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J'irai marcher par-delà les nuages
26 février 2017

Ma bataille d'Eylau..... ( Requiem)

Je ne sais pas comment j’en suis arrivée à m’intéresser à la bataille d’Eylau. Hugo ? Balzac ? Léon Bloy ? Kauffmann ? Je n’ai rien d’un historien, et pas de gout particulier pour le premier Empire.
Quelques traces de cette bataille dans mon imaginaire. La neige peut-être.

 La bataille d’Eylau, fut plus qu’une bataille. Elle raconta autre chose qu’un simple évènement. Elle eut la force et le mystère d’un mythe. Elle appelle encore en nous d’étranges sensations, débordantes, et contrastées. Bataille extraordinaire et insolite, où le pire et le grandiose se côtoya dans ces brumes de la Prusse Orientale. Une bataille fracassante qui ne fut ni une vraie victoire ni une vraie défaite. Pourtant, comme seule et ultime certitude, elle fut une terrible boucherie.
Il neigeait… On ne peut s’empêcher de penser à Victor Hugo : L’Expiation ou Le Cimetière d’Eylau

Oui, il neigeait sur la plaine d’Eylau, une neige sans éclat, une neige lancinante qui épuisait l’âme et le regard. Il neigeait à l’intérieur des corps. Une neige fade, presque grise, qui effaçait l’horizon. Une neige sans espoir, sans avenir, décrochée du temps. Il neigeait sur cette plaine d’Eylau. Tout semblait indéfini, indéterminé, vague, comme un océan à la dérive. Tout ramenait à une immense fatigue. Et là, dans cet affaissement, s’affronterait deux armées. Deux blocs compacts. Un choc frontal. Il neigeait, il faisait un froid terrible, un froid qui prenait toute la place, qui saisissait les chairs et les os, un froid qui emportait toutes pensées, qui se fixait à la peur comme une bête enragée. Vorace.

Il neigeait sur la plaine d’Eylau, une neige laide qui déformait les perspectives, aplatissant encore plus définitivement les quelques mouvements du sol. Seule l’église surnageait comme un drôle de vaisseau, un navire sans équipage. Au pied de l’édifice, le cimetière, le fameux cimetière d’Eylau, grand drap tombé du ciel; défait par la langueur, l’ennui, le gel. Le cimetière d’Eylau, celui de l’oncle de Victor Hugo, le capitaine Hugo et de son petit tambour. Il fallait au grand homme de l’Empire, un grand poète, le plus grand.

Napoléon n’eut pas choisi Eylau, trop d’ombres planaient sur cette plaine, trop de pressentiments. Ses plans avaient été dévoilés aux Russes. Bennigsen, le Russe, voulait la confrontation, il y jouait des décorations, Napoléon y jouait l’Empire. Il eut fallu du temps, le Russe ne lui en laissa pas.

Ce qui nous reste d’Eylau c’est cet immense tableau d’Antoine-Jean Gros. Ce qui nous reste d’Eylau, en vérité, c’est un immense mystère. Quelque chose s’est passé ce jour-là, et quelque chose nous parle encore. Eylau est le nom de la menace. C’est le nom de toutes les menaces. C’est aussi le nom du chaos. Quelque chose du destin de l’homme fut écrit ce jour-là. La condition humaine est indécise, précaire, fragile. Nos pauvres victoires ont toujours le goût des défaites. Et si l’église comme un phare nous attire, il semble qu’elle soit restée bien vide cette église. Les âmes mortes d’Eylau n’ont pas eu à faire un long voyage ce jour-là. Le ciel leur était tombé dessus.
Pourtant un pâle soleil s’était levé au matin de ce 8 février 1807. Les batteries russes déclenchèrent leurs tirs au petit jour prenant de court la grande armée. Les canons français répliquèrent. Précis meurtriers. Et puis le temps s’est assombri. La neige. La neige tomba sur la plaine d’Eylau. Un immense voile, où les cieux et la fumée des canons mêlés, s’abatis sur le champ de bataille. Le Russe avait serré les rangs, supérieur en nombre il voulait effrayer. Comme une vague scélérate, les Russes avançaient, massifs, compacts, puis reculaient, puis avançaient.
Napoléon tentait de voir, mais la neige tombait et la mitraille roulait, les obus rebondissaient sur le sol gelé. Agir, manœuvrer. Il lança Augereau. Mais Augereau plia, Augereau cassa, l’artillerie russe n’en fit qu’une bouchée.

Certains évènements débordent de leur cadre ; leurs formes, leur sens appellent en nous un recueillement inattendu. Ils ont invinciblement la force d’un symbole, ils signifient au-delà d’eux-mêmes. Ils recèlent des secrets, des mystères diffus, comme un voile qu’il nous faudrait soulever avec précaution. Eylau appartient à ces événements. Eylau est plus qu’une bataille. Elle gît dans l’âme des hommes telle une leçon qu’il nous faudrait méditer.

Tout d’abord, rien n’est vraiment clair dans ce combat. On assiste tout au long de la journée à des mouvements erratiques décousus. Le sort se retourna plusieurs fois. Plusieurs fois tout put basculer. Seule l’obscurité apporta la victoire par défaut. La nuit tomba sur cette de neige rouge, sur les cris des mourants, sur l’immense boucherie et sur une infinie tristesse.

Au pied de l’église d’Eylau le petit tambour s’est tu. Brave tambour, toute la journée les pieds dans les morts tu frappas ta caisse, autour de toi les boulets russes écrasaient tes compagnons. Six heures, avait dit le colonel. Il faut tenir jusqu’à six heures. Tu avais faim et froid, mais tu tapais sur ton tambour. Dans le  cimetière d’Eylau vous n’étiez plus que trois vivants le soir venu. Les morts du jour se mêlaient aux morts d’antan, que les boulets russes déterraient. À six heures il ne restait plus qu’un seul et unique charnier, qu’un seul et immense mort qui couvrait les tombes éventrées, et tes derniers roulements de tambour. Brave petit tambour !

Tous furent vaillants. Tous eurent froid, faim. Tous furent épuisés, les Français comme les Russes. Et puis tous ces morts. Et ces blessés qui hurlaient dans la nuit. Tant de courage, de bravoure, pour tant de désespoir. Une journée, une seule journée que l’enfer ne reniera pas. Près de quinze mille morts.

À sept heures du matin quand tout commença par une pluie d’obus, le dispositif français n’était pas prêt. Il manquait Davout et Ney. Ney était encore loin. Soult tenait la gauche et une partie du centre avec Augereau. Napoléon était posté aux premières loges, le point le plus haut : l’église d’Eylau. Derrière lui la Grade. Mais que voir dans l’épaisse grisaille ? Un ciel trop bat, une neige trop grise, la brume à laquelle déjà la fumée des canons se mêlait.
Davout devait arriver, mais à sept heures il n’était pas là. Il y a sur cette plaine quelque chose d’infiniment étouffant, d’irrespirable, d’oppressant. Les Russes sont serrés, massifs, au risque d’exposer leurs ailes. Napoléon rechigne, Bennigsen lui force la main, il n’aime pas ça. Il ne dit rien. Il regarde la plaine, il cherche à décrypter le sens. Il prie en silence ses Dieux, la Providence : Davout, Ney. L’artillerie française riposte.
Folle journée que ce 8 février 1807. Rebondissement, coup de théâtre, jusqu’à la nuit tout restera indécis, confus, comme pris dans l’épaisseur du temps et du destin.
Vers neuf heures Bennigsen lace sa première attaque  sur la gauche des Français. Soult fait face et repousse les Russes. Sur la droite enfin Davout arrive et se met en place. Cela prend du temps, la manœuvre est complexe, l’enjeu est d’importance, si Ney arrive à temps l’étau français pourra se refermer. Il faut que Davout tienne, plus, il doit obliger le flanc gauche des Russes à reculer.

Napoléon observe, rien n’est vraiment lisible, le ciel tombe un peu plus, un peu plus épais. Il faut soulager Davout, alors il lance Augereau au centre. Couper les Russes en deux. C’est bien vu, mais risqué à la fois. Il faut gagner à cet endroit, à ce moment précis. Le centre français contre le centre russe, si Augereau gagne les Russes sont coupés en deux. Mais pour cela, il faut s’extraire de la ville d’Eylau et marcher droit devant. C’est alors que le ciel se crève, pour s’abattre sur le champ de bataille. La Neige. La neige à gros flocon qu’un vent rabattait sur la face du 7e corps d’Augereau. Une marche aveugle, sans point de repère, une marche devenue errante. Combien de temps cette neige et ce vent ? Assez pour désorienter les troupes d’Augereau qui infléchissent leur avancée pour se retrouver de flanc face à l’artillerie russe. La neige s’épuise. Les canons russes tirent. Deux divisions françaises sont anéanties. L’impensable est arrivé. En quelques minutes le centre français n’existe plus.
Bennigsen a désormais sa victoire au bout du canon. S’il gagne le centre français, Soult et Davout ne pourront résister. Ney n’est toujours pas là, et Lestocq le Prussien, allier de des russes, ne va tarder à surgir. C’est maintenant  que ça se joue. Droit sur l’église et le cimetière d’Eylau. Quatre mille Russes se ruent sur l’église. Tout va très vite, Napoléon est au pied du cimetière, il ne bouge pas. Les Russes sont à quelques mètres, s’ils capturent l’Empereur, s’en est fait de l’Empire. Jamais la menace ne fut si grande. Derrière l’empereur, la Garde. Il n’y a pas d’autre choix, alors Napoléon fait donner la Garde. C’est la première fois qu’il l’engage. Elle est son ultime rempart. Ainsi la vieille Garde s’ébranle, comme un immense corps qui se réveille, chasseurs et grenadiers comme un seul homme mettent les baïonnettes aux canons, ils ne tireront pas, ça sera au corps à corps, à l’ancienne, chair contre chair, sang contre sang, courage contre courage, folie contre folie. Le choc frontal des corps fut terrible. La Garde résiste, la Garde repousse les assauts russes.
Napoléon n’a plus de centre, Bennigsen le sait. Sur la droite Davout tient, mais les combats sont âpres, les pertes des deux côtés sont immenses.
Le centre français est vide. Bennigsen lance une attaque massive au centre. La bataille plie, comme un vieux vaisseau elle craque. Il faut agir. Agir vite. Il est aux alentours de midi. Napoléon demande à Murat de prendre avec lui toute la cavalerie disponible. « Eh bien ! Nous laisseras-tu dévorer par ces gens-là ? » C’est le grand moment d’Eylau, celui qui marquera l’histoire. Quatre-vingts escadrons, près de douze mille cavaliers. Sans doute la plus grande charge de l’histoire. Il faut imaginer.
Une mer en furie. Il faut imaginer le fracas des sabots, il faut imaginer la terre qui tremble. Dragons et cuirassiers, c’est une grande marée qui s’avance.

sans-titre

Grouchy, d’Hautpoul, Klein, Milhaud, même Bessières et la cavalerie de la Garde, même les mamelouks, tous sont là, et Murat devant. Le choc est terrible. Les russes sont courageux, ils tiennent, mais sont débordés, enfoncés. L’attaque de Bennigsen est stoppée nette. Pourtant rien n’est encore décisif. À nouveau les pertes sont considérables. L’incessant flux et reflux des vagues de la cavalerie, éreinte, fend, disloque, au prix d’effroyables pertes. Les hommes et les chevaux s’effondrent morts ou blessés, la plaine d’Eylau brusquement devient rouge. Les cadavres s’empilent, chaque nouvelle vague piétine les morts et les blessés de la  précédente. C’est un spectacle monstrueux qui effare, sidère. Quel tonnerre !
Sur la droite les combats font rage, mais Davout résiste.
Vers quatorze heures trente, le pire à été évité. La remontée vers le nord de Davout fragilise Bennigsen, qui risque le contournement. C’est à ce moment-là que Bennigsen disparaît. Pendant plus d’une heure, le généralissime russe n’est plus là. Évidemment cette absence incongrue crée un flottement chez les Russes. Où est Bennigsen ? Il est parti en personne à la rencontre de Lestocq. Il est parti et il s’est perdu dans les bois alentour. Impensable !
Lestocq, le prussien avec ses dix mille hommes, qui, poursuivi par Ney, lui a échappé. À quinze heures il arrive par le nord-ouest en vue de la bataille. Une nouvelle fois celle-ci peut plier en faveur des Russes. Bennigsen retrouvé, envoie Lestocq sur l’extrême droite française, face à Davout.
Seize heures, nouveau rebondissement, Ney se présente sur les arrières de Lestocq. Enfin Ney.
Bennigsen comprend immédiatement. L’arrivée de Ney change la donne, dans une heure il sera à pied d’œuvre. Si Davout tient, la tenaille va se refermer. Davout est toujours là, devant Lestocq.
Le soir tombe, les deux armées sont épuisées.
Rien ne fut net dans cette journée, à part le froid, à part les morts, à part cette plaine rougie, à part les cris. Dans la nuit les feux s’allument. Napoléon les observe dans la plaine d’Eylau. Ce qui aurait pu être des étoiles ressemblait en ce soir de bataille à des cierges mortuaires. Vers vingt-deux heures, il comprit que Bennigsen se repliait. Lui, il reste. Il sera donc le vainqueur. Singulière victoire. Les Français restent maîtres du champ de bataille. Mais chacun sait déjà que plus rien ne sera comme avant. Quelque chose s’est passé ce 8 février 1807 à Eylau.

La nuit fut si longue à Eylau. Les grognards ne firent aucun rêve cette nuit-là. Aux cris des mourants succédaient le silence des morts. Que s’est-il vraiment passé ce jour-là ? Une charge de cavalerie ? Un petit tambour infatigable et courageux ? Il a neigé ce jour-là sur Eylau. Comme désormais il neige dans nos âmes.
L’empire vacilla,
Le siècle bascula.
Certes il eut Friedland, mais les temps sombres s’annonçaient
Des temps sans dieux, voués à la barbarie.

 

 

Franck

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19 février 2017

Je sais des plaines froides....

Je sais des plaines froides au-delà du cercle polaire. Des landes de cristal brunes et cassantes. Je sais ces pays désolés d'être encore là. Ces terres d'absence où seul le vent du nord trouve son souffle dans les bruyères, sa nourriture aux bouches des pierres usées. Je sais ces pays de brumes sur lesquelles les rêves s'écorchent, saignent, ces lieux cabossés par tant d'oublis, martelés par le temps et la corrosion des désirs insuffisants. Je sais ces lieux nécessiteux, miséreux, qui ne tendent plus la main pour survivre, préférant l'agonie lente des siècles. Je sais ces landes qui gémissent aux portes du ciel, ces landes sans prière, sans salut, je sais les plaintes déchirées des terres sauvages, et je sais les âmes qui les hantent, je sais leurs voyages sans fin, leurs appels, leurs errances au bord des neiges éternelles, leurs traversées des crachins de glaces, et des froids monotones. Je sais cette tristesse qui blanchit leurs regards, cette mélancolie redoutable qui séjourne sur la peau de leurs complaintes.
Les landes frileuses ne sont pas des landes amoureuses, elles ont abandonné leurs chairs et leurs soupirs et leurs tentations. Elles produisent du silence, des distances, et façonnent nos éloignements, célèbrent nos séparations et bénissent nos accablements.

J'ai souvent cherché la musique dans ces landes fracassées de vents, je crois qu'il n'y en a pas d'audible, car les déserts et les landes dépassent la musique ; en fait, ils ne sont que musique pure. Tout part de là, de ces contrées, et tout y reviendra. Ce sont les lieux de la totalité, puisque défaits de tout. Des lieux qui préparent, ou qui prolongent. Qui exigent avant, qui exigent encore plus après. Ils se laissent traverser, mais jamais pénétrer. Si la main est assez ferme et assurée, elle peut parfois les caresser, mais sans jamais pouvoir les abuser. Ce sont les lieux de la totalité, de la simplification, de la première perfection, et de la dernière.

Je sais des plaines froides au-delà du cercle polaire. Des landes de cristal mauves et sévères, sans arbre, sans racine. Comme une mer de bruyères tranchantes et brutales, une mer raidie dans son mouvement âpre, une écorce cornue, rêche et rugueuse. Je sais ces landes persistantes, ces terres usées, brisées de solitudes graves, suffoquant sous la vapeur compacte des brouillards immuables. Terre saturée. Imprégnée. Imbibée de désespoirs primitifs et obstinés.

Je sais mes plaines froides, mes landes du nord, mes lacs de brumes grises. Je sais ce sang gelé, ces absences, et ce vent qui m'observe et ces neiges démembrées qui tombent au fond de mes os. Je sais tous ces jours dépourvus, arides, insignifiants, et mes mains si pauvres, et ce regard si maigre. Je sais tout cela. Mille fois traversé. Mille fois disséqué. L'infini retour de mes landes mordantes, de mes terres sans horizon, de mes journées sans lumière. Ces terres abondantes sans limites.

Je sais ces plaines froides qui dévorent la langue, chaque mot de la langue, et l'écriture qui gratte la glace, et le texte pris dans les hurlements des bourrasques de l'impossible dire. Comme si la parole était traversée dans sa chair par un fil barbelé. Impénétrable parole qui me laisse désarmé, en exil, banni de mon propre désir, relégué, refoulé de ma propre demeure. Et mon œil effaré fixe dans l'ombre du ciel le vol bouleversant des oies sauvages vers le nord. Comme un destin mille fois répété, comme une usure lancinante et troublante. Sur le ciel gris et noir de mon enfance. Le vol des oies sauvages vers le nord. Comme une fatalité. Mille fois répétée. Laborieuse berceuse qui ne survit plus à la nuit qui s'approche. Et cet épuisement. Et cette envie de nord. De glace. De fin....

Franck

11 février 2017

Vacillant...

Car il nous faudra choisir entre le plein et le vide. Entre le trop-plein et le trop vide. J'ai quitté chaque être, chaque chose, chaque lieu. J'ai quitté ma maison, mes ancêtres, ma mémoire, j'ai laissé derrière moi les aubes blanches et leurs promesses, j'ai ouvert des portes et franchi des seuils de chagrins, j'ai déplié un à un chaque souvenir, j'ai prononcé tous les mots pour me défaire des paroles vaines. J'ai déshabillé chacun de mes désirs. J'ai abandonné toutes mes richesses d'or et de pierres. J'ai oublié toutes les grandes pensées, toutes les morales, toutes les fois, j'ai renoncé à tous les dieux. J'ai rompu tous mes liens, répudié toutes mes épouses. J'ai parcouru les chemins les plus pauvres, traversé les landes amères, les déserts lumineux, j'ai grimpé sur les sommets les plus hauts, habité les grottes les plus profondes. J'ai eu soif. J'ai eu faim. J'ai eu peur. J'ai débarrassé mon sommeil de tous les rêves. J'ai attendu, jusqu'à ce que l'attente se lasse et se décompose. J'ai même aimé jusqu'à la douleur. J'ai agrandi l'univers pour y loger de plus grands désespoirs, j'ai inventé des océans violents pour être sûr de mes naufrages. Je me suis vêtu de silences et d'ombres. J'ai même connu l'ivresse et ce qu'il y a après l'ivresse. J'ai épuisé mon sang et ce qui reste après le sang. Car il nous faudra choisir entre le plein et le vide. Entre le trop-plein et le trop vide. Entre la pesanteur et la grâce. Car il nous faudra choisir entre les tremblements et les frissons. Et n'être qu'un souffle vacillant.

Franck.

5 février 2017

De l'infime à la bonté... (largo)

Il lui fallut beaucoup de silence, puis après, beaucoup de distance. Car il ne s’agit
pas de voir, mais d’éclairer. Il lui fallut un long temps, une vie entière,
pour apprendre ce mouvement sobre et grave de la bonté, qui va de l'un à l'un.
Ce mouvement qui découvre dans son souffle, dans une arabesque, une forme
acceptable d'humanité...
...du plus fragile au plus faible...
avec l'infime en partage, qui va de l'un à l'un...

Franck

 

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