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J'irai marcher par-delà les nuages
3 juin 2007

Un oeil dans les mots.....

On aime pour que rien ne cesse. Jamais.

Ou pour que tout cesse. Toujours.

On écrit, parce qu’un jour on a lu. Et c’est bien cette première lecture que l’on reprend dans écrire. Pour que rien ne cesse. Jamais. Ou pour que tout cesse. Toujours.

Comme si aimer, écrire, c’était défier le temps. Une offense, parfois un outrage. A coup sûr un hors jeu. Ce je, lieu des promesses crucifiées. Des illusions. Des mensonges.

 

 

 

Comment dire l’élan. L’élan vers toi, seulement cette soudaineté de l’élan. Comment dire ce mouvement de tout le corps qui troue l’espace en une fraction de temps. Cet élan qui précède toute pensée, ce coup de sabre dans la chair. Violent. Brutal. Insensé. Miraculeux.

Dès que l’élan est passé mon être se désagrège. Quelque chose se dilue. Mon eau se trouble. Mais l’élan, tu comprends, lui il est pur, compact. Ecrasant d’une vérité fulgurante. Absolue. Comme si brusquement tout mon être se récapitulait. A cet instant précis, tu es mon addition. Ma totalité. Ecrire l’amour c’est être dans le contre temps, déjà dans la trahison.

 

 

 

Il faudrait que je ne dise rien. Simplement consumer le silence. Avec seulement cette brûlure de ce temps vers toi. Les cerisiers fleurissent sans rien dire.

Ecrire est un deuxième arrachement, un impossible rapprochement.

 

 

 

Pourtant, je voudrais, là, dépasser mes mots, et les rendre impudiques.

Oui, frotter les mots comme l’on frotte les peaux jusqu’à l’indécence. Et parler, comme l’on caresse, ou comme l’on touche. Je voudrais donner des yeux à mes mots. Pour qu’ils te regardent. Qu’ils soient la couleur de l’ombre qui t’accompagne. Je voudrais qu’ils puissent contempler chacun de tes rêves, pour protéger ta nuit. Je voudrais que tu les sentes si présentes qu’à leur simple écoute tu veuilles dévoiler un peu de nudité, ou au contraire, croiser tes bras sur ta poitrine en baissant légèrement les yeux.

Oui, je voudrais des bras à mes phrases, pour qu’elles t’enlacent.  Qu’elles se tendent vers toi au réveil pour le premier baiser.

Je voudrais que ma voix soit assez nue pour te faire pâlir, et consumer l’innocence de l’aube. Et frotter nos mots, jusqu’à la moiteur, jusqu’à la sueur. Je voudrais que tu les sentes s’arrondir sur ton sein, que tu les sentes appuyer sur ton ventre, que tu les sentes pesants sur tes cuisses comme une nuit d’ivresse et de chair. Comme si le texte entier était une alcôve assombrie de désir.

Tu sais le plus court chemin pour le mot c’est le baiser. Lorsque sur le point de se dire il s’efface pour effleurer la lèvre qui le cueille. Lorsqu’il devient souffle avant d’éclore en silence.

Je voudrais dépasser mes mots, et les rendre impudiques, inaudibles à force d’indécence.

Alors chaque mot vaudra un baiser. Et chaque baiser s’écrira sur ton corps, dans le frôlement de ma voix. Chaque mot se posera sur tes soupirs les plus impénétrables, jusqu’au sanglot, jusqu’à la plainte.

Jusqu’à l’épuisement de la langue je nommerai la création pour ne jamais cesser de t’aimer, pour encore sentir ton odeur dans ce rêve d’écriture, pour toucher ta paupière du bout d’un silence.

 

 

 

Ecrire est un deuxième arrachement, une impossible séparation. 

Ici, s’invente une histoire qui nous déborde et qui nous sacre.

Ici, s’invente le dangereux. Le miraculeux. Ici, on brûle les dieux. Et l’amoureuse tremble. Et l’amoureux chancelle. Les amours de papier traversent les chairs plus sûrement que la lame d’un sabre. Les dieux qui savent tout, ne s’y sont jamais risqués.

On aime, on écrit pour que rien ne cesse. Jamais.

Ou pour que tout cesse. Toujours.

Franck.

                                        

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Commentaires
S
A vous aussi: bon week-end.
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F
Je crois que tout est dit...la messe et le reste.<br /> Et brillamment dit.<br /> <br /> Bon week-end Simone !
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A
Ce qui me semble tiré par les cheveux, c'est de parler autant de l'écriture d'une manière onaniste, vague et fuyante comme vous le faites ("L'intelligence c'est une mise en question qui en cela, échappe non seulement au piège de l'inconscient mais aussi à la raison systématique.") C'est n'importe quoi cette phrase par exemple, il y a d'autres exemples concrets.<br /> <br /> Vous êtes dans le barratin complet Simone et vous vous y complaisez violemment depuis longtemps déjà.<br /> <br /> C'est bien joli mais ça débouche toujours sur du vent, au mieux sur un à côté systématique. Ni l'écriture de Franck ni celle d'un autre ne méritent vos coups d'épée dans l'eau qui passent de plus en plus au mieux pour des affeteries, au pire pour du cynisme. Vous devriez écrire vraiment au lieu de parler de ce que c'est. Peut-être que ça vous changerait de votre barratin. C'est pas fatigant de fuir l'écriture comme vous le faites sous des prétextes fallacieux ?<br /> <br /> En plus, si la critique est légitime, vous pourriez donner à votre littérature la couleur que vous estimez la plus adaptée (à force d'en parler, vous n'attendez pas peut-être). Vous en feriez profiter les autres aussi du même coup, pour le pire, la poire ou le meilleur.<br /> <br /> Bien à vous, Sissi.
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C
Elle est maso Simone! On tape dessus et elle revient!<br /> Le com de Franck est justifié.<br /> "Ou alors elle n'a plus toutes ses facultés....<br /> <br /> Les a-t-elle jamais eu ?<br /> On se demande, quand on voit ses commentaires..."
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S
La franchise et la justesse sont les possibles de l'écriture. Elle ne les réalise pourtant pas forcément. Cette définition me semble un peu tirée par les cheveux.
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