La Voix....
Il y a une voix qui vit dans écrire, on reconnait écrire à cette voix singulière, étrange. Lorsque nous lisons nous entendons parfois cette voix. Elle n’a rien à voir avec l’oralité. C’est une voix. Elle semble sortir d’un feu obscur, d’un feu sans âge. Ecrire c’est faire parler cette voix en nous, ou par nous, sans savoir si elle nous appartient, ou si elle vient d’un ailleurs mystérieux. Elle semble précéder le texte, sans jamais être tout à fait le texte. C’est dans cet à peu près, que la stridence se fait…alors le poème peut naître…
Au moment de l’écrire, c’est elle qu’on appelle dans le dédale des souvenirs, des mots, des sonorités. Elle habite en nous, comme la trace d’un passé lointain, comme le témoignage d’une humanité révolue, ou d’une autre à venir….La voix en nous qui se fraye un souffle dans le chant du texte, nous inscrit dans l’ordre des générations, c’est l’humanité entière condensé dans un murmure immémorial.
Toutes les scansions, les ruptures, les silences, tout ce qui ponctue, tout ce qui fait rythme, et couleur, n’est que la danse rituelle pour inviter la voix …. Dans écrire il y a le partage d’un feu et d’une peur, et d’un chant pour apaiser la peur… dans écrire il y une offrande….
Avant le livre, avant l’écrire, d’où venait la voix ? où se cachait-elle ? Ecrire c’est retrouver le chant du monde, la première grotte, le premier feu, les premiers tremblements, les premières prières…
La voix qui parle en nous ne nous appartient pas, elle nous traverse, et nous devons la faire passer, la transmettre, comme un feu sacré…
Elle ne dit rien, que la mémoire des siècles….
Elle ne dit rien, que mon dénuement et mon déchirement…
Franck