Il y a des jours....
Il y a des jours où on laisse la lampe éteinte, on écrit avec une encre d’ardoise sur une page de nuit, et les mots craquent comme des cailloux.
Il y a des jours où l’on trébuche sur un souvenir et voilà qu’on dévale les couleurs de l’arc-en-ciel pour aller s’affaler dans le noir la tête la première, un noir solide et anguleux. On a beau brûler des fagots de secondes pour y voir plus clair on se blesse quand même sur des tessons de ciel.
Il y a des jours qui n’apportent avec eux aucune rémission.
Des jours comme la peau blanche des mourants,
des jours lestés de remords à l’odeur fade.
Des jours sans issue, plombés par l’attente vaine,
des jours sans visage,
jours d’absence en dehors de toute chronologie,
jours que rien ne sauve, ni personne, ni un hier, ni un demain, ni une lumière, ni une prière.
Seulement une épaisseur qui traverse la chair dans laquelle le peu de pureté qui nous reste s’enlise.
Une épaisseur qui étouffe toute flamme.
Les heures s’effondrent les une sur les autres avec un bruit sourd.
Désastre anonyme des heures impossibles à secourir.
Effritement de vie,
décomposition du temps sur des silences inutiles,
et les mailles du temps qui se défont une à une…..
Franck.