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J'irai marcher par-delà les nuages
18 novembre 2006

Longtemps...malgré les étoiles...

Longtemps. Dépouiller l’acte de toutes les arabesques du plaisir, de toutes les facilités, de toutes les passions, de toutes les excuses, de toutes les raisons, de toutes les déraisons. Le faire assez longtemps pour le dénuder de tout. De tout. Des justifications, des explications. Jusqu’à l’os. Au-delà de l’os. Etre dans la lenteur progressive de cet échange, de cette clarification. Cette décantation de l’être. Comme l’acquittement d’une dette. Même si ce n’est pas une dette. Donner à l’acte la chance de la durée. Uniquement la durée. Tenter d’atteindre la constance de la mort. Fabriquer du temps, même vain, même insignifiant, surtout insignifiant. Cette patience renouvelée. S’appliquer à l’acte, au geste. Sans rien attendre en échange, ni remissions, ni miséricorde. Accepter et s’appliquer. Et même si cet entêtement est désespéré. Désespérant. Même.

 

Dans chaque acte, dans chaque geste il y a d’abord une partie friable, fragile, faible, ça s’appelle l’enthousiasme. Après cela se durci. Cela s’appelle l’ennui. Et tout commence là. A cet endroit dur de l’ennui. Notre endroit, lâche, notre endroit inconstant, mou, indéterminé. C’est bien avec ça qu’il faut vivre.

 

Il n’y a là, ni grandeur, ni noblesse, dans cette usure du geste. Non, il n’y a rien, sinon l’affirmation et l’insistance de ne céder à rien. Tout acte prend sa dimension parce qu’un jour on consent à le faire, et à le faire longtemps. Ainsi le laboureur. Ainsi le pèlerin. Ainsi l’océan et ses marées. Ainsi l’attente amoureuse. Ainsi la solitude. Ainsi l’écriture.

 

Toute chose inutile faite longtemps allume une étoile ? Tout acte qui peu à peu nous vide, non parce qu’il nous dérobe, tout acte qui nous épuise parce qu’il réclame plus que lui-même, parce qu’il réclame notre substance, nous augmente ?

 

Le longtemps donne l’illusion du toujours et le toujours donne l’illusion de l’éternité. Illusion contre illusion. Qu’importe. Au bout du compte il ne restera que l’os. Et puis les cendres de l’os. Et puis, rien. Malgré les étoiles. Il faut bien atteindre la mort avant qu’elle nous atteigne. Il faut bien être mort avant qu’on soit mort. Car on pourrait aimer en chemin, et tout s’aggraverait, inutilement. Malgré les étoiles. Et les baisers de cendres. Crâne contre crâne. Os contre os. Illusion contre illusion. Malgré les étoiles.

Franck.

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Commentaires
J
exact
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J
pourrait s'aggraver inutilement!<br /> <br /> Ah Franck!<br /> <br /> des fois que les vents du sud pourraient être absurdement heureux!<br /> <br /> Oui Franck...
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F
Oui; Lubna pour le début de ton com... Par contre, je ne dirais pas que le désespoir est le début de la mort... au contraire, le désespoir est sans doute le début de la joie. Le désespoir est un premier rayon de lumière... encore faut-il y aller jusqu'au bout, encore faut-il aller après...<br /> Tout commence par de grandes ténébres...
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L
un constat bien réaliste qui ne laisse que peu de concession à la part du rêve...l'acte en la vie est immuable, le désir un moteur, l'assouvissement de ce désir comme un peu de cette mort renouvelée chaque fois,le désespoir est le début de la mort...
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F
Oui, Simone, je suis d'accord sur cette idée de leurs abandonner le navire. Je crois que c'est la meilleure chose à faire. Pourtant, vous savez bien, que ça résiste. Quelque chose en nous résite à cet abandon... souvent on ne le sait même pas que "ça" résiste... parfois je me dis qu'écrire pourrait user cette résistance... mais je ne suis sûr de rien. Hormis l'étrange pressentiment, la singulière intuition (venue d'on de sait où), vissé dans un coin du crâne, que les rayons de soleils printaniers existent, et que le vent du sud pourrait être absurdement heureux...<br /> je crois que les îliens ont un avantage, ils ont un exil d'avance, et le sens du vent dans les rêves....
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