Tout ira mieux....
Ce matin, je voulais faire quelques messages personnels. Et tout d’abord à mes quelques lectrices fidèles, généreuses, indulgentes. Je pense en particulier à Chris, Coumarine, et Cacahuète, Sandra. Je sais que mes deux derniers textes ont pu les dérouter, moi-même j’ai vécu ses journées d’écriture de façon troublante. A certains moments, pénible. Je me suis posé beaucoup de questions, sur moi, sur l’écriture, sur moi et l’écriture, sur qu’est-ce que l’on écrit, pourquoi on l’écrit, sommes-nous ce que l’on écrit, de quelle manière le sommes-nous, qu’est-ce que la littérature. Quelle est la bonne distance par rapport à ce que l’on écrit, quelle est la part du jeu (je), de la complaisance etc…. je n’ai bien sûr pas de réponse. On a rarement les réponses. Il me reste de mes cours d’astrologie, quelques cassettes de conférences sur des sujets variés, de temps à autre je les réécoute histoire d’entretenir ma pratique. Ces conférences sont bâties toujours sur le même modèle : une histoire, un conte, un mythe qui servira d’exemple à une configuration astrologique particulière. L’autre jour je me laissais bercer par la voix du conférencier ; le sujet : le complexe de Messaline. Une histoire de dissonance entre la Lune, pluton et Saturne, bref, là n’est pas le propos. Pendant que j’écoutais j’ai senti monter en moi une sorte de compassion envers ce personnage. La vie, la mort, et le sexe. Je ne sais pas si mon écoute fut très objective. A la fin je trouvais Messaline émouvante, touchante. J’aurais aimé la serrer très fort dans mes bras. J’aurais voulu essuyer ses larmes (parce que je ne doutais pas qu’elle pleur). Alors j’ai voulu écrire quelque chose là-dessus. Tenter d’exprimer des sentiments contradictoires, dire la violence et dire le désespoir. Et puis m’est revenu une réplique de la Condition Humaine de Malraux, je la mets ici, c’est Tchen, un terroriste qui parle : " - Je cherche un mot plus fort que joie. Il n’y a pas de mot. Même en chinois. Un apaisement total. Une sorte de… comment dites-vous ? de… je ne sais pas. Il n’y a qu’une chose qui soit encore plus profonde. Plus loin de l’homme, plus près de… Tu connais l’opium ? – Alors je peux mal t’expliquer. Plus près de ce que vous appelez…extase. Oui. Mais épais. Profond . Pas léger. Une extase vers… vers le bas. " L’extase vers le bas. C’est ça qui m’est revenu. C’est ça que j’ai voulu dire. L’extase vers le bas. Quand j’écouter cette conférence sur Messaline, c’est ça que j’entendais : l’extase vers le bas. Ces mots me parlaient. Alors j’ai écris Messaline. Et puis il y a l’ironie du sort. Hier j’ai eu brusquement cinq fois plus de visites que d’habitude. Pas quelque unes en plus. Non. Cinq fois plus ! Alors vous comprendrez pourquoi ce monde m’épuise, pourquoi mes congénères me déçoivent souvent. Pourquoi j’aime mes rêves, mon ciel, mes nuages, les fleurs de mes jardins improbables. Autre ironie, dans mes visiteurs d’hier, un inconnu ne semblait pas intéressé par Messaline. Il a interrogé beaucoup de textes. Il est parti, il est revenu. Sur Google il avait questionné : " Lettre d’amour ". Et il est tombé sur moi. C’est donc à lui que vais m’adresser maintenant. Je veux qu’il sache tout d’abord que je ne lui en veux absolument pas de s’inspirer ou vouloir utiliser une partie de mes textes. Au contraire, je trouve cela plutôt flatteur et la cause me paraît noble. Si mes mots peuvent servir ses desseins amoureux, tant mieux. S’ils servent à faire briller les yeux et battre le cœur d’une jeune fille quelle belle destiné ! Pourtant je dois lui dire qu’il faut se méfier des artifices. Tu te sens démuni, les mots ne viennent pas, où ceux qui viennent ne sont pas à la hauteur de ce que tu veux signifier, ce n’est pas grave. Ferme les yeux, respire profondément, appelle le parfum de celle que tu aimes, fais monter dans ton sang son image, ses yeux, sa bouche, les courbes de son corps, le grain de sa peau, imagine-la marcher dans le soleil, ou courir, ou sourire, prends ton temps ne soit pas pressé, et dis simplement ce que tu vois. Dis la lumière, dis les battements de ton cœur qui s’accélère, dis-le avec tes mots. Tes mots à toi. Ne les crois pas pauvres, si ton amour est sincère elle en verra toute la richesse. Enlève tout de toi, soit nu. Soit comme l’enfant, nu, pur, entier et je te promets que les mots qui vont venir seront les bons. Et si par le plus grand des hasards les mots ne venaient pas, part, va dans la campagne, dans les champs, cueille des brassées de fleurs ébouriffées, cueille des brassées d’herbes folles, cherches quelques trèfles à quatre feuilles, ou quelques fraises des bois. Et si la campagne est trop loin, tends-lui simplement tes mains comme si tu voulais recueillir la pluie d’un bel orage, des mains grandes ouvertes et accueillantes, des mains larges et généreuses. Charge ton silence comme si tu chargeais un navire et avance vers elle comme si tu jetais un pont entre deux étoiles. Tu vois ce n’est pas difficile. Ne crains pas d’être fragile, soit seulement à la bonne hauteur de ton amour, dans la juste place de ton cœur et du sien, et tu verras tout ira bien. Tout ira mieux. Franck