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J'irai marcher par-delà les nuages
15 juin 2008

Primitif......

Cette part de sauvagerie nous effraie au premier abord. Tout dans notre quotidien nous en éloigne, ou feint de nous en éloigner. On ne se pas d’où elle vient cette sauvagerie. Cet abîme brutal en nous. Quelque chose qui vient de la horde, des forêts inviolables, de la faim, du froid, d’un corps aux muscles épais. Au premier abord, on ne peut pas croire à ce torrent fou, à cette chose hors du langage, à ce surgissement fauve, inquiétant.
L’inconnu indomptable jaillissant dans la brûlure d’écrire.
J’ai senti dans l’écrire cette sauvagerie originelle, cette douloureuse véhémence, qui court le long des nerfs, qui s’enroule aux os, et qui perce les chairs. Toutes ces choses du désir d’avant le désir. Un intense vouloir sans forme, sans objet. L’état rudimentaire du vivant.
Ecrire traverse ces contrées archaïques, ces pays sans mot, sans question, sans réponse. Uniquement une sorte de stridence ancestrale qui revient du fond des temps. C’est cette première chose disgraciée qui dénude et qui appelle.
C’est le premier désert à traverser.
Car il faut bien dire que tout viendra de ces lieux défigurés.
Car écrire ne vient pas du haut. Ecrire vient du bas, de l’encore plus bas. De la croûte vitrifiée de l’en-deça du temps, de cette terre noire qui passe dans nos veines, et qui racle. Et qui racle.
Ecrire nous renvoie aux gestes primitifs. Aux pensées sans pensées. A l’absolue nécessité d’être, sans rien savoir de l’être. Ecrire, au début c’est ne rien savoir. Et après, le savoir de l’écrit nous échappe, nous abandonne. C’est porter la vie plus loin. Sans rien connaître de ce loin. De ce plus.
Longtemps après l’écrit apparaissent parfois quelques étoiles.
Franck.

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Commentaires
F
Oui Lubna, c'est pour cela que je ressens l'écriture, aussi, comme quelque chose de physique... souvent j'ai cette sensation d'épuisement du corps après l'écriture...
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L
l'écrire vient du ventre , de ce qu'il porte de plus profond, comme un noeud de foetus à naitre...oui c'est ce que tu décris, ainsi exactement, une sauvagerie, une rage qui nous laisse pantois dans l'après de l'écriture
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J
Beaucoup de mots de commentaire<br /> pour tracer ce que signifie<br /> "être,sans rien être"<br /> c'est dire aussi sans Savoir<br /> dans le renfoncement de l'être<br /> où apprendre n'est qu'une infortune de l'âme<br /> une imposture du Réel...
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U
Primitive et fougueuse cette Voix, elle prend Corps dans une Ecriture infiniment Vivante, presque physique!<br /> Son rythme comme une vague, qui à loisir nous caresse ou nous fouette, et qui vient, et qui revient...
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F
Je crois que c'est plus complique que cela Enriqueta, les vérités historiques ne sont pas les seules qui vaillent. La voix des textes existaient bien avant l’écriture. Et c’est cette voix qui nous touche à Lascaux où ailleurs. Ce qui nous touche dans l’écriture c’est justement ce qui n’est pas écrit. <br /> Le monde est trompeur, les chronologies sont trompeuses, même les scientifiques s’en sont rendus compte, et ils en sont venus à abandonner même le principe de cause à effet. Les choses existent bien avant qu’elles apparaissent, l’écriture était là, bien avant l’écriture. La chronologie explique si peu de chose de la vie d’un homme, en tout les cas beaucoup moins que l’idée de convergence, ou que d’autres. Le futur était déjà là. Nous convergeons de tous les cotés du temps, vers un lieu qui n’existe pas et qui n’existera jamais<br /> Autre paradoxe : tout ce qui est écrit n’est pas de l’écriture. Et l’inverse est vrai aussi. Bien des silences valent mieux que le Da Vinci Code.<br /> Lorsqu’on écrit, ou que l’on essaye d’écrire nous ne touchons pas aux choses, mais plutôt à leurs structures, à leurs racines, à leurs traces dans notre cerveau reptilien. Lorsqu’on écrit, ou qu’on essaye d’écrire, on traverse les contrées les plus reculées de ce que nous sommes, les plus archaïques. Et c’est cette traversée qui importe. Nous n’écrivons pas avec notre conscience ou notre intelligence, nous écrivons avec tout notre être, avec tout ce qu’il y a de vivant et de mort en nous. Nous sommes sans époque, c’est pour cela, aussi, que nous sommes parfois éternels.<br /> Chaque mot est issu d’un silence éternel, chaque mot est suivit d’un silence éternel. Il surgit, et nous ne savons pas d’où et de quoi il surgit, de quel présent, de quel futur, de quel passé, il jaillit et c’est là son mystère, et c’est là son sacre. Nous inventons le feu à chaque poème. La vois que l’on entend dans l’écrit, n’est pas notre voix, c’est la vois des siècles, celle des origine et celle des fins. Ce qui nous fait pleurer dans le Bateau Ivre, ce n’est pas le dix-neuvième siècle civilisé, c’est l’éternité indomptable....
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