Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
29 mai 2005

Une chose insensée...

Hier je finissais de lire un des petits joyaux de littérature. Un livre d’André Dhôtel : Le pays où l’on arrive jamais. Il faut lire Dhôtel, ses livres sont comme des caresses, on les croit légers, anodins et au bout du compte ils laissent une trace argentée au fond de l’âme. Au départ le monde est juste un peu bancal, ils s’aiment, mais tout se détraque, tout est là, mais tout s’éclate aux quatre coins du monde, il faut alors tous les chants des forêts et le galop fou d’un cheval pour tout remettre en ordre. Un rien peu tout défaire, mais un rien peut tout reconstruire pourvu qu’on croit assez fort que l’enfant en nous mérite d’être entendu. Je connais deux personnes, non, deux enfants ; elle s’appelle Angeline et lui Denis. Le Pays où l’on arrive jamais, est leur histoire. Mais c’est la votre aussi, ou la mienne. J’aime le galop des chevaux dans la forêt…

Le livre, c’est une chose insensée quand on y réfléchit, c’est un lieu d’absence, un lieu de vide. Quelqu’un vous parle au creux d’un silence et sa parole vous déchire d’abord, vous arrache par la suite. Vous êtes si loin et pourtant si proche, comme un vertige, vous existez et votre sang s’échappe. Délicieux et effrayant comme un don démesuré qui signerait une perte infinie en retour.
Le livre c’est le lieu de l’attente justement parce que c’est le lieu de l’amour ; brûlure et abandon comme dans un chagrin d’enfant consolé par le baiser de la mère.

Dans la lecture il y a le corps qui lutte et qui échoue, renonce, qui oublie sa condition de matière périssable pour ne laisser que la trace légère d’une lueur. Etrange apesanteur des heures de lecture.

Au début il ne s’agit que de faire advenir le silence : une grande marée de silence qui n’en fini pas de venir mourir sur la longue page de la langue.

Franck.

Publicité
Publicité
Commentaires
F
Oui, Coumarine tu as raison. Un jour j'ai écrit à C.Bobin (c'est la seule fois où j'ai écris à un auteur), et par retour du courrier il m'a envoyé, une petite carte, avec quelque mots gentils de sa main, et derrière la carte, imprimée, il y avait une phrase de Dhôtel : "Il me semble que toutes les vies sont égales, si on les suit avec confiance."<br /> Alors j'ai lu Dhôtel, comme quoi, un auteur généreux n'en fini pas de faire des cadeaux...<br /> Bonne journée Coumarine<br /> Bises. Franck.
Répondre
F
Oui, Chris nous avons tous des livres qui ont colorés notre jeunesse. Moi, c'était Citadelle de St Exupéry. Un livre de sable. A dix-neuf ans j'ai pris un sac à dos et je suis parti avec un copain traverser le Sahara en stop. Dans mon sac, j'avais emporté Citadelle. Je me souvien de ces pages de sable lues, assis sur une dune. Je me souviens de cette joie immense, et même de cette tristesse coulant dans le sang d'une adolescence douloureuse. Beau et triste à la fois.<br /> C'est bien d'avoir des livres de sable. Ils n'allordissent pas le sac, au contraire ils l'allège, assez pour continuer la route...<br /> Bises.<br /> Amitié, Franck
Répondre
C
Cela ne m'étonne pas Franck, que tu aimes André Dhôtel: c'est un des auteurs préférés de Bobin...
Répondre
C
Bonjour Franck...j'ai beaucoup lu autrefois, moins maintenant par manque de temps. Alors j'essaie de lire de belles pages, je regarde ce que lisent les autres, ce qui les envole loin, ce qui laisse dans l'âme des "traces argentées" comme tu le dis. Adolescente je lisais de la SF, j'adorais me perdre au sein de ces empires imaginaires et pourtant si vivants. Un roman m'a marqué profondément, je le relis de temps en temps, il a conservé le même pouvoir émotionnel sur moi. C'est "la nuit des temps" de Barjavel, l'une des plus belles histoires d'amour qui ait jamais été écrite, et pourtant dieu sait que les hommes et les femmes ont écrit sur le sujet tant il y a à dire et redire...Mais là, il y a cette poèsie d'écriture de Barjavel, très caractéristique, qui enchante le coeur. Et puis il y a cette Terre que l'on ne connait pas, qui est la nôtre mais différente, cette socièté avec ses merveilles et ses injustices. Je raffole des univers créent de toutes pièces, Dune évidemment, quel monument.<br /> <br /> L'imprimerie est sans doute la plus importante découverte des hommes...<br /> <br /> <br /> Bises Franck
Répondre
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
J'irai marcher par-delà les nuages
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 168 003
Catégories
Pages
Publicité