Je déborde dans le désordre.....
Là au moment où je suis en train de taper sur le clavier je n’ai pas envie d’écrire. Je me sens vidé. Pourtant je me dis que c’est maintenant que je dois insister.
Ecrire….un mot plus loin, plus haut, une note de plus dans l’arpège…
Sans jamais trouver une réponse sereine.
J’ai longtemps cherché mon style d'écriture, celui qui me correspondrait, celui avec lequel je me sentirai à l’aise, et ce que j’ai trouvé est un peu particulier, souvent cela me donne la sensation d’appartenir à mon style et non l’inverse.
Avant le blog, l'acte d'écrire pour moi est un acte grave. Je l'ai sans doute trop sacralisé, ce qui m'empêchait d'avoir vis-à-vis de lui une attitude simple, légère, naturelle, évidente. D'ailleurs, il en va de même pour beaucoup de chose, entre autre pour mes relations avec les autres, ou mes relations avec le monde. Je n'aborde rien de façon simple, apaisé.
Je suis un être douloureux, sensible, trop sensible. Mon écriture n'est pas une écriture d'histoires, de scénario, c'est une écriture d'émotions.
Mon rêve serait de transmettre avec des mots une émotion la plus pure possible.
Mais quand on y réfléchis, les émotions qui me stimulent sont peu nombreuses : le chagrin, la tristesse, le désespoir, l'amour et plus généralement tous ces instants où l'âme est "effondrée". J'aime cette idée d'effondrement. Elle me parle. Je la ressens très fort.
Écrire pour moi c'est atteindre un monde particulier, ces couches obscures qui gisent en nous, ces sensations souvent contradictoires qui nous bousculent. Le monde de l’autre coté des paroles, de l’autre coté de la vie, un monde fait de choses sans importances, comme les prières, les chants, les murmures, les silences, les larmes, les dons, le dépouillement, toutes ces choses gratuites, qui ne servent à rien et qui pourtant nous sauvent.
Exprimer l'inexprimable, se situer sur les bords de l'indicible.
Je n'ai pas d'inspiration au sens où on l'entend généralement. Les choses arrivent (quand elles arrivent) souvent pas surprise. J'attends qu'un rythme vienne, une sorte de musique (j’en ai déjà un peu parlé), pas une musique normale, mais une espèce de hômmmmm, qui se module, et qui peu à peu raisonne en moi ; puis il y a des sensation de lumières, plus ou moins claires, alors des mots viennent, comme si je mettais des notes sur une portée de couleurs(l'image n'est pas tout à fait juste, mais elle se rapproche de ce que je sens). J'ai l'impression de descendre en moi. C'est profond, c'est au fond. Quand parfois une association de mots, une image, la rencontre de deux sons ou la collision de plusieurs sens touchent au plus précis de mes os, j'ai une bouffée émotionnelle qui m'envahis et les larmes me montent aux yeux. C'est une expérience bizarre, exaltante et douloureuse. Mais une expérience forte, que je ne peux pas renouveler à la demande.
Il y a une pente et je m'y laisse entraîner, avec un sentiment de vertige, d'ivresse, c'est ça que j'appelle l'effondrement.
Il me semble que ce que j'écris s'adresse à l'âme. C'est-à-dire à cette partie centrale et profonde de l’être. Pour moi, l'âme n'a rien à voir avec la religion (catholiques, chrétiens, juifs, musulmans...), mais avec le sentiment religieux, avec la spiritualité ; cette sensation qui nous pousse à nous relier à l'humanité, et même, au-delà de l'humanité. On a quelque chose en nous qui résiste à tout et sur laquelle on s'appui sans le savoir. C'est la partie incorruptible de nous-même. Elle nous fragilise et nous rend fort dans le même mouvement.
C'est de "là" et pour "ça" que j'écris.
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Bref, tout ça pour dire que pour moi ce n'est pas si simple. Je pense même que je me crée de façon inconsciente des conditions d'impossibilités, ou pour le moins de difficultés, comme en amour d'ailleurs. Je suis le spécialiste des amours impossibles, douloureux, mais c’est une autre histoire.
J'ai l'impression d'être dans une solitude absolue (ce qui n'est pas toujours vrai), de ne pas être à ma place, nulle part.
Ne pas parler, ne rien dire à personne, ne pas être de ce monde... Bien sûr, c'est artificiel, mais je le ressens très fort, comme une source qui n'a pas trouvé son ruisseau, je déborde dans le désordre en pure perte.
Franck