelles tout en harmonies extérieures, ces beautés bruyantes. Elles transpercent notre regard et restent fixées à l'œil. Le temps de se dire, elle est belle, très belle. Alors l'on passe son chemin, l'œil frisant la lumière. Elles sont comme ces fleurs de jardin. Belles, uniquement belles. Il y a dans ces beautés une arrogance qui pourrait blesser. Il y a dans cette évidence comme un passage de la mort. Une arme qui irait de l'œil au désir brutal. De l'œil au ventre et du ventre à l'œil. Il y a dans ces beautés une violence. Une hauteur. Un dédain. Une distance infranchissable. Des beautés fixes, immobiles.

Puis, il y a ces beautés traversées, comme le sont les révélations. Elles ont fait un voyage pour nous arriver, elles ont peiné. Elles portent autour des yeux le voile d'une pudeur. Ces beautés ne se savent pas elles-mêmes. Elles sont dans l'ignorance. Comme l'aurore qui ignore tout du temps, et des siècles. L'aurore, qui invente chaque aube. Il y a des visages de vérité, d'une exacte beauté. Des visages irrécusables, sculptés autour d'un sourire. Ces beautés nous parlent immédiatement. Elles touchent, par les reflets qu'elles provoquent à l'endroit le plus épuisé de l'âme.
Ces beautés nous secourent, nous sauvent, ce ne sont pas des beautés de vitrines, elles n'ont pas d'artifice, elles sont toutes en droiture. La vie battante s'accroche à leurs yeux. Il y a dans ces beautés quelque chose qui appelle l'infini, la caresse brûlante, ces caresses qui ne touchent pas les chairs, mais qui frôlent les constellations. Ce sont des beautés rares, des beautés insensées. Pétries de l'intérieur. L'émotion ourle leurs cils. Visages de musique. Visage de silence, de murmure. Beauté d'offrande. Qui sacre celui qu'elle effleure. Il y a dans ces beautés, plus que de la beauté, il y a un espace de prière. Il y a un ciel. Il y a des lendemains, des espérances, des promesses, des aveux. Il y des mondes qui tournoient, il y a des révolutions. Ce sont des beautés fragiles, faites de dentelles d'âme tendres. On les approche avec lenteur et elle ne vous quitte plus. Elles agrandissent quelque chose en vous.

Tu as cette beauté simple, silencieuse et discrète. Tu es faite d'un seul souffle. D'une seule vérité. D'un seul élan. Tu fais tinter la clarté autour de toi.
Tu étais là, absorbée par le repos, comme déposée dans l’ombre pour la faire rayonner. Calme, débarrassée du temps et de l’espace. Ta respiration était lente, parfois un frémissement imperceptible caressait ton ventre ou tes cuisses. À quoi rêvais-tu mon amour ?   

Tu étais là, et j'ai bien vu la lumière t'envelopper, une lumière douce, faite de bleu et d'or, avec ce léger tremblement qui te faisait plus vivante encore.
Il y a des beautés traversées, comme le sont les révélations. Elles ont fait un voyage pour nous arriver, elles ont peiné. Puis elles sont là, frissonnantes, vibrantes, comme peut l'être une étoile dans le cœur d'un enfant.

Franck.

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