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J'irai marcher par-delà les nuages
29 avril 2005

Temps de pose.....

Voilà, j’ai l’impression d’être dans un temps de pose. Un moment de l’existence où la vie se replie, un peu comme une feuille d’arbre légèrement rougie par l’automne, une feuille rétrécie et blessée, jetée au sol, dans un coin sombre de la terre.

C’est le temps de pose avec l’âme prise dans une lumière tremblante, capturée dans l’incertitude des regards. Temps mort. Pas vraiment, puisqu’il continue à couler dans mes veines. Temps vide alors, je suis hors d’atteinte, sans goût, sans dégoût, seulement dans un équilibre vacillant. Le monde est lisse, sans profondeur. Tout est plat, les rues, les visages, les sourires, même les souvenirs. Je suis derrière une glace sans tain. Aucun bruit, uniquement des images incompréhensibles. Ce n’est pas la mort, c’est le temps qui la suit, un temps qui ne retient pas la lumière, un temps sans recours comme une maison vidée de ses occupants. Les yeux se posent, mais ne se souviennent de rien, ils vont d’une chose à l’autre, d’une silhouette à l’autre, ils passent d’un silence à un autre silence. Et les paupières se ferment. Une simple fatigue que le sommeil n’épuise plus. Une fatigue lente et douce qui supporte à peine un présent qui se dérobe toujours un peu plus. Même l’air se raréfie. Drôle de temps, que ce temps de pose où la parole pâlie jusqu’à la transparence, où les mots vous fuient parce qu’ils n’arrivent plus à s’agripper à la chair, au sang. Ils vous évitent parce que vous avez abandonné la langue. A force de me taire je perds l’usage de la parole. Chaque matin je pose sur la fenêtre ce gros bouquet de solitude, dont les pétales se détachent un à un et se brisent comme des hosties de cristal ou comme un chagrin d’enfant. De petits mots grelottants dans quelques froids silences.

La page blanche est enceinte de mes tristes mirages, il faudrait l’accoucher ou la faire avorter, qu’elle rende enfin, ses avatars aux limbes et me laisse définitivement en paix.

Temps de pose. Je sais que c’est à partir d’ici qu’il faut écrire, de ce lieu d’absence. Et j’ai l’impression que ma tête se débat dans l’épaisseur de la lumière. C’est une sensation difficile à décrire. Comme si l’air ambiant était solide, tout le corps vient butter contre une évidence absolue.

Franck

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