Les oies sauvages...
Les oies sauvages emportent dans leur vol vigoureux les restes des saisons, avec les chants, les promesses. Leurs cris déchirent les restes des amours. Les oies sauvages vont vers le nord, la fin des terres, la fin des temps. Vol des défaites, des après. Vol d'ombres dans un ciel indifférent. Les oies sauvages creusent nos désirs, dépouillent nos dernières espérances.
Ce qui fascine dans le vol désespéré des oies sauvages, c'est cette énergie, cet entêtement. Cette folie. Ces cris sans visages.
Rapides et immobiles, comme les grands voyageurs, les oies sauvages, qui partent vers le nord, ne touchent plus terre, elles appartiennent au ciel.
Irréparablement.
Elles disparaissent peu à peu, effaçant leurs traces avec leurs cris, dans l'infini qui les dévore.
Franck.