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J'irai marcher par-delà les nuages
3 juin 2005

Quand le ciel vous écrit......

Changer de lieu, c’est aussi changer de regard, presque changer de mots. Ce matin je ne suis plus dans mon petit appartement parisien, mais en pleine campagne verdoyante. Changer de lieu, c’est changer de regard, mais ce n’est pas changer de cœur… C’est une banalité de le dire. Le mien aujourd’hui est fissuré. Je suis dans le doute et la contradiction. Alors j’ai pris une petite bouteille, j’ai glissé à l’intérieur quelques mots foudroyés, pour les faire parvenir à celle qui s’habille de lumière, celle au cœur de feu, celle à la parole de torrent, aux yeux d’orages. Elle entend les bruissements les plus ténus, dès qu’il s’agit de frottement d’âme. C’est un vrai talent. Pour le posséder, il faut être à vif, être au sang, il faut vouloir, tous les jours, être dans le déchirement des chairs sans jamais se plaindre ou se complaire. Alors j’ai envoyé ma petite bouteille chargée de mes fragilités du jour à Angeline. Elle devait avoir entendu chaque mot au moment où je les tapais sur le clavier. On aurait dit qu’elle m’attendait.

C’est pour ça que je mets sa réponse ici. Parce que je souhaite à tout le monde d’avoir au près de soi tant de lumière pour s’opposer à tant de ténèbres. Je souhaite à tout le monde de connaître une personne à l’âme si vigoureuse, si généreuse.

Merci mon Ange, je te laisse la parole :

" Bon, du joint dans tes fissures, il n'y a rien de tel lorsqu'on s'attaque à son carrelage de salle de bains fissuré.

Ce changement d'endroit tu le sais mieux que moi il va falloir t'habituer. Il faut s'habituer, le temps que tu prennes d'autres rythmes et peut-être en profiter pour arrêter avec les mauvais, les anciens.

Effectivement être mieux dans mon coeur et ressentir de l'amour ça ne m'a pas calmé question écriture, Jean le déplore, il s'attendait à moins de...de rigidité. Tu sais, tu me fais rire, tu dis que tu ne sais pas quelle couleur donner à ton blog, tu crois que moi je le sais avec le mien ? Les périodes de doutes sont salvatrices : ce n'est qu'en période de pression qu'on peut donner à l'art ses plus belles lettres de noblesse. Mais nous, Franck, on est bien au dessus de l'art. Tu vas dire : quelle prétention ! mais ce n'est pas en terme de niveaux que je parle. Je veux dire : si on écrit, des fois on ne sait pas pourquoi on écrit, des fois on sait. Mais si on écrit, on sait au moins que même sans avoir rien à dire, c'est pour de bonnes raisons. Etre juste face à son écriture implique d'être juste face à sa vie. Peu de gens, d'écrivains diraient : je doute de ce que j'écris. Il faut être quelqu'un de fort dans la fragilité, tu comprends ? Donc si tu n'as rien d'autre que tes doutes, écris-les.

Ici il fait chaud comme en août. Je n'aime pas ce mois d'août, ma naissance, le Portugal, les vacances, mon Oncle. L'angoisse revient quand vient l'été, je prends des médicaments pour tenir. J'écris et ça va mieux pendant les petits moments.

Tu dis : je suis envahi de doutes, de contradictions. Tu remarqueras que la forme de mon blog est posée sur des bases de doutes et de contradictions. Tu remarqueras que je donne souvent de fausses infos sur des gens réels pour ensuite donner les vraies, lorsque j'ai leur accord. Ou pas. Lorsque tu te sens découragé, écris surtout là. Quand on me demande : tu trouves où l'inspiration ? : je réponds que je n'ai jamais été inspiré par les écrivains ni par les écritures d'eux : c'est le moyen qui m'intéresse, pas son histoire. Personne n'est jamais vraiment inspiré. En revanche, être avec ses amis, manger ensemble à quatre heures de l'après-midi, quels qu'ils soient, morts ou vivants, ou de la race des survivants, comme toi et moi sommes, cela se voit à nos écrits, être avec eux, répondre à quelqu'un d'honnête et d'entier dans son amitié pour toi comme tu l'es, mon tendre, être avec celui qu'on aime, être avec son animal de compagnie, toutes ces choses sont des instants magiques qui valent tous les chefs-d'oeuvre de la littérature. SOUVENIRS DE LA MAISON DES MORTS y compris. Ce livre dans mon adolescence m'a tellement marqué, j'ai détourné le sens en l'appuyant pour qu'ils correspondent à mes délires intérieurs. Donc si tu es seul et que tu n'as que les vacances où la nature pour te promener, sache que tu n'es pas seul tant que tu peux respirer. Tant que tu es survivant dans le monde. Tant que tu sais, malgré les doutes et les contradictions, que l'écriture sera toujours là pour que tu puisses l'utiliser. Toujours. Et que mille choses infinies t'attendent dans l'avenir. Le soleil brille comme la nuit sensuelle est sanglante la nuit. Tu sais, je vais te dire, cela me rassure que tu sois plein de doutes et de contradictions. Le contraire m'aurait inquiété. Tu es un survivant, pas un mort, donc mon frère je t'enlace tendrement pour ce cadeau de ce que tu es.

On me reproche souvent de revenir sans cesse sur les mêmes choses. Je réponds : et que font les autres si ce n'est revenir sur eux, au moins je prends la chose avec distance, c'est mieux, moi comme sujet, entre autres êtres qui ont des histoires.

Moi je ne prépare rien à l'avance, si je n'ai rien à dire, je le dis quand même (amusant).

Sinon ce matin avec ton message j'ai reçu un message d'un type qui me traite de grosse pute parce que j'ai dit que les skinheads étaient de sales pédés. Il me dit aussi qu'il me souhaite de crever. Aucun pédé n'est venu me dire qu'il allait porter plainte contre mon blog sous prétexte que je dégrade les homosexuels pour l'instant. Sinon il y a les gens intelligents comme toi, pleins de doutes, qui voient vraiment ce que quelqu'un de sensible à outrance a besoin de dire parfois. Pour caresser l'intime et le sensible des gens, au moins une fois.

En fait, malgré le soleil je provoque des réactions contradictoires parmi les gens qui me lisent. Cela aussi ça me rassure. Comme dans la vie, je provoque des réactions contradictoires.

On reste au fond tout le temps fissuré, lézardé, l'année dernière en Ardèche après avoir fui mon ex-mari, dans la maison, la piscine, j'enlevais les petits lézards morts, dans ma main, ces petits corps, ces petites pattes, ces torses, alors que j'ai peur des reptiles, là, pas peur des lézards. Ce sont les seuls avec les tortues qui ne me dégoûtent pas. Tu vois, être égoïste ce n'est pas grave, tant que c'est tourné comme un moyen de donner aux autres, tu vois, je n'aime pas les égoïstes des associations, tu vois je n'aime pas l'égoïsme social.

Des fois on devrait se réjouir de ce qui est autour de nous. Mais je ne suis jamais dans la réjouissance, même si être entre amis en été à quatre heures de l'après-midi, ou seule en promenade en hiver à la recherche de feuilles d'automne pour mes peintures, j'arrive à y prendre du plaisir.

Il y a dessiné comme ça, quatre grands types de personnes. Les morts, se sont les plus nombreux. On les reconnaît assez facilement même si certains font tout pour le cacher et vous trompe. Il y a les vivants, les plus rares, les plus précieux, j'en ai croisé un ou deux dans ma vie. Un. Il y a les survivants, dont je fais partie, nombrse moyens, font tout pour se pardonner à eux-mêmes les erreurs que maman nature leur a pardonné, tu sais. Ils sont la plupart du temps explosifs, originaux, ils n'ont pas peur de penser ce qu'ils disent contrairement aux morts qui ne savent pas trop. Et il y a les Sans-Noms, qui sont juste là pour planter le décor. Si seulement nous étions vivants. Mais les catégories n'existent pas. On peut en changer comme on veut, il faut travailler pour ça (le travail, quelle grande valeur sociale).

Généralement, et même sans le savoir, les morts comme les vivants, surtout les survivants, ont besoin d'amour.

Comme moi qui te donne une partie du mien là tout de suite.

Angeline. "

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Commentaires
F
Je te remercie Chris de ce commentaire. Et je suis heureux que tu comprennes, comme tu dis cet "attachement". Parler d'Angeline ? Je ne voudrais pas la gêner, de plus je ne serais pas objectif. Un jour je suis tombé en arrêt devant cette écriture. Ca ne s'explique pas, c'est comme ça. Plus tard, l'écrivaine c'est peu à peu dessinée, puis enfin la personne... Tu vois, malgés une vie brûlée, elle trouve le temps de dispenser de l'amour, de la tendresse, de l'énergie... C'est la signature d'une grande âme, d'une belle âme...<br /> Et puis, ce blog, s'il existe c'est grace à elle, c'est elle qui m'a bousculé pour passer à l'acte d'écrire et de mettre en ligne.<br /> Souvent on la lit mal, on interprète, pourtant ses mots sont des pures lumières, des lumières qui ont dues s'arracher des plus profondes ténèbres.<br /> Je t'embrasse Chris. Passe un bon WE au bord de la mer. Et ramène nous un beau ciel de mots.<br /> Franck.
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C
je suis allée deux fois sur le blog d'Angeline. Je crois l'avoir lue ailleurs, on s'en souvient parce que ses textes sont des uppercuts, des Angeline comme ça il n'y en a pas à la louche... J'aime bien ce qu'elle t'écrit là, c'est...émouvant, et fort. Solaire. Je n'ose rien écrire à propos d'Angéline, parce que je sens que tout ce que j'écrirais serait faux. Je pourrais juste écrire comment je la ressens, moi, ce qu'elle me donne à croire. Enfant. Grâce et luminosité. Fragilité. Quand je vois la sienne je mesure combien je suis forte moi qui me croyais faible. Je comprends ton attachement Franck, maintenant je le comprends.<br /> <br /> Bises Chris
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