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J'irai marcher par-delà les nuages
10 mars 2019

Lettre N° 99 – A l’heure exacte de nous-mêmes…

Mon Amour,

 

Ce fut  une belle journée, avec les mouvements amples d’une houle alanguie, assagie.
Je suis toujours fasciné par tes mouvements, tes gestes. Tu circules dans la lumière avec une telle élégance. Si légère, si dansante, si libre. Tes phrases semblent s’enrouler à ton corps, en prendre d’abord la grâce. Tu parles juste, puisque ton corps sonne juste.
En ce début de printemps, il faisait beau.
…………………………
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Il y a un moment où les peaux se rencontrent. Il y a un endroit du jour qui fait comme un vertige. Où la lumière s'absorbe. On est dans l'absence de soi. Dans le silence de sa raison. Juste dans le vertige des peaux, des corps. Des souffles. Comme si l'on versait vers une fatalité ou que le réel s'accordéonait dans la stridence d'une harmonie désaccordée. Le soufflet de l'instrument s'écrase sur lui-même comme deux corps qui se rejoignent. Avec le souffle et cette respiration de fin du monde. Et cette aspiration qui brûle les entrailles. Précipitation des gestes qui cherchent l'octave, d'une symphonie inachevable. Suspension. Temps d'urgence suspendu. Accrochée aux quatre clous du destin. Juste un vertige. Quand la chair se frotte contre la chair. Juste à l'endroit du désir. Et l'abandon qui cascade et ricoche sur tous les os. Il y a des heures à angles droits. Qui sonnent dans l'aigu. Un temps qui sacre d'un poids trop lourd les battements du cœur. Comme si le passé accourait telle une meute affamée, se partager la dépouille d'un présent qui se terre entre deux caresses maladroites. Temps des proies où les ombres se lèvent en même temps et courent en tous sens dans la maison du cœur ouverte à tous les vents, la maison que vous venez de déserter. C'est un moment de vent, de tempêtes, c'est un moment de landes, qui appelle au grand rassemblement de nos fantômes silencieux, qui passent et repassent entre la paupière et l'œil, juste derrière le regard. 
De quel amour es-tu, mon amour ? D'où vient ce vent qui brasse nos chairs ? D'où viennent l'attente et ce dénouement qui s'effondre ? Comme les cartes de ce château....
D'où vient cette mort étrange qui ricane dans un coin attendant son tour pour se repaître des rêves perdus et des pleurs venus avec le crépuscule ?
C'est bien au cœur de cet effondrement qu'il faudra se relever. C'est bien ce mur de plomb qu'il faudra traverser. Il faudra bien que nos caresses et nos baisers traversent enfin la muraille. Même s'il faut des larmes. Surtout s'il faut des larmes. C'est bien de là que nous partons. Du plus loin. Si près et pourtant si loin de nos propres corps, comme si nous avions déserté l'espace d'un vertige, notre âme, comme si nous étions sortis de nous-mêmes en claquant la porte. Il nous faudra bien revenir. Et sonner à l'heure exacte de nous-mêmes.
Je n'ai pas peur d'avoir peur. Je n'ai pas mal d'avoir mal.

Franck.

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