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J'irai marcher par-delà les nuages
30 mai 2021

Du chaos dans l’azur…

 

Chaque mot du texte est un morceau de solitude. Il est un pays clos, un monde à lui tout seul, qui nous laisse souvent à l’extérieur, un peu démuni. Pantelant.
Chaque mot du texte charrie des âmes mortes. Nos âmes mortes.
Chaque mot du texte devient Charon qui nous fait payer cher la traversée du fleuve. L’oubli. Il réclame son dû, sa part de vie tremblante, sa part de chair écarlate.
Chaque texte est une nef vagabonde sur les eaux noires. Vacillante. Toujours au bord du naufrage.
On regarde l’écran avec la forme de la page blanche. Le clavier, avec les lettres. Un champ de bataille de lettres inanimées. Le chaos.
Au départ, c’est toujours un chaos. J’ai toujours ce sentiment de chaos. L’ordre du monde est une apparence, il suffit de souffler dessus pour que la confusion se révèle.
Écrire nous donne l’illusion d’une mise en ordre. Au chaos du monde, j’inscris mon propre chaos. Écrire est d’abord une désunion. Aux rumeurs du monde, ma voix étouffée s’ajoute. Du bruit sur du bruit. Du chaos sur du chaos.
La cathédrale de pierre s’élève. Les architectes voulaient le plus grand, le plus puissant pour dire la foi. Le plus haut pour la citadelle de prière. Vaste maison de pierres, de lumière, de lourd, d’impalpable. De pesanteur, de beauté. D’ordre. Tout autour de l’édifice, un peuple de statues, dressé dans la rigueur de la pierre taillée dans l’éternité. Un peuple de saints racontant l’histoire de l’humanité, les peurs, les faiblesses de l’homme, racontant l’enfer et le paradis. La grande arche, ce portique en ogive sous lequel la foule passe. Inépuisable cortège de misère, qui passe sous l’ordre de dieu. Puis la foule entre, baissant la tête, dans le grand livre de pierre. L’ordre de l’éternité.
Nous ne pensons que par ennui ou par peur. L’intelligence protège ou tue, c’est pour cela que l’on ne peut pas écrire avec de l’intelligence. Écrire, c’est le contrepoison.
L’intelligence est si peu amoureuse.
L’attente et le rêve. Le rêve qui s’enlise. La patience dans l’indifférence du ciel et des étoiles.
Écrire n’est rien, sinon le chant. Le chant passager. Écrire, reste le sourire de l’ange inscrit dans la pierre de la cathédrale de Reims.
Écrire est une désunion, une désolidarisation. C’est quitter l’ordre du monde pour rejoindre le chaos du vivant. Le chaos de l’azur.
L’ouragan de bleu dans la symphonie des étoiles.
Le sourire de l’ange n’efface pas la pierre, il la rend supportable. Il nous dit : rien n’est sérieux puisque tout est grave. Une tempête d’espérance pour ensevelir nos ombres.
Chaque mot du texte est un morceau de solitude. Il est un pays clos, un monde à lui tout seul, qui nous laisse souvent à l’extérieur, un peu démuni. Pantelant.
Chaque mot du texte charrie des âmes mortes. Nos âmes mortes.
Chaque mot du texte devient Charon qui nous fait payer cher la traversée du fleuve. L’oubli. Il réclame son dû, sa part de vie tremblante, sa part de chair écarlate.
Chaque texte est une nef vagabonde sur les eaux noires. Vacillante. Toujours au bord du naufrage.
Il y a des solitudes là-dedans.
Des tristesses dans la pliure des lettres, à l’articulation des mots. Les élans que l’on espère nous viennent du souffle de nos héros défunts.
Il y a des enfers dans les mots que l’on écrit. Des petits, des grands enfers. Car les mots ont le gout de la fin. C’est leur façon d’être en avance sur nous, d’une saison, d’une vie, d’une mort.
Les mots que l’on écrit ne sont pas des mots, ce sont des comètes. Derrière leur lumière, ils trainent une longue queue de misère. Des cataclysmes. Des mémoires. Le texte est un engloutissement. Il sacre une disparition.
Le sourire de l’ange n’efface pas la pierre, il la rend supportable. Il nous dit : rien n’est sérieux puisque tout est grave. Une tempête d’espérance pour ensevelir nos ombres… et passer à demain… et passer à demain…

Franck.

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23 mai 2021

Transitoire…

 

Depuis des jours, je cherchais le mot qui dit ce rapport au silence. J’invente des silences transitoires. Transitoire, c’est le mot que je cherchais. Avec l’idée d’un passage, d’une coupure et d’un passage. D’un changement de rive. De l’extérieur à l’intérieur. Silence contre silence. Silence du monde contre silence de l’âme.
Je passe d’un silence à l’autre. J’arpente. Le silence est la seule musique de l’errance. Car elle n’a pas de lieu, pas de son, pas de nom. Pas de route. Pas de fin.
Écrire est une tentation pour briser les chaines bruyantes du monde. Mais écrire échoue à ce vouloir. Mais écrire le sait. L’écriture est le produit de cette première mise en échec. De ce premier ratage. C’est une tragédie. L’écriture, c’est d’abord le chant de cette tragédie. La geste. L’odyssée. La tentation de relier la voix au silence.
Au tout début, dans le jardin d’Éden, les sons et les silences étaient réunis, ils ne faisaient qu’un. Qu’un seul mouvement. Comme un soleil. Chaque bruit portait en lui sa part de silence, chaque silence trouvait avec aisance son harmonie. Puis Dieu nous chassa. Dieu brisa l’alliance, il sépara les sons des silences, comme si brusquement il créait deux univers impossibles, comme s’il ouvrait en deux un fruit juteux, avec les chairs à vif et le sang qui s’échappe. Blessure inguérissable. Alors, depuis la nuit des temps, il manque un son à nos silences, il manque un silence à nos rumeurs. Il manque un souffle à notre vie, un horizon à nos rêveries. Un sourire à nos soupirs. Une bonté à nos désirs.
Cette séparation fut la signature du manque. Le manque fut la signature de nos vies. L’incomplétude.
Nous reconnaissons dans l’Autre cette part de silence ou ce timbre, cette tonalité. L’accord. Nous lui implorons ce tumulte qui fécondera notre silence.
Je passe d’un silence à l’autre. Toujours en retard d’une harmonie. Transitoire. Avec l’idée d’un passage, d’une coupure. D’un changement de rive.
Mais je ne suis pas d’une rive, je suis d’une traversée. Écrire reste ce voyage. Je ne suis d’aucun port, d’aucun aboutissement. Je ne suis que navire. Je ne vis que de vent, d’horizon, que d’écume et de sel. Je ne connais la route que la nuit, en suivant les étoiles.
L’écriture nait de la confrontation d’un vacarme et d’un silence. L’écriture nait dans ce frottement. L’inscription silencieuse de la voix. C’est une lutte, comme la vie et la mort. J’écris en silence, dans un monde bruyant. Me taire dans les bruits de la ville. Me taire au milieu de ces grognements, de ces rumeurs, de ces vociférations. Écrire là, dans cette opposition, dans ce contraste, qui révèle le lieu de la charnière, ma jointure au monde. Mon inconciliance. Être là, mais s’absenter. L’écriture nait de mon silence, du vacarme qui l’entoure, de ma solitude et de l’agitation autour. Car mon absence n’est pas un retrait, c’est une sorte de réfutation, de contestation. Une façon de lutter contre l’écrasement. Imposer, même modestement, mon taire au monde. Peut-être un refus aussi. Ou simplement la marque de l’impossible.
Je passe d’un silence à un autre. Car mes silences sont transitoires.
Un jour, le silence sera complet, le monde et l’âme se tairont. Silence avec silence. Ce sera le temps de la contemplation. Le temps dépouillé. Illimité. Les rives seront débordées. Il n’y aura ni livre, ni mot, ni geste, simplement le monde avec le souffle. Il n’y aura plus d’écriture puisque tout sera dit dans la présence et dans l’instant. Il n’y aura que le monde, et cette étonnante brulure. L’inverse de la mort.
On reconnait la mort à son vacarme, à son impossibilité d’accueillir le silence, d’en faire l’offrande gracieuse. L’accord des silences est le don ultime du vivant au vivant.

Franck.

16 mai 2021

L’énigme du silence…

 

Dans écrire, il y a une intention. Derrière le premier mouvement, il y a d’autres mouvements. Puis d’autres encore. Jusqu’à l’ultime, qui est une énigme. Dans écrire, il y a un secret. Un impossible secret. Écrire, c’est le traquer. Le cerner. En espérant ne jamais le trouver. Mais le chercher, sans relâche. Une quête à rebours. Les mots sont comme ces taches d’encre pliées sur une page blanche, offertes à l’interprétation. Ils disent à l’envers, ils se lisent à l’envers. Ils errent dans des jeux de miroirs, maraudant ici ou là des significations arrachées à notre quotidien, à l’accumulation de nos gestes, à nos répétitions incessantes, nos entêtements. Nos avidités. Nos impatiences. Mais dans écrire, il y a un secret. Une porte scellée. Le dire serait dire le nombre de notre mort.

Entre les phrases se trouvent de larges flaques, nos lieux de manque, de silence. Parole dévoilée dans l’instant où elle se dérobe, où elle s’absente. Il y a dans le récit un instant de fatigue, un fléchissement, une courbure dans la voix. Cela ressemble aux cendres d’un désir. Ou, cela ne ressemble à rien. Les mots sont là, suspendus, dans l’attente d’une révélation. Ou plutôt dans la crainte d’une révélation. Entre chaque mot, il y a une eau qui passe, lente et mystérieuse. Une eau patiente. Troublante. Le mot d’après est un mot sauvé, malgré nous. Le mot d’après est une ile déserte, une terre isolée qu’il nous faut habiter. Découvrir.

Entre les mots, il y a des visages, des regards, des mains qui se tendent sur la bordure des lettres. Il y a tout un monde. Il y a des soupirs. Le mot d’après est une aube, la consolation d’une nuit blanche.

Celle-là resserrait les mots de son écriture, les rendait denses, enlevait l’espace et la respiration de peur de se faire prendre par un silence. La profusion verbale pour aiguiser son angoisse. Fébrilité d’une langue malade d’elle-même. Écriture pleine de bruit et de fureur. Pleine. Trop pleine pour accoucher du sens. Voix égarée. Nourrie de sa propre ivresse. Enfermée sur elle-même. Sur sa propre contemplation. Écriture étouffée. Bâillonnée.

Cette autre distendait la parole, la coupant à la césure de la chair, de l’os, ouvrait de larges océans entre chaque mot, faisait naitre la nuit et l’aurore. Chaque mot bordait les plaies de la mémoire, offrait leur souffle aux douleurs. Chaque mot dessinait la courbe du temps. Les montagnes. L’hiver, la neige, leurs longues marches solitaires où l’espérance colore la mélancolie. Écriture du murmure. Du crépuscule. Du secret des amants.

Il y a dans écrire de l’amour en jachère. De l’abandon. Jusqu’à l’ultime, qui est une énigme. Juste derrière la vitre des mots, justes derrière le miroir sans tain des mots. L’énigme qui tient tout l’édifice. Pourtant, il y a des amours en jachères. Dans chaque mot, il y a toujours un peu plus que le mot. Ce plus peut nous faire vivre, comme il pourrait nous faire mourir.

Ils ont inventé les chiffres pour compter leurs troupeaux. Ils ont inventé l’écriture pour y mettre les secrets, pour les bruler. Tous les secrets sont des secrets d’amour. Écrire, évite de prononcer les mots magiques.

Écrire scelle le silence autour du désir.
Écrire définit les contours du pacte.

Franck.

Nous avons besoin de la nuit pour nous souvenir...
Etre certain qu'elle revienne sans cesse...

9 mai 2021

À peine quelques mots…

 

Comme une sorte de patrimoine génétique, nous marchons dans nos textes avec une poignée de mots, toujours les mêmes. Quoi que l’on fasse, ils demeurent là, toujours les mêmes. La même poignée de cailloux qui roulent sur notre parole. Ils sont la rocaille de notre langue. On voudrait en changer, et l’on n’y parvient pas, puisque l’on se décomposerait si l’on y parvenait. On pourrirait sur place. Dans l’instant. Ce sont eux, ces quelques mots de hasard, qui nous tiennent, avec les tonnerres qu’ils trainent, les tempêtes qu’ils brassent. Tout tient sur quelques mots. Cinquante, cent : pas plus. C’est notre trésor, notre chemin de croix. Quelques mots, toujours les mêmes. Bien sûr que l’on voudrait les contourner, que les chemins du texte voudrait s’en éloigner, mais ils reviennent comme une vague, comme une grosse marée, comme si notre pensée, toute notre pensée, se rassemblait là, en quelques mots, toujours les mêmes, comme si nos sensations, nos impressions, nos sentiments, nos élans, notre espérance tenaient entiers, là. En quelques mots. Toujours les mêmes. Un petit sac de cailloux. Poussière tenace du verbe.

Ils s’inscrivent dans le texte à notre insu. On ne fait que les retrouver, on ne fait que leur céder. On bute, on trébuche dessus, puis on cède. On ne les a pas choisis. Ils ont toujours été là, en nous, avant nous. Ils nous attendaient.

Écrire, c’est le double mouvement qui tente de nous en éloigner, mais qui nous y ramène. Toujours. Dans chaque texte existe une fatalité. Il y a ce mouvement de la vie, de la mort. Il y a ces mêmes mots entre les deux élans du mouvement, cette tension de quelques mots jetés au hasard de la page, qui se regroupent, pour nous signifier, pour nous éprouver un peu plus.

Même chant de l’usure. Ils sont la voix d’avant notre voix, ils nous précèdent dans les saisons à venir, dans les saisons passées. Nos pauvres mots. Misérables. Pitoyables.

Peut-être nous retiennent-ils en nous même de peur que l’on ne s’enfuie ? Peut-être sont-ils la terre de notre exil ? Le seul chant que nous connaissons. Sable, restes, rognures de nos chagrins. Ils enchainent notre langue. Ils nous signent. Ils nous saignent. Ils nous assignent. Ils sont le champ clos de nos errances, de nos courses empêchées. De notre pauvreté.

On les répète sans cesse : c’est cela qui nous effraie, qui nous sidère. Qui nous fait croire fous, déraisonnés.

Alors, on appelle le silence, pour les taire, pour les tuer, pour les blesser. Mais, même au creux de notre silence le plus profond, ils sont là, tapis dans l’ombre de la langue, ou dans un coin de désir, ou dans un éclat d’espérance.

Chacun a les siens, comme chacun a sa croix. Ces pauvres mots qui débordent de leurs significations, parce que nos vies les ont dévoyés, corrompus, parce que l’on les a chargés comme des navires, qu’ils dérivent maintenant dans notre parole, loin des ports, des escales, loin des rives, loin des âmes.

Alors, on les retrouve de texte en texte, comme des hoquets de la langue. On les retrouve avec des habits différents, des couleurs changées, ils tentent de se dissimuler, mais toujours ils reviennent. Toujours, ils sont là. Cailloux usés de notre indigence. Cailloux roulant la langue, pesant du poids du malheur, du destin, comme un enchantement ou un ensorcèlement. Ils sont la litanie de nos jours, de nos heures d’écriture, ils conduisent le texte là où ils veulent, toujours au bord du gouffre, toujours au bord des peurs, découpant la forme de notre ile, découpant nos distances.

Au début, on les croit nos amis. Alors, on les invite au festin de la parole. On croit aux noces, aux significations, aux révélations. Ils permettent d’avancer dans la langue, puis on commence à les user. Ils deviennent familiers. Trop. C’est après qu’ils se déploient. Parce qu’ils sont juste un peu plus grands qu’eux-mêmes, ils se déploient. Parce qu’ils débordent juste un peu de leur sens, parce qu’il y pend toujours un peu de notre chair. Ils se déploient, comme la toile d’une araignée. Ils sont là avant le texte. Avant nous. Pour parler le texte à notre place. Pour raconter leurs propres histoires, indifférents à la nôtre. Ils racontent une histoire que l’on ne comprend pas toujours, une histoire dont on est exclu souvent.

D’où nous viennent ces mots, ces mots qui se répètent ? Comment se sont-ils accrochés à notre langue ? Que savent-ils que nous ne savons pas ?
Peut-être qu’écrire, c’est ne pas utiliser toute la langue ? Peut-être est-ce tenter de tout dire avec très peu ? Peut-être qu’écrire, c’est précisément cette répétition inlassable de quelques mots ? Peut-être est-ce cette pénurie, cette pauvreté de nous, cette indigence. Peut-être qu’à force de les répéter, leur sens peut s’agrandir à l’infini. Peut-être qu’il ne suffirait que d’un seul mot ? Un, et  innombrable… Peut-être…

Les plus beaux bouquets sont faits de peu de fleurs. Pas les plus grandes. Pas les plus belles. J’en ai reçu d’éternels, qui n’en avaient qu’une.
Une petite fleur de talus, froissée, nue, tenant l’univers dans ses pétales.

Franck.

2 mai 2021

Deux portes…

 

Puis il y a l’attente. L’attente et ses deux grands portails. Souvent, je les confonds. Je les connais, pourtant, je me trompe.
Souvent.
Dans l’attente, se présente deux portes.

La première ouvre sur un sourire, des retrouvailles. C’est l’attente pleine. Le sang bat plus vite. Le cœur se charge, s’embellit, se prépare. C’est un temps qui augmente. L’amoureux attend l’amoureuse. Les secondes tintent claires. Un ruisseau d’eau vive saute, sursaute, courant toujours plus vite vers le soleil. C’est un temps éclaboussé où ne surnage que l’écume bouillonnante de l’âme. Quelque chose en nous s’aiguise, s’allège, s’apprête. Nous sommes sur le point de partir. On est déjà parti. On ne s’appartient plus. On est déjà à l’autre. Ce n’est plus notre corps. C’est le sien que l’on touche, ce n’est plus nos paroles, mais ses lèvres que l’on boit, ce n’est plus de la soif, mais une eau fraiche qui mouille la peau. Ce ne sont plus les semailles, mais déjà la floraison. Le manque vient à manquer. C’est un temps de désordre joyeux, du vent sous les jupes des saules.

La deuxième porte. Celle qu’il ne faudrait jamais franchir. Pourtant… On est au cœur d’un temps dévasté, qui n’a plus de rives, plus d’horizon. Chaque seconde s’abreuve de notre sang. Les secondes sont noires parce que le sang est noir. Rien n’est douloureux, mais tout est lourd. Plat. Lourd. C’est un temps qui ne ressemble à rien, sinon à nous-mêmes, un reflet plat, délavé dans une glace fêlée. Un temps de chair molle où les organes s’affaissent, où la mémoire trahit. Rien ne bouge puisque tout a vécu, et que renaitre est un déchirement. Rien ne bouge dans cette ornière du temps. L’Autre n’a pas de visage, plus de souffle. L’Autre s’est perdu dans tous les autres. C’est un temps d’aveugle, sans réponse, puisque la question s’est diluée dans nos renoncements, dans nos lâchetés. Le manque s’ajoute au manque. Ainsi, le silence n’a plus de sens puisqu’il n’est plus offert.

Chaque matin, il nous faudrait sans trembler recommencer l’inévitable choix entre ces deux portes d’attente. Un peu comme on ouvre la fenêtre ou que l’on la laisse fermée. Souvent, je me trompe en laissant les vitres closes croyant me protéger de quelques courants d’air, du vent, qui pourrait m’apporter le chant d’un oiseau, la couleur d’un printemps, ou les rires des enfants. Les nouveaux amours voyagent par les airs, ils s’amusent du vent. Je devrais laisser ma fenêtre ouverte, plus souvent…

Franck.

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