Ce matin........
Drôle de journée hier. Il faut bien en passer par les choses inévitables. Ma « logeuse », m’a donnée mon congé. Huit jours à peine, c’est un peu court. Mais elle est pressée. La nouvelle est arrivée par texto. C’est mieux par texto. Ca fait moderne. Hier au soir, en rentrant, impossible de parler avec elle. La première bouteille était vide. La deuxième presque vide. « J’ai bien reçu votre message Estelle, quoiqu’il arrive je serais parti la semaine prochaine… d’ailleurs, si cela avait été possible je serais parti ce soir… ». Elle a essayé de m’expliquer… une histoire compliquée… les mots ne venaient pas… elle cherchait…. Rien ne venait… Nous en sommes restés là. Drôle de journée. Hier.
Ce matin un autre texto, aux aurores... des mots clairs, généreux, des mots qui disent demain avec le ciel qui va avec... unlong texto, envoyé par une personne qui tend la main, parce qu'elle sait que c'est là que se tien le coeur. Dans la main.
Les jours se suivent mais ne ressemblent pas... pas toujours.
Ce matin, dans le métro, je lisais au hasard du recueil… Neruda… oui, toujours… depuis des mois j’ai les deux mêmes recueils dans mon sac…
Je suis tombé sur celui-là. Allez savoir pourquoi j’ai eu envie de le mettre ici…
Alors voilà….
Franck.
L’OUBLI
Tout l’amour dans une coupe
grande comme la terre, tout
l’amour – étoile et épine –
je te l’ai donné, mais tu as marché
avec tes petits pieds, avec tes talons sales
sur le feu, et tu l’as éteint.
Ah ! grand amour, petite aimé !
Je ne me suis pas arrêté dans le combat.
Non, je n’ai pas cessé d’avancer vers la vie,
vers la paix, vers le pain pour tous,
mais je t’ai levée dans mes bras,
je t’ai fondue à mes baisers
et regardée comme jamais les yeux d’un homme
à nouveau te regarderont.
Ah ! grand amour, petite aimée !
Mais tu n’as pas alors pris l’exacte mesure
de celui qui avait choisi, gardé pour toi
le sang, le blé et l’eau
et tu l’as confondu
avec le frêle insecte tombé sur tes genoux.
Ah ! grand amour, petite aimée !
N’attends pas que je me retourne
pour te regarder au loin, reste
avec ce que je t’ai laissé, promène
ma photo trahie, moi
je vais poursuivre mon chemin qui est d’ouvrir
de large voies contre l’ombre, de rendre
douce la terre, de partager
l’étoile pour ceux qui arrivent.
Reste en arrière.
Car la nuit est venue pour toi.
L’aube peut-être
nous permettra de nous voir.
Ah ! grand amour, petite aimée !
(Pablo NERUDA)