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J'irai marcher par-delà les nuages
30 décembre 2022

Ecrire...(encore)

 

Écrire est une épreuve. Toujours.
Cela dit un mystère.
Autre chose que ce qui est dit.
Une vérité toujours cachée, qui se dérobe.
Plus on se croit près. Plus on s'éloigne.
Il y a deux centres, deux foyers comme dans une ellipse.
Choisir l'un des foyers, c'est renoncer à l'autre. S'approcher de l'un, c'est s'éloigner de l'autre.
La poésie dit une vérité autre, quelque chose qui ne serait pas la vérité du poète.
Écrire comprime les temps, les déforme, les rend poreux, et l'âme se faufile dans cette porosité.
Le poète s'y perd. C'est de cette perte inscrite à l'avance que l'écriture nait.
C'est de cet échec.
Alors, on recommence.
Même joyeuse, l'écriture est douloureuse. La main qui porte le mot sait déjà l'inachevable. Il y a une joie obscure qui git, là, pesante, en nous.
Contradiction. Dans le même temps où l'écriture se déploie, apparait une rétraction qui traverse les chairs.
Il y a quelque chose en nous qui sait, mais qui ne dit pas, quelque chose qui dit, mais qui ne sait pas. Dans écrire, il y a comme l'aveu d'un secret que l'on ne sait pas. C'est pour cela qu'écrire a à voir avec le silence. La pénombre. Le murmure. Quand le murmure devient inaudible, alors le chant commence.
Chant sans paroles. Cela résonne, sans raison.
Le chant traverse, transfigure. C'est l'eau de l'âme.
Un surcroit des mots. Le chant vit hors des mots de l'écriture. Le chant n'est que du temps métamorphosé.
C'est la nuit au cœur d'écrire. Invisible, indicible, pourtant...
Écrire appelle l'impossible de l'Autre. La solitude immémoriale, le vide qui me sépare du monde, mais qui dans le même temps permet le monde en nous.
Nous venons d'une déchirure. Écrire dit la déchirure. Uniquement cet instant éternel de la séparation. Vivre, c'est tenter de l'oublier. Écrire, c'est tenter d'y revenir sans cesse.
Alors, on recommence.
On cherche cette joie douloureuse.
La répétition me rapproche de l'immobile, et l'immobile de l'éternel.
Les sillons s'ajoutent. Ce n'est jamais le même sillon, on croit que c'est le même geste, mais les sillons s'ajoutent. Le champ des semailles est à ce prix.
On creuse toujours la même terre, pour autre chose qu'un sillon. Pour une moisson à venir.
Même joyeuse, l'écriture reste douloureuse.

Franck

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16 décembre 2022

Hormis l'horizon...

 

Écrire, c'est le moment où l'on n'écrit pas. L'instant qui sépare deux mots. Deux phrases. Deux chapitres. Deux textes. C'est l'élan qui cherche à se survivre. C'est cet élancement de tout le corps dans l'espace inconnu qui sépare les mots de leurs cortèges de sons, d'odeurs, avec le glissement du sens dans la recherche d'une couleur plus juste, un saut plus net dans le vide toujours recommencé. Toujours à inventer.
Avancer dans les mots, c'est comme avancer dans l'amour. Puisqu'écrire c'est déjà aimer, c'est encore aimer. Écrire, c'est cette hésitation brulante qui nous pousse comme une fatalité à rechercher le plus clair de notre eau, c'est faire la place à cet Autre de l'amour qui nous suit en silence dans l'ombre de nos gestes, sur la pente de nos actes, jusque dans la plus intime de nos pensées ou le plus secret de nos rêves. C'est la paume des heures.
Écrire, c'est accueillir, cet autre de nous. C'est cela consentir. Puisqu'il ne s'agit pas d'être sauvé, mais le plus souvent d'expier.
Puisque rien n'est donné hormis ce chemin sur lequel je marche, et qui me mène d'un mot à l'autre, de silence en silence, de peur en peur. De l'eau sur de l'eau jusqu'aux marées d'hiver. Puisque rien n'est donné hormis l'horizon...

Franck.

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