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J'irai marcher par-delà les nuages
24 décembre 2007

Alors, va...!

Et puis il y a tous ces amours qui se disent dans la possession. « Tu es à moi. » « Je suis à toi. »

J'ai posé sur la fenêtre les restes de ce bouquet et j'ai vu les pétales en deuil dans une lueur cassante, humide encore d'un sursaut de nuit.

Ou sous d'autres formes. « Tu es faite pour moi, et moi pour toi. »

La prunelle du jour est encore pleine d'effroi et ses paupières de brumes lourdes de poussière.

Des mots qui veulent dire la certitude à la place de la peur, l'assurance à la place de l'offrande.

Les restes d'une extase sanglante, d'un désastre brutal.

« Ne me quitte pas, parce que tu es ma vie, mon sang, mon air, donne-moi ton sein, encore et encore, ne me laisse pas dans l'appétit du lait, dans l'appétit de ta chair. »

Les deuils vont en cortèges et les défunts s'abreuvent aux fontaines glaciaires expirant chaque jour un peu plus.

Un amour à la seule dimension supposée de l'autre. Un amour sans espace, sans profondeur, sans dimension.
Tu es à moi. Non !
Non, il faut dire : « tu es à toi, immense et brûlante comme un astre. »
Je suis à toi. Non !
Non, il faut dire : « je suis à moi dans la plénitude de ma solitude,
dont je te fais l'offrande. Unique et innombrable. »

J'effeuille les heures minérales, laissant l'empreinte de mes os dans les cratères du temps.

 

 

 

Je ne suis pas fait pour toi, tu n'es pas faite pour moi, c'est pour cela que notre amour est sans borne et sans limites, sans lien. Comment pourrais-je aimer une âme qui ne serait pas libre ? Et libre de moi.
Les étincelles lointaines accompagnent les ruines majestueuses des amours mortes ou oubliées dans quelques buissons qui n'avaient d'ardent que les caillots de colères suintant des yeux.

 

 

 

Il faut dire : « je ne soignerais pas tes crimes avec les miens. Nous ne rajouterons pas du noir au noir. Seulement des silences sur des arcs-en-ciel. »
Il faut dire : « quitte moi si c'est là ta vérité. »

 

 

 

L'offrande nous condense et nous révèle dans un mouvement d'abandon qu'est cet élan vidé de sa force cruelle et véhémente, mais chargé de sa seule tremblance.

 

 

 

Souvent ses mots touchent à l'endroit fragile. La membrane. Celle qui résonne. Frémissement des brumes tout au bout de mes landes mortes. Et nos paroles s'enroulent à nos silences. Glissent sur nos distances. Souvent. Comme ces vagues qui apprivoisent le rivage dans d'incessants retours. Caresse de l'eau qui s'abandonne aux langueurs de la terre.
Et chaque vague porte en elle tout l'océan. C'est pour cela que les vagues ne meurent pas, leur épuisement n'est qu'un reste d'infini. Chaque vague agrandit l'océan. Comme ses paroles ourlées d'écume blanche, qui reviennent s'allonger dans les derniers murmures. Vague tendre qui lèche les plaies d'une terre usée.

 

 

 

Et nos paroles s'appellent. Nous, nous nous taisons. Pour ne rien déranger. Ni le ciel, ni la terre. Nous restons en bordure de nos blessures anciennes. Juste en bordure. Comme l'écume, comme le souffle de l'écume qui souligne d'un trait tremblant la fêlure des rencontres.
Nous sommes dans un espace qui n'existe pas. Qui n'a pas de nom. Pas de lieu. A peine un mouvement lent et silencieux, qu'il faut porter plus loin. Ailleurs.
Esquisse d'un pas de danse, sur le fil tendu de l'horizon. Lointain.

 

 

 

Car nos paroles se reconnaissent mieux que nous-mêmes. Elles se sont mutuellement désignées. Et elles nous ont oubliés. Délaissés. Dans nos lointains. Nos absences. Nos distances.

 

 

 

Sans doute est-ce cela, l'exil. Les mots font la ronde autour de nous et nous laissent là, au centre d'un cercle. A chacun son centre, et son cercle.

 

 

 

Pourtant ses mots souvent me touchent à l'endroit fragile. Car elle dessine les contours d'un plus loin. D'un possible. Avec ce goût de sel et d'embruns. Et comme une île fervente elle trace l'horizon d'un silence rectiligne pour accueillir le soleil à l'orient de nos vies. Des mots ciselés, découpés dans les champs de solitudes et le granit de l’attente. Des mots précis posés au fil à plomb. Cherchant la verticale absolue, le point d'équilibre entre la nuit et le jour. Alors, elle les pose, là, avec dans le geste cette sorte d'assurance scrupuleuse. Ce raffinement discret. Terriblement puissante et vulnérable.

 

 

 

Alors j'habite ses silences, acceptant le balancement de la houle, et l’abandon. J'étire au plus large mon rivage, attendant chaque vague, absorbant la moindre écume. Espérant les plus petits coquillages. La vague sur le sable dessine. La vague sur le sable brode. Respire.

 

 

 

Elle invente le temps dans son essoufflement. Et l'amour dans sa constance. Et la foi dans sa patience Et la vague sur le sable écrit. A l'encre bleue des abîmes marins, avec les restes de tempêtes et les fracas obscurs des naufrages. Elle écrit. Solitaire et multiple.

 

 

 

J'ai posé sur la fenêtre les restes de ce bouquet et j'ai vu les pétales en deuil dans une lueur cassante, humide encore d'un sursaut de nuit.
La prunelle du jour est encore pleine d'effroi et ses paupières de brumes lourdes de poussière.
Les restes d'une extase sanglante, d'un désastre brutal.
Les deuils vont en cortèges et les défunts s'abreuvent aux fontaines glaciaires expirant chaque jour un peu plus.
Et j'effeuille les heures minérales, laissant l'emprunte de mes os dans les cratères du temps.
Et les étincelles lointaines accompagnent les ruines majestueuses des amours mortes. Désenchantées.

 

 

 

Son regard traversait les miroirs.
Et je me suis blessé en voulant la rejoindre.
Et le sang a coulé.
Elle était immense et brûlante comme un astre.
Solitaire et multiple.
Unique et innombrable.
Une île trop lointaine dans un océan sans fin.

 

 

 

L’arbre construit sa puissance en mêlant la terre noire et les rayons solaires.
Et l’ambre du bois n’est qu’un éclat en rétraction.
Une lumière en souffrance, un chagrin coagulé.
Une terre pétrifiée qui attend le bûcher.

 

 

 

Alors va... va, mon amour….!

Franck.

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Commentaires
E
Le mystère de l'amour, joie et douleur, jour et nuit...
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D
En retrouvant ton blog, cette île magnétique, je me réjouissais d'avance, et là, tu me "sidères" : les astres me tombent sur le coeur pour m'éblouir de plus près. La profondeur de ton ciel nocturne m'a donné le frisson, comme la musique... Tu es magique, comme nos auteurs préférés, tu es la voix qui exprime ce qu'il nous semble avoir toujours ressenti sans jamais le dire aussi bien...
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U
Oui, Cultiver l'amour, au delà de soi,en toute simplicité.<br /> "Je me donne"... à l'autre? Rien n'est moins sur. Se donner, déjà, avec humilité... Et ce renoncement cadeau de soi-même, cadeau à soi-même, pourquoi pas ? <br /> Avec humilité, peut-être, y rencontrer l'Autre...
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C
Il faut souvent un long chemin pour arriver à cette forme d'amour. Plus qu'une mâturité, bien plus. Une dimension, un regard, un supplément d'âme. <br /> <br /> "Je me donne". Mais l'autre peut-il,veut-il, sait-il, recevoir? Rien n'est moins sûr. <br /> <br /> Renoncer parfois, c'est moins un sacrifice qu'un cadeau que l'on fait à l'autre, et à soi-même aussi.
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U
Alors va... va, mon Amour....!<br /> Ici l'Offrande ultime, une Jouissance absolue,<br /> cette Liberté profonde semblable à notre Abandon dans l'orgasme, juste à la frontière entre la Vie et la Mort<br /> L'Amour jusqu'au Sacre ...ifice, <br /> Où douleur et douceur s'emmèlent...<br /> <br /> Alors continues! tes mots comme des caresses tour à tour esquissées, timides, expertes et brutales.<br /> Merci
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