Marée lasse...
Ecrire se retire comme une marée lasse.
Effacement sur l’effacement de la langue.
Ecrire c’est perdre sa langue en trouvant sa voix.
Comme voyager c’est perdre sa route en trouvant son chemin.
Après l’attente, on pourrait vivre, s’il ne fallait pas attendre à nouveau.
Et se souvenir c’est trahir notre enfance, cette enfance qui nous restera, d’ailleurs, à jamais inconnue.
L’errance, oblige à la lenteur. La lenteur est l’autre nom du silence.
Comme si l’imminence était enfin accomplie.
Et l’errance abolit les miroirs, et les faces qui les traversent.
Et l’écho qui les annonce.
Ecrire écarte un peu plus la gaze sur les plaies. Faire respirer les cicatrices suintantes. Respiration haletante, plus proche de la suffocation que de l’essoufflement. Il y a dans écrire, cette sensation de décollement lent. De séparation. Un voile se déchire. Un peu comme une opération de chirurgie.
Découdre, jusqu’à l’infime partie de soi. Défaire, jusqu’à la méconnaissance. Jusqu’à ce que sa propre solitude vous ignore. Vous dédaigne.
Jusqu’au mépris.
Ecrire se retire comme une marée lasse.
Effacement sur l’effacement de la langue.
Je cherche le dernier le mot. Il ne vaut pas plus que le premier. Mais il faut bien finir, avant que la fin ne survienne.
Franck.