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J'irai marcher par-delà les nuages
30 juin 2007

Le baiser abandonné....

Mes plus belles caresses sont celles qui sont encore dans mes doigts, comme une peau de cendres. Mon plus tendre baiser est encore sur ma lèvre. Il est ma ponctuation. Je respire dans ce souffle qui me reste, celui que tu m’as laissé, comme s’il était le dernier. Le seul.

 

Comme ces grandes baleines échouées dont l’évent se contracte sur un vide noir et froid. Et froid. Oui, je suis comme ces grands mammifères échoués qui se sont trompés de continent, qui se sont trompés de dérive, de saisons qui se sont trompés de visages. Toujours. Les histoires de baleines sont des histoires de harpons. Et leurs chants sont des plaintes. Et Leurs nageoires ne les font pas voler.

 

 

Je suis dans ton silence, comme échoué. Le silence qui n’est qu’une absence n’est pas un silence. Il est une simple négligence. L’insouciance n’est pas un pays. Tout juste un rocher sur lequel on s’arrache le ventre. Pour s’échouer. Je respire dans ce souffle qui me reste, dans ce baiser déserté, abandonné.

 

Aux bouts des quais s’enlisent les souvenirs, et se noient les chagrins. Et sur les bancs de sables mugissent les baleines. Aux bouts des quais les paroles sont vaines. Les résonnances, les correspondances, les vibrations ne sont que des pieds de nez du destin. Des hasards malheureux qui nous font trébucher.

 

Mon plus tendre baiser est encore sur ma lèvre.

Et m’étouffe.

Franck.

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24 juin 2007

Comme l'arbre pense aux saisons.....

Elle écrit avec une paire de ciseau. Et ce n’est pas des mots qu’elle découpe. C’est de la chair.

L’écriture est une géométrie impossible. Le centre se trouve à l’extérieur. Partout, sauf au centre mathématique. Ailleurs.

Chaque île se trouve au centre de l’océan. Chaque étoile est au centre du ciel. Le temps est sans présent. Il n’y a que la présence absolue, indicible. Un effarement perpétuel.

Ici on croit voir la flèche partir des doigts de l’archet pour aller vers le centre de la cible. Ecrire c’est savoir que la flèche part, en vérité, en vérité vraie, du centre de la cible pour aller aux doigts de l’archer. Ainsi le monde. Mon reflet se trouve imprimer sur la glace bien avant que je la fixe. Ainsi l’amour.

 

Ses eaux viennent des profondeurs de la terre. Ses mots ont voyagé, on le sent à ce souffle court, à ce goût de souffre sucré, et à l’épuisement qu’ils réveillent en nous. Cela fait des siècles qu’ils voyagent, ses mots.

Un jour, ils l’ont choisie, elle, et pas une autre.

Alors elle s’applique, sans plainte à découper dans le gras de la vie.

 

Nous passons notre existence, non pas à aller, mais à rejoindre. Et notre errance ne sert qu’à rattraper cette part de nous qui nous précède.

Ce qui nous quitte nous agrandit. Ce qui m’est arraché s’inscrit dans le firmament. Orphée est démembré, et chaque morceau de son corps est placé aux cieux. Ainsi ses yeux.

 

Elle écrit avec une paire de ciseau. Et ce n’est pas des mots qu’elle découpe. C’est de la chair. On le sait à la trace qu’ils laissent. A leurs empreintes sanglantes sur notre peau de lecture. Une brûlure.

La poésie brûle, c’est à ça qu’on la reconnait.

 

Les mots qui ne sont pas passées au feu, qui n’ont pas marché sur des braises, ne valent pas d’être écrit. Un mot digne de ce nom, doit sentir la cendre, avoir ce goût de brûlé. L’écriture est une viande cuite, encore saignante, mais cuite.

 

La première tribu, inventa la première langue au-dessus du premier feu. La voix passait sur les flammes et se mettait à danser dans les yeux, dans les corps, dans les os, dans les rêves. Alors il y eut le premier chant.

 

Les amoureux retrouvent cette parole du feu. Presque muette. L’incandescence du silence. Aimer c’est souffler sur des braises encore chaudes et rouges. Eternellement chaudes et rouges. C’est la danse et le chant de la voix.

 

Pour entrer dans la maison de l’amour il faut ouvrir la porte de la solitude. C’est son chant murmuré, à chaque poème.

 

Car chacun de ses mots passe au trébuchet : d’un coté l’amour, de l’autre le silence. C’est un travail d’orfèvre. Le ciseau découpe la pierre. Bien des mots se brisent, mais ceux qu’elle me tend fascinent, par l’élégance, et cette force faite de simplicité et d’insoumission.

 

Je pense à toi, puisque penser à toi m’enracine.

Puisque penser à toi me rend à ma langue.

Je pense à toi, comme l’arbre pense aux saisons, quand chaque défaite renouvèle l’espérance.

 

Et le vent viendra arracher mes feuilles, puisqu’elles iront vers toi, puisque sur chacune d’elle n’est écrit qu’un mot.

Je pense à toi pour cette solitude que tu me rends.

Et cet été de fruits mûrs.

Je pense à toi pour penser à toi, c’est tout.

Et c’est suffisant pour occuper toutes les heures de tous mes jours.

 

Franck

23 juin 2007

C'est de nuit que tu viens......

C’est la nuit. C’est la nuit que tu viens, avec la vie la plus bouleversante. La nuit, dans ces mouvements de sommeil fragiles. C’est là que tu insinues ta présence flottante, dans ces instants où l’on n’est pas encore complètement réveillé. Tu viens en passant par ma poitrine, par un resserrement du souffle. Et par le lent glissement d’une vague.

 

 

 

La nuit est un temps décousu, écorché, qui laisse des espaces vides, de larges failles, comme des déchirures, par où s’échappent le surcroit de vie. Le débordement de nos existences. Les grands voyages de l’âme se font de nuit, à travers ces brèches de temps noirs. Et les mystères s’y dévoilent. Et nous nous pressons de les oublier le jour venu, par faiblesse, par lâcheté. Notre irrésolution est souvent consternante

 

 

 

Les vérités du jour sont sans intérêt, elles ne touchent que la surface de nos destinées, celles de la nuit, nous traversent Van_Gogh_la_nuit__toil_e_sur_le_Rh_necomme la lame d’une épée. Et parfois la révélation est si violente qu’on la repousse en plongeant dans le sommeil.

Le jour nous vaquons, mais la nuit nous errons. Nous retrouvons notre vraie nature, sans attache, sans bords. Notre nature pénitente. Nos yeux de vagabonds. Si de jour, nous nous savons mortels, de nuit, nous nous vivons mortels. Et souvent nous sommes déjà morts.

La nuit est notre source inépuisable.

 

 

 

La nuit nous rend notre enfance, celle que nous gaspillons le jour. Avec ses peurs incontrôlables. Avec ses désirs inavouables. Et notre présence inachevable.

 

 

 

Les nuits ne succèdent pas aux jours, elles les précèdent, parfois elles les annoncent. Car le premier jour du monde fut une nuit. Notre mémoire le sait bien. Et notre saison d’exil est bien le jour, et notre véritable patrie est bien la nuit.

 

 

 

Nous venons de la nuit, du silence et de la mer. La vie du jour nous en éloigne. Ecrire, en assemble les fils désunis.

De la nuit, du silence, et de la mer.

 

 

 

C’est la nuit que tu apparais, avec la vie la plus bouleversante. Vêtue d’un impénétrable murmure. Tu surgis comme une puissante marée, pour brasser mes eaux mortes. Tu viens avec tes îles les plus imprenables. Car toi seule sais que nosNuit paroles sont vaines, et ne sont là que pour défigurer le silence, le griffer, l’épuiser, le corrompre.

Se taire aboli l’espace et les lois divines

C’est ne jamais se dire adieu. Et c’est de nuit.

C’est poursuivre sans fin, tant que l’on a le courage d’accepter la défaite de l’écriture, et de renouveler cette défaite. Et c’est de nuit.

Ecrire c’est perdre ce que l’on n’a pas encore. C’est la nuit qui nous l’apprend. Il n’y a pas de sagesse la nuit, il n’y a pas de pensée, il n’y a que la perte. Et c’est de nuit.

 

 

 

Aimer c’est répéter, renouveler sans cesse la virginité de l’amoureuse. Et c’est de nuit. Ecrire c’est lui donner un nom. Et c’est de nuit.

 

 

 

Et chaque nuit tu viens pour nos épousailles impossibles et muettes.

Et c’est de nuit.

Et c’est de nuit que ta chair prend tout mon sang.

Et que les cerisiers fleurissent.

Franck.

17 juin 2007

J'ai faim.....

Comme si l’amour se trouvait dans l’œil. Puis dans la respiration. Le regard est envahi, puis les poumons. L’autre est en nous bien avant qu’on le touche. Il était attendu. Et nous étions en lui, bien avant la rencontre. On ne connaît jamais personne, tout au plus nous acceptons de reconnaître ceux que nous aimons. L’œil et l’odeur sont le premier langage. Le plus juste. Nous venons d’un ventre sans langage. La voix, n’est que la voix de l’arrachement et du mystère. Nous venons d’un ventre sans distance. D’un océan clos, traversé par des voix inconnues. Nous sommes habités, bien avant laimages naissance.

Aimer, c’est se souvenir.

Retrouver le murmure. J’appelle ça, la langue du lait. La mère serre l’enfant contre sa poitrine abandonnée à une bouche gorgée de vie. Et la mère baisse les yeux vers cette bouche. Et elle est dans l’effarement de cet échange insensé.

La mère presse sa chair pour l’offrir, et presse son sang pour s’oublier. Et c’est un monde, là, à cet instant précis. Et c’est un univers qui bascule.

La mère parle à l’enfant dans une langue inconnue. Et elle accompagne les yeux de l’enfant avec des mots impossibles, des mots inventés, des mots presque silencieux, des mots égarés dans le souffle. Et la mère parle, et l’enfant prend son sang, c’est ça la langue du lait. C’est la première langue que l’on entend, c’est la plus douce, la plus vraie, la plus nourrissante. Et grandir c’est l’oublier. Et écrire c’est retourner à ce premier murmure et c’est venir mourir à cette première source.

Comme si l’amour se trouvait dans l’œil. Puis dans la respiration. Puis sur les lèvres. Puis dans le souffle. Puis dans la voix murmurante. Les amoureux disent des choses insensées, qu’aucun livre, qu’aucune écriture ne serait redire.

Les amoureux ne parlent pas, ils tètent à nouveaux le lait de leur enfance.

J’ai reconnu ton œil. Et ton odeur. Et j’ai bu chacune de tes paroles.

Et depuis ton jour, tu es mon lait.

Et depuis toujours tu me nourris.

J’ai faim… parle-moi !

 

 

 

Franck

16 juin 2007

Rien ne s'écrit.....

On invente des mots pour les mettre à la place des gestes qui manquent à notre vie. Ecrire c’est déjà avoir échoué. Quelque chose est advenu.

L’îlien, au départ, croit que le monde a la forme unique de son île. Et puis le premier bateau arrive. Et c’est un désastre de joie et de désespoir. Quelque chose est advenu. Au départ l’îlien ne manque de rien, il a tout, il est maître du monde. Et le premier bateau arrive, et soudain il est dépossédé de tout.

Ecrire c’est faire arriver des bateaux sur nos rivages. Les mots viennent et nous dépossèdes. Les mots ne disent jamais les histoires, ou si peu. Ils parlent du pays à venir qui n’existe plus.

Ecrire c’est rendre le geste impossible.

Tout s’écrit, mais jamais rien n’est signifié.

On écrit pour ce baiser qui ne touchera jamais mes lèvres.

Les moissons ne lèvent pas sur les champs d’écriture. Elles sont dans un désavenir, comme les âmes errantes des limbes. Ni l’enfer, ni le paradis. Et l’enfer, et le paradis.

Ecrire est le trait le plus triste de notre nature, la marque de notre bannissement. Quelque chose est advenu. Le bateau des mots, nous fait île, et brusquement l’exil ressort de notre mémoire. Et l’horizon change.

La lune joue sur ses grandes octaves de mystère.

Et je sais bien que mon exaltation n’est que le sens de mon inachèvement, et que ma véhémence signe l’inextricable de mon chemin.

Tout s’écrit, mais rien n’est vraiment dit, et l’on continue à écrire pour opposer à la folie quelques parcelles chimériques.

La vérité gît aux cœurs des illusions. Comme l’île au milieu des océans. Et qu’un bateau délivre et désespère à la fois.

Et moins je te parle et plus je te dis, car c’est ainsi que font les étoiles, qui jouent au silence et à la nuit. Tout s’écrit, la nuit, l’amour, tout s’écrit, mais tes yeux, ta voix, ta nuit qui peut la dire ?

Tout ce que j’écrirai viendra à la place d’un baiser impossible.

Franck.

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10 juin 2007

Trou....

Puisque nous sommes sans rive aucune paix ne nous consolera. L’oubli est encore une façon de me souvenir de toi. C’est un trou. Un peu comme un caveau dans le cœur. Et notre cœur est un cimetière abandonné. Immense comme les champs de batailles, avec leurs brumes pâles, avec leurs petits matins dévastés, désavoués. Le jour trahi toujours la nuit.

 

Il y a un instant particulier dans le désert lorsque le jour parait. Bien avant le soleil, il y a cette blancheur fade avec l’immensité qui se dévoile peu à peu. Cet instant appartient à la mort. A la folie. Au désespoir. Je jour n’est pas encore le jour, dans ces instant plus rien ne tient, plus rien ne vaut. La nuit du désert est sans horizon, l’œil s’accroche au ciel et c’est suffisant. A l’instant du jour, l’horizon est sans fin et la solitude accablante. Menaçante. C’est un trou dans le jour. Cela dure très peu de temps, mais cela revient tous les matins, comme si tous les matins il fallait renouveler ses vœux, son acquiescement. La traversée d’un cimetière abandonné fracassé de silence. Un désert de présences disparues. Et c’est la mélancolie qui nous sert de vaisseau pour ces traversées au point du jour. Ainsi va mon amour. De matin en matin, de perte en perte.

 

Aimer, c’est commencer à se séparer. C’est marcher vers un trou. Un trou de vie.

On est perdu. Depuis la nuit ancestrale, on est perdu. Aimer c’est retrouver cette perte primordiale en croyant la dépasser. Aimer, c’est déjà dire adieux. Et la mélancolie nous garde en vie.

 

Il y a un moment où la parole meurt par anticipation. Elle est sans but, sans destination, elle est simplement la mort qui rôde, la marque de notre exil. Elle est un silence qui se ment à lui-même. Elle tombe dans l’entre-deux. Le vide irréconciliable, puisque nous sommes sans rive.

 

Le sans réponse occupe une place infinie en soi. Chacune de nos paroles qui n’est pas entendu s’élargie comme un grand lac noir. L’autre, qui me tait, occupe toute la place. Chez moi, il est chez lui. Les dieux le savent, eux qui ne répondent jamais. Moins ils répondent plus ils sont présents.

Entre la voix et le silence il y a un trou. C’est un abîme. Les êtres y trébuchent souvent. Et l’amour y fait son lit.

Entre la voix et le silence il y a un trou.

Ainsi mon amour. Entre mes doigts et ta peau, il y a un trou. Des constellations s’y glissent.

Je t’ai confié à ma voix pour ne pas te perdre.

Tu m’as ancré dans ton silence pour ne pas me perdre.

Comme si les naufrages n’existaient pas.

Nous sommes sans rives. Insaisissables. Inaccessible à nous-mêmes. Et l’autre défini notre pays. De même que notre exil définitif. La seule chose que je sais de moi, c’est toi.

Je t’ai confié à ma voix pour m’ouvrir en deux. Et franchir un abîme.

Et nous faire un lieu, où le dénudement ne serait pas la nudité.

Aimer c’est désunir le silence.

C’est dénouer le temps.

C’est la voix du cri sans le cri.

Franck.

9 juin 2007

Les murmures du silences.......

LUI

 

« Avec cette lenteur. Je vais bâtir un navire. Puisque la lenteur est le chant de l’amour. Puisque la lenteur pèse de la toute présence, et du temps, et du tremblement. Avec lenteur, puisque la lenteur arrache leurs sanglots aux heures, et la vérité aux gestes. Je ferai un navire, pour ce voyage entre nos ombres et nos frémissements, pour ce voyage de peau, pour ce voyage vers l’île perdue de nos corps. Car nous prendrons le large, puisque le large c’est nous. Et que c’est désormais notre seul territoire. Notre seule destination. Et l’achèvement de nos horizons.

Je vais t’offrir le plus beau des cadeaux, la plus belle des fleurs, et la source la plus miraculeuse. Et tu toucheras la vie au plus près du sang, et nous découvrirons ce qu’est l’amour quand il devient tes lèvres, quand il devient ta main sur ma main, tes doigts mêlés dans les miens, tes yeux sur mes yeux, nos larmes dans nos larmes. Car toi seule sauras ce qu’est l’orage en plein soleil, et le désir quand il devient ruisseau, et fleuve, et océan.

 

Alors nous écrirons la loi des amoureux, qui dit que les fleuves naissent de l’océan qui les recueille. Baiser après baisers, nous écrirons l’histoire des voyages, des départs, des immensités. Car c’est la loi des étoiles. La seule qui nous oblige.

 

Je t’offre ce corps pour que tu m’apprennes comment la douleur d’un espoir se transforme en extase, et comment le don succède à la perte. Car toi seule sais, que la vraie puissance n’est pas le pouvoir, et que la fragilité de nos cœurs vaut mieux que tous les serments.

 

Aujourd’hui je ne prendrai pas ton corps puisque je t’offre le mien, et puisque nous sommes au large de nous-mêmes, si loin de tout. Il te faudra seulement être le vent pour m’accueillir, être lumière pour me brûler, être musique pour le don des murmures, être coquillage pour recevoir mes larmes.

Aujourd’hui, avec cette lenteur, tu m’apprendras que le poids n’est pas lourdeur, et que la grâce se tient dans le souffle.

Alors belle amoureuse je te ferai l’offrande de mes cris quand ils sortent de ma chair, et de mes gémissements quand ils sont miséricorde. Et tu seras la vague, et serais le sable, et tu seras la vague, et j’en serais l’écume. Viens envoûter nos jouissances, viens prolonger nos ventres, viens nourrir notre ivresse, viens t'effondrer dans mon âme.

Avec cette lenteur.

Avec cette lenteur, je vais bâtir un navire. Et tu seras voyage. Avec lenteur, puisque la lenteur est désormais notre unique royaume. »

 

ÍÎ

 

LE SILENCE qui les sépare….

 

ÍÎ

 

 

ELLE

 

« Je veux sentir tes doigts sur chaque partie de mon corps, avec lenteur, comme un navire qui fend l’océan pour le recomposer indéfiniment.
Je veux que tu en découvres toutes les formes, toutes les couleurs, tous les velours, toutes les soies.
Je veux que tu ailles dans tous ses mystères, et que tu fouilles tous ses secrets, toutes ses ombres.
Je veux que tu l’ouvres, que tu épanouisses ses fleurs une à une.
Je veux sentir l’éclat de ton souffle à l’intérieur de mes chairs, et tes baisers humides brûler mes tremblements.

Je veux sentir tes frottements jusqu’au cœur de mes os.
Je veux te voir vibrer dans mes moiteurs secrètes, et te perdre dans mes broussailles obscures.
Je veux te donner ma source, mes liqueurs odorantes.

Je veux te donner mes plus beaux orages, et t’emporter dans un tourbillon d’ivresse.

Oui, je veux te donner mes résistances, et mes peurs vaincues. Que tu sois ma plus belle défaite, que tu déploies mes abandons, et que tu sacres mes renoncements.
Je veux ta tourmente pour me sentir mourir et renaître dix fois. Cent fois. Mille fois.
Je veux crier ton nom pour oublier le mien, être indécente et dévastée.
Je veux que tu me perdes pour me redécouvrir à chaque instant.

Oui, je veux être ta morte et ta vivante à la fois.
Je veux sentir en moi la vigueur de ta chair, la chaleur de ton fleuve, la puissance de ton feu.
Je veux sentir ta violence déchirer mon désir, jusqu’à la douleur, jusqu’au supplice, même jusqu’à la tendresse, pour me noyer enfin dans le ravissement. Bien après le vertige, jusqu’à l’éblouissement.
Je veux que tu épuises toute mes forces, tous mes cris, tous mes blasphèmes. Prends mon corps, prends mon âme, prends ma vie, prends ce que tu veux, vole-moi, détruit-moi !
Aime-moi ! »

Franck.

3 juin 2007

Un oeil dans les mots.....

On aime pour que rien ne cesse. Jamais.

Ou pour que tout cesse. Toujours.

On écrit, parce qu’un jour on a lu. Et c’est bien cette première lecture que l’on reprend dans écrire. Pour que rien ne cesse. Jamais. Ou pour que tout cesse. Toujours.

Comme si aimer, écrire, c’était défier le temps. Une offense, parfois un outrage. A coup sûr un hors jeu. Ce je, lieu des promesses crucifiées. Des illusions. Des mensonges.

 

 

 

Comment dire l’élan. L’élan vers toi, seulement cette soudaineté de l’élan. Comment dire ce mouvement de tout le corps qui troue l’espace en une fraction de temps. Cet élan qui précède toute pensée, ce coup de sabre dans la chair. Violent. Brutal. Insensé. Miraculeux.

Dès que l’élan est passé mon être se désagrège. Quelque chose se dilue. Mon eau se trouble. Mais l’élan, tu comprends, lui il est pur, compact. Ecrasant d’une vérité fulgurante. Absolue. Comme si brusquement tout mon être se récapitulait. A cet instant précis, tu es mon addition. Ma totalité. Ecrire l’amour c’est être dans le contre temps, déjà dans la trahison.

 

 

 

Il faudrait que je ne dise rien. Simplement consumer le silence. Avec seulement cette brûlure de ce temps vers toi. Les cerisiers fleurissent sans rien dire.

Ecrire est un deuxième arrachement, un impossible rapprochement.

 

 

 

Pourtant, je voudrais, là, dépasser mes mots, et les rendre impudiques.

Oui, frotter les mots comme l’on frotte les peaux jusqu’à l’indécence. Et parler, comme l’on caresse, ou comme l’on touche. Je voudrais donner des yeux à mes mots. Pour qu’ils te regardent. Qu’ils soient la couleur de l’ombre qui t’accompagne. Je voudrais qu’ils puissent contempler chacun de tes rêves, pour protéger ta nuit. Je voudrais que tu les sentes si présentes qu’à leur simple écoute tu veuilles dévoiler un peu de nudité, ou au contraire, croiser tes bras sur ta poitrine en baissant légèrement les yeux.

Oui, je voudrais des bras à mes phrases, pour qu’elles t’enlacent.  Qu’elles se tendent vers toi au réveil pour le premier baiser.

Je voudrais que ma voix soit assez nue pour te faire pâlir, et consumer l’innocence de l’aube. Et frotter nos mots, jusqu’à la moiteur, jusqu’à la sueur. Je voudrais que tu les sentes s’arrondir sur ton sein, que tu les sentes appuyer sur ton ventre, que tu les sentes pesants sur tes cuisses comme une nuit d’ivresse et de chair. Comme si le texte entier était une alcôve assombrie de désir.

Tu sais le plus court chemin pour le mot c’est le baiser. Lorsque sur le point de se dire il s’efface pour effleurer la lèvre qui le cueille. Lorsqu’il devient souffle avant d’éclore en silence.

Je voudrais dépasser mes mots, et les rendre impudiques, inaudibles à force d’indécence.

Alors chaque mot vaudra un baiser. Et chaque baiser s’écrira sur ton corps, dans le frôlement de ma voix. Chaque mot se posera sur tes soupirs les plus impénétrables, jusqu’au sanglot, jusqu’à la plainte.

Jusqu’à l’épuisement de la langue je nommerai la création pour ne jamais cesser de t’aimer, pour encore sentir ton odeur dans ce rêve d’écriture, pour toucher ta paupière du bout d’un silence.

 

 

 

Ecrire est un deuxième arrachement, une impossible séparation. 

Ici, s’invente une histoire qui nous déborde et qui nous sacre.

Ici, s’invente le dangereux. Le miraculeux. Ici, on brûle les dieux. Et l’amoureuse tremble. Et l’amoureux chancelle. Les amours de papier traversent les chairs plus sûrement que la lame d’un sabre. Les dieux qui savent tout, ne s’y sont jamais risqués.

On aime, on écrit pour que rien ne cesse. Jamais.

Ou pour que tout cesse. Toujours.

Franck.

                                        

2 juin 2007

Chandelle......

La chandelle révèle la profondeur de la nuit. On sait que quelque chose se consume au-delà de la cire. Forcément on le sait. J’ai allumé cette petite bougie. Pour t’attendre. Les flammes font voyager les âmes dans ces petites sorcelleries dérisoires.  Alors je t’attends dans la flamme d’une bougie taciturne. Je ne t’attends pas pour te faire venir, je ne t’attends pas parce que tu pourrais revenir, je t’attends pour t’attendre seulement. T’attendre jusqu’à la fin.

 

 

 

Si l’attente est notre destin, alors t’attendre suffit à effacer mes peurs. J’ai allumé une petite bougie, et la nuit est venue, ainsi que cette solitude saturnienne. Je n’ai pas d’impatience, puisque je t’attends. Comme lorsqu’on regarde la mer, les vagues, l’horizon vide. On est là, assis sur un rocher, et l’on attend. Et l’attente est un océan silencieux avec son flux et son reflux, ce balancement des sensations, et l’empreinte du temps toujours renouvelée. L’étonnement et le saisissement. Bruissement des eaux, et lent, et long mouvement vers les temps à venir, des temps différents. 

Mon océan est éclairé par cette seule bougie. Et je t’attends. Sans impatience.

Puisque tu ne viendras pas.

Avec le flottement de la flamme sur la paroi des heures.

Je peux bien t’appeler puisque tu ne viendras pas. Je peux bien t’espérer puisque cela suffit au salut des marées, des vents, des tempêtes. Je peux bien allumer des chandelles pour faire trembler ton visage, pour dessiner tes yeux puisque nos souffles ne se rapprocheront plus.

                                           dontlinkme

 

 

 

Le temps des chandelles et un temps infini. C’est un temps sans réponse, c’est pour cela qu’il sert aux prières, aux solitudes. Aux écritures. Et aux morts.

La chandelle accentue la nuit, la rend plus nette, plus pesante, plus définitive. Elle fixe les rivages d’une nuit sans aube. Et c’est un éternel crépuscule. Et l’amour brûle et s’épuise dans sa lumière fragile. J’ai allumé cette petite bougie pour rétrécir le monde, pour enlever les distances, pour défaire le chagrin.

Qu’importe.

Je sais bien que ces misérables cérémonies, ne changeront pas l’écrasement. Je sais bien tout cela. Sans doute rendent-elles plus facile ou plus simple la traversée des illusions.

Mais peut-être que cette bougie recèle encore dans son feu intime quelques mystères, quelques secrets. Puisqu’il n’y a pas d’espoir. Et que c’est mieux ainsi.

Et ce soir cette bougie est une île dans ma nuit d’océan. Elle est ton île, elle ma tempête. Elle marque un lieu qui n’existe pas, un lieu de chair absente, et sa lumière c’est un sang manquant, un sang tremblant. Ici, ce soir, c’est nulle part, et partout ta présence.

 

 

 

Le temps des chandelles est un temps d’innocence et d’aveu désarmé. C’est le silence qui brûle. Et l’amour qui s’égare.

La lumière silencieuse de ces flammes consolées, presque soulagées, presque assouvies, accentue la nuit. Et désormais le silence peut bien s’aggraver et la menace se préciser.

Où es-tu beauté pâle ? Ta douceur se consume et n’en fini pas de s’enrouler à la flamme captive.

 

 

 

                                      normal_bougie

La bougie éclaire toujours la face du naufragé, et brûle toujours ses rêves. Et la vie s’épuise, ombre après ombre. Sans impatience.

Il y a des soirs, des nuits, où l’on allume une bougie non pour veiller l’absente, non pour la faire revenir, mais pour l’embraser, et donner des couleurs à la tristesse, et étouffer le cri.

Je t’attends, toi qui ne viendras pas.

Et plus la nuit s’avance, plus l’attente se déploie.

Et plus l’amour se simplifie.

Le feu rassemble les amants séparés, il purifie leurs regards, il invente les caresses en dessinant les peaux.

Apprivoiser l’obscur c’est ce qu’il nous reste après les chuchotements. Comme si l’amour nous préservait d’un dernier sanglot, ou d’une ultime suffocation.

Où es-tu ? Dans cette pâle saison, ou dans ce feu qui meurt. Ou dans moi qui ne vis plus.

Franck

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