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J'irai marcher par-delà les nuages
9 juillet 2005

Sans appui et avec appui...

" Je suis vivant sans vivre en moi
et si puissant est mon désir
que je meurs de ne pas mourir "
(St J de la X)
Depuis des semaines je cherche des mots. Des mots dans tous les sens. Dans les yeux, les doigts, la bouche, j’en mâche tout au long du jour. C’est une activité de dément. De fou. Chercher des mots à l’infini, ou l’infini dans les mots et être dans l’attente que le mot nous révèle à nous même, ou nous révèle l’autre de nous même. L’autre dans l’ombre de nos jours. L’autre qui saigne dans le moindre de nos actes. Alors un jour on se met à chercher des mots qui diront cette voix perdue, on fait pleurer les mots, on les fait crier, hurler, pour dire ce qu’on ne dit jamais, on y met des couleurs pour les attirer, les orner, se dire qu’ils ne sont pas ce qu’ils sont, qu’ils ne disent pas ce qu’ils disent. On croit qu’ils on leur propre lumière. Alors on cherche. On fabrique des images, pour servire d’icône, de pentacle magique, de gri-gri ; exorciser nos peurs, nos vides, nos faiblesses, nos absences. On fabrique des images et l’on se croit sauvé du temps, du manque. Certains jours on croit tenir la beauté au bout de sa plume, l’image est belle les mots sont rares, ils disent l’impossible de dire autrement, parce qu’ils deviennent l’évidence de l’instant. Tout se mêle, les couleurs, la musique, et on les lit, ces mots, on les lit et relit à haute voix pour se convaincre un peu plus qu’ils détiennent une partie de ce quelque chose qu’on ignore, et qui nous ronge de l’intérieur. Et puis la plume tombe. Une fois de plus. On se dit que le blanc de la page c’est le blanc du cœur, que là sur le blanc de la page on est à la surface de l’âme, qu’on touche à l’essentiel et puis on déchire la page, avec ses morceaux d’âme accrochés à ces quelques lettres d’encre rouge.

Tout est dans la littérature et pourtant la vie est ailleurs. Il y a tout sauf, le primordial. Je donnerais tous mes poèmes, tous mes mots, pour un seul baiser d’elle. Toute la littérature n’est rien si ses lèvres ne frôlent pas mes lèvres et si son souffle ne m’anéantit pas. Et je ne suis rien si sa main ne touche pas mes yeux. Rien si ma chair ne rejoint pas sa chair, rien si je ne bois pas son sang, rien si sa voix ne prononce pas mon nom, rien… et mes empires ne sont rien sans son ciel de lumières et mes victoires grotesques sans sa miséricorde et mes bijoux honteux sans sa chaste vertu, et mes offrandes vaine sans ses aurores pâles. Oui, je ne suis rien et pas un mot ne me sauvera.

Pourtant sans amour, pas de littérature, puisque c’est le même mot ; et sans littérature qu’en serait-il de l’amour ? On sait tous que l’amour que l’on vit, que l’on fait ne se dit pas. Faire arriver les mots c’est faire retirer le corps et quand le corps y est les mots refluent. L’amour se dit dans le manque. Et l’écriture c’est l’impossible tentative d’abolir le vide qui me sépare d’elle. Impossible, c’est pourquoi l’on recommence sans cesse et qu’on réécrit à l’infini la même chose depuis l’aube des temps. Il faut regagner un silence comme on regagne la rive pour se sauver d’un naufrage. Il faut regagner un silence et laisser les mots vous quitter un à un, goutte à goutte. Les dieux ne s’y trompent pas ils entendent mieux les prières muettes, comme les mères à l’écoute du silence de leurs enfants.
J’ai cherché des mots, des mots dans tous les sens.
Je suis entré dans l’usure des mots, puisque je suis dans la marge de sa présence.

" Sans appui et avec appui
sans lumière en l’obscure vivant
tout entier me vais consumant "
(St J de la X)

Franck

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Commentaires
F
Angeline, tu as raison, à l'infini, mais parce que toi, ton âme est infinie.....
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F
Oui, Chris c'est cela....et ton épaule et ton coeur sont important ajourd'hui.<br /> merci de ta présence et de ta douceur<br /> Tendresses<br /> Franck
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F
Nobody, je crois que la littérature est indisociable de l'amour, elle en est même la fille... par contre l'amour n'a pas toujours besoin de la littérature... C'est se que dit Chris... rien ne remplace la présence de l'être aimé... quand il n'est pas là, la littérature commence...<br /> Bises<br /> Franck
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A
L'amour se dit dans le manque : c'est tout à fait ça. Tout dépend de la quantité qu'il nous en faut.<br /> Moi, il me l'a faut à l'infini.
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C
Je ne sais pas Noby...Je crois que l'une ne peut exister sans l'autre, mais que l'Amour, lui, le bel Amour, se suffira toujours à lui-même.Il n'a pas besoin de mots, il n'a besoin que d'un regard et du grain d'une peau...Enfin, c'est ainsi que je le perçois. :)<br /> <br /> Tendre ami, je sens ta tristesse, je t'offre mon épaule où poser ta tête et mon coeur où reposer un instant le tien...<br /> <br /> Je t'embrasse
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