Ignorance…
Il fallait bien en convenir, le mouvement s’était détaché. Le geste s’était défait. La sidération venait de l’impossibilité à reprendre son souffle. Lente dérive inévitable. L’éloignement de soi à soi. La séparation. Séparé de soi, du geste, du mouvement.
Nous passons une vie à couver l’œuf de la solitude. Nous ne le voyons pas. Il se tient là au creux de chacun de nos jours. Gestation sans naissance. Éventration.
Écrire désigne notre solitude, lui donne un nom. Quel est le nom de ma solitude ? Consentement ? Peut-être.
Nous n’avons que notre mémoire, et la voix qui la dit ne nous appartient déjà plus.
Je flotte sur mon passé, comme un bouchon de liège désespéré. Un passé sans ancrage. L’incessant mouvement des jours qui sombrent chaque jour un peu plus. Je flotte, bousculé par l’écume.
Il fallait bien en convenir, le geste s’était défait.
Quelque chose en soi se refuse à soi. Un rejet, une répudiation. Une nuit qui monte. Noire, toujours plus noire. Une disgrâce.
Un chagrin pèse, mais on ne le connait pas. Jamais.
On est inconsolable, mais on ne sait pas de quoi. Jamais.
Alors, un jour on écrit. Pour parfaire cette ignorance.
Franck.