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J'irai marcher par-delà les nuages

20 juin 2020

Arbre...

Dans ce rêve, il y a un arbre. Massif. Imposant, au bout d’une plaine perdue. Inconnue. Un arbre posé dans le repli de l’horizon.
Je ne me souviens jamais de mes rêves. Là, il y a un arbre. Presque trop grand. Immense. C’est un rêve d’arbre. Quelque chose tire mon écorce. Quelque chose tord ma chair rigide et filandreuse. L’arbre est isolé. Seul. Paysage dépeuplé. Sauf l’arbre. Dans sa lenteur à vivre. Dans sa difficulté à dire. Dans l’étirement engourdi de sa fibre.
Hors de sa forêt, l’arbre ressemble à une tragédie. Une lente lutte, résolue, tricotant de l’éternité dans les mailles inconstantes et inexorables des saisons. Déborder sa chair. Mourir chaque année, et déborder sa chair quand même. Puissance lente, fatale, traversée de toutes les fragilités. C’est un arbre posé au loin comme un vaisseau tendant sa voilure au ciel. Large voilure de verdure argentée.
Je ne sais dire de quel arbre il s’agit. Est-ce un chêne, un orme. Le rêve ne le dit pas. Le tronc est gros, lourd, sculpté de profonds ourlets, d’épaisses plissures, de longues blessures écaillées de temps. Bourrelets de croutes de sève coagulée. Dans le silence de la plaine, l’arbre déborde ses fractures, ses balafres, et chaque saison trace sa marque, sa morsure. Les crocs du temps se plantent dans le bois qui se donne, qui s’offre, et s’épuise, ce bois qui s’appuie sur ses effondrements, qui se redresse de ses propres défaites en tirant sur ses bras décharnés, en saisissant une portion de ciel ou en accrochant ses branches à quelques nuages compatissants. C’est un rêve d’arbre. C’est donc un rêve de solitude. De patience.
Dans le rêve, il a cette plaine de nulle part, puis cet arbre dressé dans son silence. Cette impression de silence dans le rêve. Ce silence, là, maintenant à l’heure de l’écriture. Comme une puissance. Comme une désolation. Quelque chose de la vie qui se survit. Quelque chose de la mort qui persévère. Une mort assidue, endurante, calme. Infatigable. Minutieuse. Avec seulement le vent dans la ramure. Seulement cet élan languissant presque immobile, engourdi par le délaissement, cette tension sans fin. Un épanchement.
Il y a l’arbre dans ce rêve, moi qui suis comme l’arbre. Peut-être dans l’arbre. On ne sait jamais dans les rêves. Je suis l’arbre pris dans mon écorce, et le tourment de mes branches. Comme l’arbre dans son travail d’arbre, à chaque temps du temps, grandir, à chaque cadence, déborder un peu plus. S’étirer au plus bas, au plus profond, pour monter au plus haut, au plus large. Comme la folie d’une chimère déraisonnable. Folie que ce vouloir sourd, douloureux d’aller prendre le silence de la terre, puis à force d’épuisement, à force de débordement, en faire le chant du vent. Rêve. Extravagance. Égarement. Désossement des terres noires avec lenteur, constance, à travers chaque saison. Même les plus froides, même les plus chaudes, même celles que l’on oublie. De siècle en siècle. L’arbre solitaire est comme la nuit, il n’a pas de lieu, seulement l’éternité comme un danger. Il est un dieu déchu
condamné au murmure et à la prière. Il est un dieu déchu qui défie encore les cieux, la foudre. La foudre.
À chaque strie, un chapelet tremblant.
À chaque strie, l’incision des jours.
À chaque strie, l’arbre dans sa croissance s’éloigne de lui, il fabrique l’ombre qui l’emportera.
Chaque feuille est comme le déploiement d’un mot.
Chaque feuille récite la vie de l’arbre depuis son début, depuis le premier humus, chaque feuille dans son brouhaha de verdure prépare le long silence de l’hiver.
Chaque feuille est comme un poème qui expire dans le vent. Lente symphonie du dépouillement et de la croissance. Lente symphonie de l’écriture qui se déploie sur chaque strie du temps comme un cœur qui bat, comme une stridence au centre des fibres ligneuses.
Il y a ce rêve. Sans doute, veut-il me parler. Me signifier.
Il y a l’arbre dans ce rêve, moi qui suis comme l’arbre. Un rêve de la permanence, du précaire, de l’éternité dans l’éphémère. Un rêve de lenteur, de pesanteur. Comme une puissance. Comme une désolation. Chaque mot serré dans l’écorce craquelée, venu d’une sève lente. Si lente. Macération lente d’amour. De débordement des chairs du bois, dans cet étirement vertical. Le gras de la terre noire plein les cuisses, le sexe, les bras nus tendus vers un baiser insensé. Amarre tenace et solide où s’ancrent les cieux.
Il y a dans chaque arbre solitaire quelque chose de l’amour qui se dit. Quelque chose du vertical, du lent. Comme une cathédrale. Comme un navire. L’arbre solitaire est toujours un arbre amoureux, toujours. C’est un prophète qui scrute le silence pour s’en faire de l’écorce.
Là, dans sa plaine sans nom, il dompte l’éternel, et il invoque ce qui viendra bien après l’éternel.
Dans le rêve, il y a l’arbre solitaire, droit, dans sa résistance, dans sa paix, dans sa présence pure, comme une grâce
Chaque arbre dans son murissement d’écorce fabrique les saisons. Sa tension vers le ciel cherche une éternité, c’est pour cela que nous y gravons nos cœurs enlacés, pour inscrire nos âmes amoureuses dans la vie du temps.
De la terre, aux constellations.
Car les arbres parlent aux étoiles, les oiseaux et le vent ne s’y trompent pas. Chaque arbre est une passerelle pour les cieux, le plus court chemin vers l’infini.
Lorsque nous posons notre main sur leurs troncs, dans l’échange des sangs, c’est la vie incorruptible que nous cherchons, c’est l’évidence d’une révélation. C’est l’instant brutal multiplié jusqu’à la fin des temps.
Les arbres ne meurent pas, c’est ce qu’ils nous apprennent lorsque nos lèvres se posent sur les oreilles de leur écorce. Un et innombrable. Comme une présence irréductible. Seule la foudre les fait faillir, ou la hache.
Les arbres sont faits d’attente patiente, de solitude déployée en saison, ils sont le chant des siècles, le reposoir des dieux.
Écrire, c’est faire de l’arbre. C’est murir sous l’écorce de la parole, la saison à venir. C’est faire du temps, dont les mots sont les graines. Écrire, c’est faire de l’arbre, c’est réunir la terre et le ciel en dépliant chaque mot avec la persévérance du bois, c’est étendre le texte en tronc, en branches, en ramures, jusqu’aux feuilles, jusqu’aux fleurs, c’est tendre ses fruits en offrande.

Franck

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6 juin 2020

Un peu de poussière....

Il arrive à l’alpiniste d’atteindre le sommet. Dans l’écriture, parfois on finit, jamais on n’atteint.
Poussière et souffle. Rien de plus. Rien de moins. Le pitoyable unit à l’invisible du mouvement. Du négligé sur du négligeable. Du rien sur du rien. Évanescence. Insaisissable élan de l’écriture. Des mots qui s’effritent. Poussière de poussière. Inconstance fragile de toutes nos pensées. Moins que du sable, avec ce souffle qui donne l’illusion de la vie. Fécondation poussive des lèvres de l’écriture, glissement de nos expirations autour de nos restes. De la poussière plein la bouche. De la poussière qui tapisse nos poumons. Nos souvenirs. Nos actes. Nos amours passagères. De la poussière au gout de cendres.
Poussière. Pénurie de matière, de solidité. Insuffisance. Grains légers des mots qui s’envolent et qui se perdent sur les chemins de la langue. Errance, vagabondage de nos mots qui s’égaillent, que l’on aperçoit dans les rayons de lumière dans l’agitation d’une danse fébrile. Éperdue. Profusion de manque suspendu, qui recherche les recoins de l’âme, pour s’entasser dans les déserts de l’existence. Les royaumes de la poussière sont les greniers, les lieux oubliés, en dehors des passages, des vacarmes. Quand cette poussière se rassemble, c’est pour quelques poèmes, quand elle se regroupe, c’est pour quelques pages, le temps d’une aurore, puis les mots se désagrègent, sans bruit, sans trace. Les mots traversent la terre sans la toucher, simplement en l’effleurant. Caresse triste d’une parole recherchant sa propre densité, son propre poids, son escale, son havre. Un sourire consentant. La paume d’une main ouverte. Poussière. Nuage d’une matière qui n’est rien. Rien. Un simple passage dans l’air du temps. Une promesse à peine audible. Elle contient toutes les formes, n’en possède aucune. Elle ne fait que visiter le jour, sans s’accrocher aux heures. Elle recherche son souffle, celui qui l’emportera plus loin. Ailleurs. Alors les mots se dérobent sous leurs propres pas.
Mais la poussière se mêle au souffle. Du négligé sur du négligeable. Il y a dans les noces du souffle et de la poussière, quelque chose qui tient du mystère. Le souffle vient apaiser le vulnérable en nous, le douloureux, comme cette mère qui souffle sur la plaie de son enfant pour en effacer le feu, mais le souffle dans son infinie métamorphose encourage aussi la flamme de l’âtre pour lui donner la force, le désir de bruler un peu plus, de chauffer un peu mieux, de survivre plus intensément dans une chaleur renouvelée. Le souffle ponctue la fin de nos peurs en appelant des brindilles de paix. Souffle, voix silencieuse de nos mots. L’armature évanescente de notre parole. Il n’est rien, mais il tient tout, comme le vitrail tient la cathédrale. Il se saisit, en la brassant, de la poussière de nos textes, rafraichissant la langue, inventant des volutes invisibles. Il est la direction de notre errance, le sens de notre persévérance. C’est la source des quatre coins de l’horizon. Il lave, il purifie chacun de nos souvenirs. Il est la première musique, il sera la dernière. Il est le seul langage amoureux, celui d’avant les mots, celui d’avant les mensonges, il est le voile qui habille nos désirs. Il n’est rien, invisible, cependant il nous rend à la lumière.
Le souffle se dévoile à nous lorsqu’il passe sur la poussière. Car c’est lui qui révèle le poème. Il en est le sang fugitif.
Il arrive à l’alpiniste d’atteindre le sommet. Dans l’écriture, parfois on finit, jamais on n’atteint. Au bout des mots, il reste toujours un morceau de rocher inviolé, impraticable. Dans l’écriture le sommet est toujours plus loin, toujours plus haut, toujours ailleurs, c’est la voie mystérieuse de l’écriture, sans doute, sa voie divine. On est à un souffle du but.
Car le sommet s’invente au fur et à mesure de l’écriture, toujours avec un souffle d’avance, toujours avec un printemps d’avance. Peut-être que la littérature réside en cela, dans ce souffle qui maquera toujours à notre dernier souffle. Alors l’on s’épuisera jusqu’à l’asphyxie, jusqu’à l’extinction des mots, jusqu’à l’écroulement de la parole. Jusqu’aux cendres.
À mordre la poussière.
À agrandir l’univers en aggravant la voix.
Il ne restera que quelques poussières d’or entre la joie et la désespérance.
L’oubli dans l’ignorance de l’oubli.
Écrire possède dans sa paume une flamme un peu noire pour dissimuler nos vanités, pour ne jamais oublier qu’oublier, c’est oublier la fin. Car ce qui sauve le dernier souffle, c’est qu’il ne sait pas qu’il est le dernier.
Parfois, dans écrire, on finit. Jamais on n’atteint.
« L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant. » (La Genèse)

Franck.

1 juin 2020

Avant le labour...

Au pied de l’écriture, on est comme le laboureur au pied de son champ avant le labour, avant la charrue, avant la fin des siècles. Avant, survient ce temps d’arrêt. Le monde est contenu dans ce temps d’arrêt. Le laboureur regarde l’étendue devant lui, il la sent déjà dans ses mains, dans ses épaules. Déjà, il est chair de terre. Là, dans l’avant. Il n’a déjà plus famille, plus d’âge, plus de nom. Là, le laboureur ne sait plus rien de sa vie. Il respire profondément, déjà il cherche les sillons dans son sang, il appelle l’effort, la douleur, il appelle ses muscles. Alors, il regarde l’horizon puis il respire profondément au pied du champ, au pied de sa peine, au pied de sa misère et de sa gloire.
Alors les senteurs remontent de la terre en attente, des odeurs de siècles, de vie, de mort.
Le laboureur au pied de son champ est seul. Toujours. Car c’est l’œuvre répétée de sa vie. Il est seul, sans personne, sans dieux. Il est simplement avec sa désespérance mêlée de singulière impatience. Il est seul, traversé par les violences, les révoltes, traversé par un océan instable, immense, et pourtant incertain. Il respire profondément. C’est l’instant de la terre. Maintenant, les prières sont épuisées.
Dans l’avant, la terre est sans miséricorde. Elle est encore sans promesse, elle est là dans une absolue présente. Elle attend. Elle attend les larmes, la sueur, elle attend un sang qui la sacre, elle attend le geste assez droit, assez pur pour se mettre à trembler. C’est le temps de l’avant. Le temps arrêté de l’avant. Un temps sans partage. Mais un temps découpé par le couteau d’une solitude étincelante et verticale. Le temps de l’avant est un temps sidéré. Un temps sauvage, qui précède le cri, qui précède la rage.
À chaque respiration, le champ grandit. Alors, le laboureur respire de plus en plus profondément pour que le champ qui grandit sans cesse puisse envahir sa poitrine. Y faire pénétrer chaque sillon à venir, chaque pierre à briser.
Vaincre le champ, ou périr sous la terre.
Déjà, il ne peut échapper à son champ. Déjà, il n’y a plus de retour. Si le laboureur se saisit d’un peu de terre pour la porter à ses lèvres, c’est plus pour l’embrasser que pour l’éprouver, s’il pleure, c’est plus par débordement que par chagrin. Car le laboureur ne connait du désir que le frottement âpre et rugueux du manque. Il ne connait du destin que l’horizon de son champ.
Au pied de l’écriture, on est comme le laboureur au pied de son champ avant le labour, avant la charrue, avant la fin des siècles. Debout, droit sur sa terre comme le capitaine qui sait la tempête, avec sa cruauté inhumaine. Debout, droit, pesant déjà d’un surcroit de chair, d’os, d’un surcroit de vie. Lourd comme un titan et pourtant fragile comme un cristal.
Alors, arrive ce temps de l’avant, ce temps débarrassé de toute intention, ce temps pur de l’amour.
Alors le premier mot rentre dans la terre, ainsi que le premier pas de danse.
Le premier mot perce de la terre, avec le gout d’un sang nouveau.
Le champ n’est plus un champ, il est supplique.
La terre n’est plus la terre : elle est voyage.
Les heures brillent désormais comme des constellations.

Franck

31 mai 2020

Las...

Il me faut remonter le temps des mots. Pas à pas. Pour retrouver le mouvement juste. Le juste balancement de la vague. Retrouver la marche sur le fil tendu entre mes rêves et la réalité. Il est temps de se séparer de l’inutile pour renouer avec l’essentiel. C’est-à-dire le pauvre. Le nu. L’évident. J’ai trop perdu de temps à suivre des routes qui n’étaient pas les miennes, ou des jupons trop courts sur des cuisses trop légères. Espérant l’impossible parce qu’il était impossible, en mettant du symptôme au cœur même du désir. Je suis las de moi, de mes errances vaines. De mes amours adolescentes, sans issue. Je suis las des anges, des diables, des saintes ou des catins, de ce cortège d’ombres qui traverse mes nuits. Je me suis tant perdu à vouloir l’impensable. Il est temps de laisser les morts aux morts, de souffler sur ce qui me reste de vie. Je suis las des trahisons, des promesses sans lendemain. Je suis las, infiniment las des bassesses, des veuleries, de ceux qui parlent trop fort, dans des écritures trop pleines, sans espaces, sans attente, sans espoir, sans silence.

Franck.

23 mai 2020

Oratorio (2)...

Puis le jour est venu. Avec le jour, l’aube des temps. Alors la lumière a pâli les créations divines. Avec le jour, l’écriture. Avec le jour, la mémoire. Avec le jour : la peur. La peur du retour. La peur de la fin. Avec le jour, la fin des prières. Avec le jour, l’absence. Avec le jour, le silence changea de couleur et de destin. Le jour est venu et avec lui, l’aube des temps. Enfin l’écriture, avec les voix de l’écriture, les solitudes de l’écriture. Ses mémoires. Toutes les mémoires.
L’écriture porte en elle la tentation du retour, c’est pour cela qu’elle s’écrit à rebours du temps qui la dit.
Retour sur l’inaccompli.
Sur l’inaccompli des temps à venir. Sur l’inaccompli éternel. L’impossible accomplissement. L’impossible sacre.
La défaite.

L’écriture passe son temps à se suspendre, comme si dans ses stases successives se trouvait sa vérité ultime. La Vérité.
L’écriture cherche son silence, dans l’au-delà des mots ou dans leur accablement. L’accomplissement du dire dans le vide. Le vide d’après.
L’écriture est solaire, mais se souvient de la nuit, c’est ce qui en fait l’éternel chemin de croix, car l’écriture est la mémoire du désastre. Car l’écriture est solaire. C’est pourquoi elle a affaire aux ombres, aux empreintes qui s’effacent, aux rêves qui rattrapent nos gestes, à ce qui respire encore dans les coins  noircis de nos vies.
Comme si le geste de l’écriture avait besoin de s’arrêter pour s’accomplir. L’ultime appel à la vie. Avec le geste qui se resserre. Comme la matière dans l’atome. Resserrement de l’espace de l’écriture pour lui donner la puissance du cri. Le cri. Le mot dénué de parole. Le dire pur. La stridence de la vie dans la chair.
La révélation.
Rimbaud cesse d’écrire. Cesse-t-il d’être poète ? Ou bien commence-t-il à le devenir ? Ou bien l’a-t-il toujours été ?
Qu’importe, c’est toujours l’accomplissement dans l’inaccompli.
L’inachevable.
Le précaire comme horizon infini.
La peau vulnérable du poème se raidit jusqu’à la cassure, jusqu’à la faille d'une lumière brutale.
Écrire, c’est autre chose qu’écrire. C’est avant tout signifier le feu, et tout ce qui pourra détruire le feu.
Le feu. Le feu séparé de la chaleur. Le feu comme principe d’ascension et de disparition. Chemin de retour à la nuit.
Retour à la nuit lumineuse.

Franck.

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17 mai 2020

Oratorio (1)...

 

Quelque chose se souvient. Quelque chose se souvient de la première nuit du monde. Épaisse, souveraine. La première nuit du monde. Une plénitude dans l’épaisseur. Grande nuit des dieux. Sans temps. Sans paroles. Toute en prière. Première nuit du monde, où l’homme parlait seulement aux dieux. Où les dieux répondaient à l’homme. C’était un dialogue silencieux. C’était la première nuit du monde. Chaque destin s’accomplissait, car il n’y avait pas d’évènement, pas de quotidien, seulement des jours et encore des jours, seulement des miracles ou des tragédies. Seulement de la rocaille, du vent.
Le laboureur levait sa face aux cieux, sa face de sillons lourds, sa face de glaise ravinée. Puis le laboureur baissait les yeux. Il s’attelait. A creuser sa vie. C’était la nuit du monde, la première, la seule, la grande. Un temps sans écriture. Seulement des signes, des marques, des traces, des stigmates. Puis des incantations sous les étoiles. C’était le temps de l’ordre, de l’éternelle présence. Les ombres avaient plus de vie que la chair. Temps fixe. Brulant sous le soleil et le regard accablé des dieux. C’était un temps sans écriture. Le temps des pierres, sans futur, sans passé, sans issue. Un temps habité, sans espace. Des matins, des soirs, avec la tragédie du vent entre les deux.

Franck

8 mai 2020

La voix...

 

Il y a une voix qui vit dans l’écriture. On reconnait l’écriture à cette voix singulière, étrange qui l’abrite. Lorsque nous lisons, nous entendons parfois cette
voix. Elle n’a rien à voir avec l’oralité. C’est une voix. Elle semble sortir d’un feu obscur, d’un feu sans âge. Écrire, c’est faire parler cette voix en nous, ou par nous, sans savoir si elle nous appartient, ou si elle vient d’un ailleurs mystérieux. Elle semble précéder le texte, sans jamais être tout à fait le texte. C’est dans cet à-peu-près, que la stridence se produit… Alors, le poème peut naitre…

Au moment de l’écrire, c’est elle que l’on appelle dans le dédale des souvenirs, des mots, des sonorités. Elle habite en nous, comme la trace d’un passé lointain, comme le témoignage d’une humanité révolue, ou d’une autre à venir… La voix en nous qui se fraye un souffle dans le chant du texte, nous inscrit dans l’ordre des générations. C’est l’humanité entière condensée dans un murmure immémorial.
Toutes les scansions, les ruptures, les silences, tout ce qui ponctue, tout ce qui construit le rythme, la couleur, n’est que la danse rituelle pour inviter la voix… Dans l’écriture, existe le partage d’un feu, d’une peur et d’un chant pour apaiser la peur… Dans écrire, résiste une offrande…
Avant le livre, avant l’écriture, d’où venait la voix ? Où se cachait-elle ? Écrire, c’est retrouver le chant du monde, la première grotte, le premier feu, les premiers tremblements, les premières prières…
La voix qui parle en nous ne nous appartient pas, elle nous traverse, nous devons la faire passer, la transmettre, comme un feu sacré…
Elle ne dit rien, elle ne dit que la mémoire des siècles…
Elle ne dit rien, elle ne dit que mon dénuement et mon déchirement…

Franck.

3 mai 2020

Ecrire....

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Écrire, c’est labourer les champs du souvenir, pas pour dire le passé, mais se croire encore vivant.
C’est aussi consentir à l’inachevable. C’est poser là une lumière sur la margelle du vide, une étoile au bord du néant. 
Écrire, dit bien cet ourlet de tristesse cousu avec un fil d’or pur.
On est perdu, mais du perdu jaillit le feu qui coure sur l’océan, 
alors la houle nous emporte en même temps qu’elle nous ramène au ventre de nos mères.

Franck

2 mai 2020

L'Innocence...

 

L’innocence ne cesse de nous rappeler son effacement.
Je suis sans savoir. Le geste se déploie, je ne sais rien de lui, je me suis défait des raisons, des causes, des paroles ou des pensées inutiles. Je me dénoue de moi, de mes histoires, de mes intrigues, de mes doutes, de mes certitudes. J’avance dans un geste dépouillé, nu, incompréhensible. Seulement la phrase, les mots, les sons, la cadence, le surgissement, toute cette folie de l’écriture.
Il y a dans toute innocence la puissance d’un diable qui veille.
L’innocence est peut-être cette marche infinie vers un lieu jamais atteint, un long chemin de purification, chaotique, dangereux, une longue mise à nu jamais achevée, une tentation plus qu’une tentative.
Nous n’écrivons que pour cela, pour cette folie qui nous fait croire que dans l’oubli de soi, dans la déraison, dans cette soif de l’impossible, dans le renoncement, une once de pureté nous serait rendue, qu’une once d’innocence pourrait être cueillie, nous ne sommes jamais assez fous pour être vraiment innocents.
L’innocence n’est pas un pays perdu. C’est un pays oublié, en contrepoint du réel.
Écrire en est la trace, l’empreinte, ou le point de fuite.
L’innocence ne cesse de nous rappeler son effacement. Sans doute, la raison pour laquelle écrire s’obstine pour en revivre le souvenir. Un souvenir absent ; son absence même, donnant au geste d’écrire son sens de pureté déchue.
Il y a dans toute innocence la puissance d’un diable qui veille.

Franck

25 avril 2020

Primitif...

 

Cette part de sauvagerie nous effraie au premier abord. Tout dans notre quotidien nous en éloigne, ou feint de nous en éloigner. On ne sait pas d’où elle vient cette sauvagerie. Cet abime brutal en nous. Quelque chose qui vient de la horde, des forêts inviolables, de la faim, du froid, d’un corps aux muscles épais. Au premier abord, on ne peut pas croire à ce torrent fou, à cette chose hors du langage, à ce surgissement fauve, inquiétant.
L’inconnu indomptable jaillissant dans la brulure de l’écriture.
J’ai senti dans l’écriture cette sauvagerie originelle, cette douloureuse véhémence qui court le long des nerfs, qui s’enroule aux os, qui perce les chairs. Toutes ces choses du désir d’avant le désir. Un intense vouloir sans forme, sans objet. L’état rudimentaire du vivant.
Écrire traverse ces contrées archaïques, ces pays sans mot, sans question, sans réponse. Uniquement une sorte de stridence ancestrale qui revient du fond des temps. C’est cette première chose disgraciée qui dénude, qui appelle.
C’est le premier désert à traverser.
Car il faut bien dire que tout viendra de ces lieux défigurés.
Car écrire ne vient pas du haut. Écrire vient du bas, de l’encore plus bas. De la croute vitrifiée de l’en deçà du temps, de cette terre noire qui passe dans nos veines et qui racle.
Écrire nous renvoie aux gestes primitifs. Aux pensées sans pensées. À l’absolue nécessité d’être, sans rien savoir de l’être. Écrire, au début, c’est ne rien savoir. Après, le savoir de l’écrit nous échappe, nous abandonne. C’est porter la vie plus loin. Sans rien connaitre de ce loin. De ce plus.
Longtemps après l’écrit apparaissent parfois quelques étoiles.

Franck.

18 avril 2020

L'effacement...

 

Il faudrait imaginer l’écriture qui s’effacerait juste après avoir été écrite, de même que la lecture du livre emporterait les mots au fil des yeux, et blanchirait les pages. À la fin, tout serait blanc, comme un paysage de neige. Comme en hiver lorsque tout est blanc.
Ce qui tient ne tient que dans l’instant. Tout s’efface. C’est pour cela que nous recommençons.
Ainsi, les traces de nos pas qui s’effaceraient au fur et à mesure, comme une apparition, comme une disparition, comme une naissance toujours renouvelée, comme une mort toujours imminente. C’est pour cela que nous continuons.
Nous venons de cet effacement.
L’écriture est un lieu impossible, sans cesse contredit.
Au fond de chaque nuit, il existe une nuit encore plus profonde, qu’aucune aurore ne couronnera.
Il existe un hiver qu’aucun printemps ne délivrera.
Ainsi, nous allons… Ainsi, nous devons aller… avec le vent qui efface nos traces et fait trembler les blés…
De l’hiver à l’hiver, du noir, au plus noir encore, du plus seul au plus désolé, du murmure au silence…
Aller, aller sans cesse…
Écrire dit seulement ce mouvement, la neige, le vent dans les blés…

Franck.

13 avril 2020

L'instant...

Habiter l’instant, un instant débarrassé de ce qui le tient. Un instant seul, nu. Car l’instant ne vieillit pas, il jaillit, toujours neuf, fugitif, éternel dans son essence. C’est le lieu de l’écriture. Introuvable, pourtant possible, incertain pourtant inévitable. L’instant, c’est la condensation du vide et de l’attente. Il n’est rien, pourtant il révèle tout. Il nous traverse, écrire tente de le saisir, comme on saisirait le vol d’un oiseau.

Habiter l’instant, cette éclaboussure de conscience et de vie dépouillée, écrire…

Habiter l’instant, qui lui seul invente la durée, car la durée échappe au temps. C’est notre puits d’immortalité. Là où l’écriture demeure, où l’amour fleurit… Un temps sans épaisseur, qui dure…

Qui dure… Qui dure…

Franck.

4 avril 2020

Accomplir la défaite...

L’inaccompli se prolonge indéfiniment. Dans une tension singulière. L’inaccompli du texte. L’inaccompli de l’amour. L’inaccompli est une marque. Notre sceau. Le poinçon qui perce nos chairs jusqu’aux os. L’inaccompli comme l’empreinte de l’éternité. Le sans fin chutera toujours. Nous porterons toujours le deuil de l’infini. Nos cercueils brillent haut dans le ciel. Nous applaudissons à ce spectacle frémissant. Le texte se déploie dans un espace de tragédie. Le temps nous attend au détour d’un baiser. Comme une vague scélérate. Le texte s’aggrave dans sa chute. Le renouveau renouvèle toujours la fin. L’inaccompli. La blessure.
Il n’y a pas de sagesse, simplement un désespoir qui se renie. Chaque jour, j’avance et je m’éloigne. En même temps. Chaque geste, chaque pensée, est imprégné par cette plaie, ce suintement de vie. Ce double mouvement impossible. Incompréhensible. Le texte s’effondre, là, dans cet espace de misère. Le sans fond de cette misère.
De tout temps, nous sommes séparés. Inachevable. Il manque toujours un morceau à l’histoire. Il manque toujours de la chair sur l’os. Il manque toujours un baiser à l’amour. Il manque toujours un jour à l’éternité.
Vivre, c’est être dans le décalage, la non-coïncidence. Écrire, c’est prolonger cet espacement. C’est l’agrandir. C’est l’aggraver. Jusqu’à l’impossibilité de vivre. Il y a une tension singulière dans cet espacement. Comme ce tonnerre qui tarde à venir après l’éclair. L’espace, après l’éclair, est le lieu du langage. Dans cette synchronicité défaillante, perpétuellement défaillante, la parole trouve son chant. Dans cette tension du vide, dans cette brulure du rien. Dans cet insupportable.

Je vis dans l’attente folle du tonnerre, et cette suspension me laisse sans signification.

Nous vivons des approximations. Tout se tient, mais rien n’est jointif dans nos vies.
Nous faisons des détours. Écrire est le plus sacré de ces détours, mais c’est quand même un détour. Nous arriverons à Samarcande le jour venu, pour le sacre de l’inaccompli. Écrire, c’est danser sur ses propres ruines. C’est accomplir la défaite.

Franck.

29 mars 2020

La Hache...

 

Mon livre sera cataracte, ou ne sera pas.
Chaque texte précise peu à peu le lieu du combat. Ils marquent. Bornent. Resserrent l’espace.
Se dépouiller de toute indulgence. Encore. Revenir à l’essentiel, à l’amour, à sa brulure. Le désespoir, ne pas oublier le désespoir.
Chaque texte précise, mais il est encore un compromis, une façon d’accommoder des possibles.
Faire monter en soi les grands lacs de néant. Ces océans vides, tout en mesure. Tout en démesure. L’orgueil de la mélancolie. La respiration noire de la chair. Le cri.
Aurais-je la force de rassembler toute la gravité de l’enfant jouant ? Les grands livres sont écrits par de grands enfants. Il n’y a qu’eux pour avoir assez d’application dans la déraison, d’ascèse légère, de sérieux dans l’invention, de violence désinvolte. Ils ne connaissent de la beauté que la chair des mères. Ils n’inscrivent rien dans le temps, ils ne s’égaillent que dans l’éternité, et dans les risées de lumière du jour. Ils sont dans une énergie brutale, sauvage, totale. Tyrans, et mendiants à la fois, insupportables. Étincelants.

Franck.

22 mars 2020

Ricochets...

Écrire n’est pas une occupation.
Parfois, c’est un destin.
À coup sûr une malédiction.

L’écriture se joue dans son effacement, elle n’est jamais plus présente que lorsqu’elle se retire. Écrire n’est rien, sinon le consentement à ce rien. L’infinie jouissance du désespoir.
Quelque chose se dérobe, ici.
……………………………….

Cette nuit, je tentais d’appeler Son visage. Ses yeux, Ses lèvres, Ses cheveux noirs. L’éclat tranchant de Son regard. Je n’arrivais à rien. Ma mémoire avait perdu Sa trace. Déjà. Comme si Elle avait regagné le cortège des ombres. J’appelais Ses formes, Sa voix, la couleur de Sa peau. Cette nuit, je voulais Son sourire. Seulement Son sourire. Tous mes efforts étaient vains. La nuit s’ajoutait à la nuit.
Des ricochets, jusqu’à épuisement.
Nous ne vivons pas de nos rencontres, mais de leur oubli. Toujours dans l’après-coup d’un contretemps.
C’est pour cela que nous écrivons, pour ajouter de la musique à ces rythmes cassés. Comme si la fin ne se suffisait pas à elle-même. Comme s’il fallait la dire, la redire pour s’en convaincre. Ou pour résister. Ou seulement pour continuer d’aimer. En pure perte. Mais aimer encore.

Franck.

15 mars 2020

L'anachorète...

 

L’anachorète a fait trois tas devant sa grotte. À droite, il a posé ses gestes, tous ses gestes, toutes ses actions. À gauche, il a fait un tas de tous ses vêtements. Au centre, il a déposé sa parole. Toute sa parole. Tous les mots de sa langue, même son nom. Puis il est entré dans la grotte, il s’est assis. Il a fermé les yeux. Alors, il n’y eut ni avant ni après. Il n’eut plus à traverser le grand champ de neige. Il était la neige. Un et innombrable.
L’écriture tient les bords du temps.

Franck.

8 mars 2020

Traverser...

Traverser.
Jusqu’à l’intense immobilité d’un silence. Le texte est habité d’une puissance vivante qui m’écrase chaque fois un peu plus.
Entre l’amour et le désir, il y a un espace.
Entre l’écriture et le texte, il y a un espace, le même.
La nuit. L’imprononçable nuit. Le lieu des grands gisants.
Entre mes lèvres et tes lèvres. La nuit.
La nuit que je traverse à chaque mot, pour te rejoindre, enjambant les gisants et les siècles.
Retraçant infatigablement le chemin qu’il te faudra consacrer.

Franck.

1 mars 2020

Les contes...

Les contes naissent dans la nuit, c’est pourquoi on les murmure. Ils ont besoin de la pénombre d’une flamme. Ils ont besoin d’accrocher leurs mots au rouge sang d’un feu ardent.
Ils ont surtout besoin de notre écoute, de notre attente, de cette paix qui les précède, de ce silence qui les suit…
Les contes naissent d’un épuisement.
Ils naissent d’un retour et d’un abandon.
Je suis las de mes errances, las du vacarme des anges maudits, las de cette mort rampante qui empoisonne mon sang, las des chants macabres, des agitations verbeuses, des danses de Saint-Guy… C’est le temps du retour.
Un caillou… Puis un caillou… Puis un autre…
C’est le temps du début, celui de la création et de l’écriture.
Celui du silence, et de l’aube.

Franck.

16 février 2020

TCHANG LI....

 

Extraits du journal de TCHANG LI ( Maître LI) précepteur du prince Livre des Sagesses.

-         " La vertu du chef, c’est la dignité du soldat.

-          Ne jamais exiger des autres le courage que l'on n’a pas.

-          Une pensée que l'on ne peut traduire en acte est inutile.

-          Ne pas agir est la tentation du faible, trop agir est la tentation du fou.

-          L’action délivre du doute.

-          L’ennemi qui vit en nous est plus redoutable que l’armée qui nous fait face.

-          On se croit multiple, mais le grand général est « un », inséparable de lui-même.

-          Il n’y a pas de grand général sans ascèse.

-          La grandeur est affaire d’âme pas de taille.

-          J’aligne ma troupe sur le plus grand, jamais sur le plus petit.

-          Accepter la guerre est une erreur, refuser la guerre est aussi une erreur.

-          Le soldat se nourrit de la vertu du capitaine, le capitaine se nourrit de la vertu du soldat, c’est de cet échange que naissent les grandes armées.

-          Ne pas sanctionner le mauvais soldat, c’est sanctionner le bon soldat.

-          Sanctionner c’est la première bonté.

-          L’exemplarité c’est le premier manuel d’apprentissage.

-          Être exemplaire pour le général c’est donner un espoir, un chemin, au soldat.

-          Le grand général dit :  « Je ne défends pas ceux-là pour qu’ils m’aiment, je les défends pour qu’ils soient forts, même contre moi. »

-          Vouloir se faire aimer de sa troupe c’est être sans ambition. Ne pas être aimé de sa troupe c’est s’être trompé d’ambition.

-          Diviser pour mieux régner, c’est déjà accepter la défaite.

-          Lorsque le capitaine est plus vertueux que le général, la guerre sera perdue.

-          Croire qu’une armée n’est que l’addition des régiments fera perdre la guerre.

-          Commander n’est pas seulement utiliser les compétences, c’est avant tout saluer les vertus.

-          Ne confonds jamais la faiblesse et la bonté.

-          La bonté seule rassemble, elle a deux jambes : la vérité et la constance.

-          Il faut croire aux grands actes, aux grands destins, mais c’est dans les actes les plus petits de tous les jours qu’ils se bâtissent.

-          Le grand général dit :  « Il faut être ambitieux pour les autres, mon ambition personnelle n’aura jamais d’issue, elle sera toujours illégitime. »

-          La vérité fait peur, on cède au mensonge par lâcheté et par une vision trop courte.

-          Aucun soldat ne souhaite n’être ramené qu’à ses seuls actes, qu’à ses seules pensées, chaque soldat se sait, se veut plus débordant que son assignation dans les rangs. Commander c’est se nourrir de ce débordement.

-          Protéger le mauvais capitaine c’est exposer tous les autres.

-          Il n’y a pas de grandes stratégies, il n’y a que les actes justes de tous les jours."

 

Franck

28 janvier 2020

Une île...

 

 

Je suis une île infatigable.
Je suis une île qui attend son naufrage
Je suis une île que les marées écorchent.
Une île brûlée par les passions défuntes
Une île foudroyée par l'attente
Une île sans rivage
Sans horizon
Si nue que le soleil ne la regarde plus.
Qu'un silence trop lourd pourrait faire chavirer.
Je suis une île infatigable.

Franck.

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