La voix trouée…
Écrire, c’est tracer une frontière. À la fois une limite, un passage. Un au-delà de la limite. Écrire est un lieu de passage où la langue et la voix partent pour l’exil.
Écrire, parle déjà une autre langue que la nôtre.
Écrire, c’est passer la ligne imaginaire de l’être. La ligne inimaginable.
Le pays d’après recèle des dangers. Des vies, des morts.
Le pays d’après n’a pas de nom. Rien ne le désigne. Il n’est pas innommé, il reste innommable. Écrire le sait. La voix qui parle « l’écrire » le sait. C’est pour cela qu’elle est trouée.
Écrire révèle les contours d’un lieu impossible. C’est une autre langue que la nôtre. Une autre voix. On n’y reconnait pas notre vie, ni nos jours, ni nos heures. Cela ressemble un peu à notre mort. Pourtant, rien n’est triste. Même si la mélancolie s’insinue dans la voix, car écrire la rend nécessaire, incomparable, surprenante, irréprochable. Invincible.
Le pays d’après est un pays clos. On ne le connait pas, et pourtant on s’en souvient. L’écriture en fait le tour en un silence. Alors dans l’infime de cet espace des univers entiers dérivent.
Franck.