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J'irai marcher par-delà les nuages
22 septembre 2007

Une crique......

Il y eut les landes sauvages, et puis il y eut le rivage, et puis il y eut l’océan. Partir toujours et n’arriver jamais. On quitte les lieux, on quitte les autres, après on se quitte soi-même. On ne se remet jamais de tous ces départs, de tous ces abandons. On vit dans un temps écrasé.

Ecrire est cette longue énumération de ce temps défait. La liste des noms des absents. La liste des silences. Dénombrement. Démembrement. Inscription vaine et lumineuse. Ravauder sa solitude, jusqu’à l’épuisement, ou jusqu’à l’ivresse. Mais nous sommes trop lâches pour être assez désespéré. Trop faible pour nous arrêter ou nous taire. Inconstant dans notre attente.

Le premier mot fut un cri. Et penser fut d’abord penser l’intolérable, l’inacceptable. Et le premier cri a suivi le premier effondrement. Et il est venu signer la première solitude. Et nous n’avons fait aucun progrès. Des petits désirs pantelants, des ambitions sans exigence, des caprices concupiscents et puis de longues indifférences. Et quelques dieux pour nous distraire.

Alors, écrire c’est encore s’égarer dans une enclave de temps. Une sorte de crique. On y accéderait que par le chemin escarpé de parole, que par une voix transgressée, une voix méconnue, une voix étrangère à notre voix, un monde que nous ne savons pas habiter. Ecrire serait appartenir à la terre sans y appartenir. Une crique. Une île sauvage. Quels sont les lieux inhabités en moi ? Quels sont les lieux escarpés ? On vient tous d’une humanité fracassée. Ecrire est sans issue. Uniquement quitter la crique par la mer. La seule issue se trouve dans le bercement et l’horizon. Et la solitude exténuante, caniculaire. Il y a là, un désir mortel. Inexplicablement mortel. Un point de violence abrupte, que l’écriture délie dans la coïncidence des temps. La brûlure des chairs. La brûlante patience des constellations. Ecrire c’est déjà la mort. On vit dans un temps écrasé. On écrit dans un temps sans limite. Puisque c’est déjà la mort.

Ecrire est sans savoir, et c’est ce qui défait les livres, ce renoncement à toute explication, et cette patience d’une parole crucifiée, béante. Une parole de nuit, avec le retour de l’abandon. Sans cesse le retour de l’abandon.

Franck

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Commentaires
E
Oui, un désir mortel et une délivrence. Que soit béni le jour où elle viendra.
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E
Tes mots ont fleuri sur mon blog.
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C
Certes ... <br /> Sur ce ... bonne continuation
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C
Un blog est aussi un lieu de vie. Ce n'est pas une vitrine où on expose une chose morte. <br /> <br /> S'il faut se contenter d'adorer le texte et son auteur comme des icônes sacrées...autant retourner faire du tricot.
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C
Encore une profondeur d’écriture … <br /> J’avoue avoir hésité à laisser une trace de mon passage … Et j’ose même rajouter qu’à l’avenir il y ait peu de probabilités que j’en laisse … <br /> Un blog magnifique … oui. <br /> Puis lorsque j'entre dans l’espace commentaires …. J’y trouve l’amère sensation que le « mot » est pris en otage …. Pour des règlements de compte.<br /> Il va de soi que j’ai employé le termes « sensation » … pour relater une émotion ressentie de l’extérieur … Comme si la maison était grande ouverte, vous invitait à y entrer puis qu’en finalité … un brouhaha étrange se mêlait à l’irritation. <br /> Puis viennent ces autres impressions … « mais que fais-tu ici Cat, tu y es de trop. »<br /> Je n’arrive pas à retrouver l’ambiance rencontrée aux premières visites … celle qui me « portait » en voyage … telle que l’écriture sait si bien le faire. Celle qui me permettait d’être libre d’écrire sans avoir la sensation que mon commentaire se retrouverait au centre d’un jeu de ping-pong. Même à l’instant précis je me demande si je vais valider … <br /> On pourrait aisément me dire … « si cela ne te plait pas … va voir ailleurs » …. Et j’espère de tout cœur ne pas avoir à retrouver ce genre d’invitation … car finalement j’aime bien vous lire … <br /> Ainsi j’avais envie de laisser des mots … les derniers … d’une simple lectrice … qui perçoit le partage ainsi … mais qui se connecte sur internet pour s’évader un peu … y trouver l’apaisement voire le rêve … que vous savez à merveille écrire mais qui ne fait pas ou plus écho aux commentaires ces derniers temps.<br /> Et ne serait-ce que par sympathie … Ne voyez ni jugement ni prétention en mes termes … juste un regard … Oui simple regard.<br /> Amitiés à "tous"<br /> Cat
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