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J'irai marcher par-delà les nuages
24 juin 2017

- 69 - Ecrire...

Écrire, c’est ouvrir les veines de l’amour,
C’est une saignée dans la chair du désastre,
C’est le temps rouge de l’attente sans fin.
Écrire, c’est le feu du silence, c’est user une pierre par de lentes caresses.
C’est user sa mémoire, c’est déplier ses rêves.
Écrire, c’est l’abondance de la solitude, c’est la redouter puis l’étreindre dans le même temps
C’est une eau vive de douleurs, c’est la joie de s’y désaltérer, d’en avoir toujours soif
Écrire, c’est revenir sans cesse au seuil d’un murmure
C’est  polir un cristal pour éclairer sa nuit.
Écrire, c’est l’oubli de l’oubli, c’est l’effacement des siècles, des folies, des peurs.
Écrire, c’est ne plus espérer puisqu’il n’y a plus rien à espérer, puisque tout est là dans cette blessure somptueuse et sauvage.
Écrire, c’est descendre vers l’obscure de nos légendes, c’est sacrer le mystère, c’est frissonner sans trembler, c’est errer sans jamais être perdu.
Écrire, c’est n’être défait de rien ou de tout, c’est sans cesse refaire le même geste, toujours plus lentement, c’est un songe sans illusions, mais tout en gravité.
Peser assez sur la blancheur des mots pour en extraire la stridence.
Écrire, c’est accueillir l’effondrement comme une aube rédemptrice, dilapider les trésors cachés de nos vies décomposées.
Écrire, c’est refuser toutes les richesses, puisque chaque mot appelle une pauvreté toujours plus grande, toujours plus nue.
Écrire, c’est charger un navire, prendre le large sur la peau tendre de l’horizon.
C’est prier dans des cathédrales de silence, loin de toute clameur, dans l’absence absolue, un et innombrable, bouleversé d’urgence.
Écrire, ce sont toutes les saisons rassemblées, et la symphonie des neiges éternelles.
Écrire, c’est être sans toit, sans feu, c’est habiter un chant, c’est bruler infiniment, en pure perte, en pur don.
Écrire, c’est être sans dieu, et pourtant croire à la résurrection de la chair.
Écrire, c’est s’ouvrir les veines de l’amour, en laisser couler le sang jusqu’à l’abolition des temps.

Franck.

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Commentaires
F
Difficile Iman de répondre. En effet, quel que soit le parcours nos histoires se ressemblent. La condition humaine nous rassemble invinciblement dans une quête du sens. Comprendre qui nous sommes, comprendre ce que nous faisons là, comprendre nos joies, nos douleurs, ce destin qui nous échappe, comprendre qu’on ne pourra jamais vraiment comprendre, mais s’atteler chaque jour un peu plus à vouloir toujours un peu plus. Saint Exupéry disait : « Ce qui sauve c’est de faire un pas, encore un pas, c’est toujours le même pas que l’on recommence. ». Nous vivons toujours au présent, traversés par des temps incertains, vacillants, oscillants. Nous sommes tous sur ce fil tendu à tenter de rester droit, en équilibre, à tenter de ne pas chuter, et le seul balancier qui vaille nous le connaissons. Pour faire simple, nous pourrions l’appeler « amour », ou comme les Grecs « agapè ». C’est bien cet amour, quel qu’il soit, qui nous faire sortir de nous, qui nous fait déborder comme une source. Notre eau la meilleure est bien celle qui déborde, c’est elle qui ira fertiliser le monde. Écrire se trouve à cet endroit précis de l’être. Cela dépasse bien sûr l’histoire de l’amoureuse et de l’amoureux, même si l’histoire de l’amoureuse et de l’amoureux est déjà l’expérience du don et de l’abandon. On pourrait croire que dans la solitude de l’écriture, seul l’égoïsme est à l’œuvre, il n’en est rien. Tout geste qui tente de signifier, dépasse son objet, il est un débordement, une hémorragie généreuse.<br /> <br /> Dans toute expérience sincère, authentique, qui est poussée jusqu’à l’extrême limite de soi-même, gisent des espérances éblouissantes, des lumières réconfortantes, des mystères consolants.<br /> <br /> Les souvenirs nourrissent la nostalgie, la mémoire est le pain de demain. Écrire n’est pas se souvenir, écrire fait chanter la mémoire, là, juste là, dans l’instant du chant, pas plus, pas moins. Être là, et brûler de nos plus intenses feux. Écrire se vit au présent, aimer se vit au présent ; même lieu, même temps. Et plus je vais vers mon centre, plus je déborde.<br /> <br /> C’est toujours un plaisir de vous lire Iman. Je ne sais si je réponds totalement à vos question, mais sachez qu’elles m’interrogent, et m’obligent…<br /> <br /> Franck.
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I
Si l'écriture est une chair,si nos souvenirs, nos joies,nos malheurs ne meurent pas mais habitent nos corps, logent dans nos muscles. Si c'est cela l'idée du départ, ouvrir "les veines de l'amour" serait-ce ouvrir les portes aux souvenirs d'amour? Si c'est le cas, je trouve très judicieux le recours au mot "désastre". Je partage entièrement l'idée l'idée que l'écriture"même joyeuse est douloureuse".<br /> <br /> Au fait, quand l'amour n'est plus un quotidien, n'est plus un chemin vers les lendemains. Quand l'amour, pareil à l'écriture que vous décrivez, n'est qu'un retour en arrière, quitte le présent et ses richesses, les êtres et le partage pour aller se suspendre éternellement dans les méandres obscurs des souvenirs. Quand l'amour suit cette trajectoire du reniement, d'effacement, c'est qu'il est simplement un souvenir noir, une voix à faire taire, un son lointain à étouffer...pour continuer sa marche. Certes,on y trouvera plein de lumière, de jeunesse, des rires et d'insouciance. Il y aura de la ferveur, de l'ardeur et énormément de douceur. Il y aura aussi des tempêtes, des doutes,des solitudes et du vide. Bref, il y aura toutes les saisons, toute une vie palpitante. Mais, quand tout cela suffoque ou devient livide et pauvre, l'amour tombe dans...un puits sans fin ni fond.<br /> <br /> Mais voyons un peu, de quel amour parle-t-on? Je ne peux prétendre lire dans vos pensées,mais je sais ce qui est inscrit dans la mienne. Tout type d'amour: du sein maternel,de l'amitié paternelle, d'Adam et Eve, de la terre qu'on aime si fort qu'on la nomme patrie, de Dieu qui demeure si silencieux devant nos cris. Dans tous ces amours il y a conflits, orages, douceurs infinies, déchirure, lumière. Alors, vraiment," même quand elle est joyeuse, l'écriture est douloureuse". C'est pourquoi elle naît souvent des colères. <br /> <br /> Ainsi, en réitérant ses gestes, en démystifiant le sacré et le mystérieux, on finit par comprendre que toutes les histoires se ressemblent...ou presque.
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