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J'irai marcher par-delà les nuages
14 août 2019

Rebours...

 

La parole qui se déploie est à rebours.
Et ce retour répare l'avenir, desserre l'étreinte du temps.

Franck.

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11 août 2019

La vague...encore...toujours... (Sonate)

 

 

Parce que la vague est un envoûtement. Sa puissance vient de loin. D'ailleurs. D'un autre temps. Elle a commencé bien avant notre regard, comme la lumière des étoiles. Comme un long écho du temps. Les vagues naissent d'un endroit secret de l'océan. Nul n'en sait le lieu. Tous le redoutent. C'est un lieu de puissance et d'effondrement. C'est un lieu de la mer qui invente les naufrages. Là, au centre de ce lieu, il a un point, un point minuscule, si petit, qu'il n'a pas d'espace, pas d'épaisseur, pas de poids, c'est sans doute un point d'orgue, on sait qu'il existe, mais nul ne l'a vu, et nul ne pourra jamais le voir, c'est là que naissent les vagues. Toutes les vagues. Elles naissent d'une inquiétude de la terre, et d'une résonance, d'une sorte de vibration, elles naissent d'un murmure des dieux, elles naissent d'un désenchantement, d'une affliction, comme ces mères qui accouchent, et au moment de l'apparition de l'enfant hésitent entre la joie et le désespoir.
Il y a dans la naissance des vagues comme un haussement d'épaules de l'océan. À peine. Mais suffisant, comme un désintérêt, une sorte de dédain ou d'indifférence, comme si l'océan était déçu par les rêves de l'humanité, comme s'il s'en retournait chez lui au centre des abîmes, et que le haussement d'épaules, ce tremblement de colère rentrée, fasse naître les vagues. Un long frissonnement venu des âges de l'univers. Dans l'envoûtement de la vague il y a cette mémoire douloureuse et cette oscillation, cet ébranlement des eaux du dédain, et le rappel incessant de notre indigence, cette espèce d'absence, cette perpétuelle défaillance.
L'écriture de l'eau qui roule tente de reprendre le mouvement d'avant, celui dont on vient, celui qui nous précède toujours. Reprendre la main sur le tangage des rêves et la vacillation de la raison. Comme la danse du chamane, comme s'il s'agissait de rappeler à soi les forces premières, celles du sang ancestral, de retrouver le pur, le non corrompu. L'inaltérable. Appeler la démence et l'ivresse du balancement, les faire rentrer sous sa peau, les faire glisser le long des os, tendre ses viscères à ce brassement monotone jusqu'à l'écœurement, jusqu'au vomissement. C'est l'écriture de la mémoire et de l'oubli, de l'amour impossible, et de la mort trop lente et trop loin, et pourtant si présente, c'est une écriture qui s'aveugle sur l'horizon, et qui tremble, et qui s'essouffle. L'écriture de la mer ce n'est pas l'écriture du voyage, elle n'a pas cette tension secrète et sourde, ce n'est pas l'écriture de l'ailleurs, du partir, du lointain, elle a trop de retour dans sa langue, trop de langueur dans sa perte, trop de folie dans son ignorance. L'écriture de la mer ne porte pas l'espérance, elle n'est pas la bouteille qui contient le message, elle n'est qu'une vague. Que la vague. Une et innombrable. Elle n'est qu'une eau dans l'agitation de son errance, elle n'est qu'elle-même, dans cet au-delà d'elle-même. Elle n'est que simple extension de la clarté. Expansion de l'abandon. Elle n'est que son instant dilaté, sans autre volonté que de l'être pleinement. Infiniment perdue, infiniment retrouvée. Elle se contient, elle se résiste, et si elle ploie parfois, si on l'entend se briser, c'est pour mieux se recomposer, mieux se concentrer. Aller de l'éclat du mot à l'esquille de la parole. Aller de l'identique défait de l'habitude, à l'identique enveloppé de sa propre recomposition. Embrun paradoxal de l'infime et de l'immense. Paradoxe de la plénitude et du doute. De la dérive.
Il y a dans l'écriture de la vague une sauvagerie insoupçonnée, née des profondeurs immobiles qu'elle recouvre, et de cet entêtement à ne signifier rien d'autre que le mouvement, que la présence. Une présence débarrassée de l'ombre, car elle est l'égale du soleil. Elle porte sa propre lumière, c'est ce qui la rend si étrange. Si envoûtante. Et le soleil si révérencieux à son égard.
Il y a sur le bord de la vague un rire d'enfant, ou un rayon de lune, c'est ce qui la blanchit et lui donne la force d'aller au bout de son enroulement, d'aller au bout de son outrance dans la profusion du verbe, et dans cette démesure lancinante.
Le soleil dit : « Je suis... » La Mer dit : « Je consens... » Et la vague murmure : « Je m'efforce.... Comme la graine et la fleur, je m'efforce... ! Comme l'arbre, je m'efforce ! »
Que pourrais-je dire, sinon,  «  je m'efforce... ! » ?
Dans l'écriture de l'eau, je m'efforce, comme dans une prière inlassable débarrassée de ses faux dieux. Une prière sans adresse, sans retour, comme le rire franc d'un enfant qui perce la lumière....

Franck.

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