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J'irai marcher par-delà les nuages
1 août 2013

J'étais la poussière.....

J'étais la poussière et le sable, et tu fus la semence du vent, et l'éclair.
J'étais naufragé, et tu t'es faite île. J'étais la soif, et tu t'es faite fruit. Je n'étais qu'une écorce, tu m'as fait arbre.

Tu m'as poussée aux frontières des enfers, aux bords de ces abîmes, de ces archipels pourpres. Infatigable. Tu étais cette lande amère offerte aux souvenirs, qu'une aurore veuve et squelettique incendiait chaque jour. Chaque nuit.

J'étais pauvre, tu m'as donné la démesure, et la sérénité, et le soulagement de l'attente. J'étais le chaos, tu m'as appris la grâce, l'élégance du geste qui s'enroule sur l'ombre des heures. Je n'étais qu'un son dissonant, tu m'as montré l'octave, lorsque les notes s'épuisent et se faufilent dans les harmonies immaculées. Je n'étais qu'une écume pauvre en déroute, tu as su la tisser en dentelle de givre.

Tu as soufflé sur mes plaies dérisoires, oubliant tes humeurs, tes rumeurs, tes horreurs, tu as soufflé sur mes plaies vaines et frivoles avec la patiente douceur d'une mère attentive, avec cette complicité de sœur câline, la tendresse d'une femme amoureuse. La tendresse d'une flamme généreuse. Tu fus la chair de mes os, et tes mains, la peau de mes rêves.

J'étais la poussière et le sable, et tu fus la lumière et l'étoile. Jétais misérable, et tu m'as fait sentier, chemin, passage, pèlerin embrasé. J'étais taciturne, tu fus ventre de délivrance d'aube. J'étais un puits sans fond, tu m'as offert la chair de ta margelle, le chant de ta poulie, l'alliance de ta corde.
Je n'étais qu'un désert, tu m'as fait citadelle Je n'étais qu'une friche, tu m'as fait jardinier. Je n'étais que silence, tu m'as fait symphonie. Tu m'as offert tes mots pour nourrir ma parole, et tes incantations pour guider mes prières. Tu étais cette voix fauve sarclée de ferveur exaltée, incandescente, étincelante. Et tu étais un orage, un tourbillon enluminé d'innocence égarée. Un royaume sans frontière.

J'étais la poussière et le sable, et ton vent a soufflé pour disperser mes cendres, et je devins nuage poussé par ton absence. Et je devins un ciel de miséricorde traversé de lenteur blanche.
Un rêve de papier débarrassé des marges.

Franck.

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