...ce qui vous reste....
Il y a comme ça, même au cœur de l’errance comme un sentiment d’urgence, d’imminence. La mise en place d’un certain ordre au très fond du désordre. On le reçoit comme de l’acharnement. Table rase. Il faut que rien ne subsiste.
Le vide se met en ordre.
Il ne subsistera rien.
Et c’est mieux ainsi.
Ni remords.
Ni regrets.
Rien.
A
Peine
Se souvenir.
Simplement la trace.
Comme une ombre de plus.
Jusqu’à ce que les ombres nous recouvrent.
Me revient la lancinante complainte des hommes sans noms, comme si ma mémoire avait voulu garder ces mots. Juste ces mots. Comme s'ils devaient servir de tout tempd pour aujourd'hui...
Graver la pierre de nos souvenirs. Au burin des haines reçues. Au poinçon des oublis. Et les mateaux frappent l'indiférence...
« Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste
Donnez-moi ce qu'on ne vous demande jamais.
Je ne vous demande pas le repos
Ni la tranquillité
Ni celle de l'âme, ni celle du corps.
Je ne vous demande pas la richesse
Ni le succès, ni même la santé.
Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement
Que vous ne devez plus en avoir.
Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste.
Donnez-moi ce que l'on vous refuse.
Je veux l'insécurité et l'inquiétude.
Je veux la tourmente et la bagarre
Et que vous me les donniez, mon Dieu, définitivement.
Que je sois sûr de les avoir toujours,
Car je n'aurai pas toujours le courage
De vous les demander.
Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste.
Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas.
Mais donnez-moi aussi le courage
Et la force et
la Foi. »
La seule prière qui fut entendue.
Comme quoi Dieu écoute parfois.
Il suffit de savoir lui demander.
Franck