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J'irai marcher par-delà les nuages
8 mai 2007

Film.....

Tenir l’instant. Le maintenir. Ne plus le lâcher. A l’intérieur c’est un film. Ca y ressemble. Il surgit dans le désordre des séquences. Il s’accroche. Je m’accroche. Je ne l’appelle pas. Il est là. Je le laisse prendre la place. A l’intérieur. Avec les images. Ca ressemble à un film. C’est un film très court. Quelques séquences. C’est l’histoire d’une rencontre. La caméra est dans mon œil. Quand il surgit, ça va très vite. Une fraction de seconde. Mais je tiens l’instant. J’ai la sensation que tout est en morceau. Une décomposition d’images. Comme si de l’eau passait dans la mémoire. L’eau du temps. Alors il faut tenir l’instant. L’étirer. L’agrandir.

Ce n’est pas un grand film. Ce n’est pas un film d’auteur. C’est un petit court métrage dans le désordre des séquences. Il y a simplement un peu d’eau qui coule sur les images. C’est l’histoire d’une rencontre. Cela ne dure pas. C’est normal. Les rencontres ne dure pas. Après ce n’est plus des rencontres. Là, c’est uniquement une rencontre. Après le film s’arrête. Il repasse dans les boucles du temps, de la mémoire. Sans cesse il repasse. Il veut trouver sa place dans le labyrinthe, dans ce fatras que sont mes jours. Alors il repasse.

Il faut que je tienne l’instant. Assez longtemps. Parfois on oublie. L’eau envahi tout. Les formes, des contours disparaissent. On passe sa vie à oublier. Là, je veux que ça reste. Quand le film se présente je ne le chasse pas. Je le laisse. Dans ma tête, c’est un film silencieux. Pas muet. Silencieux. Les deux parlent, mais ont ne les entend pas. Moi, femme_dans_un_caf_j’entends. Le son est dans un autre lieu de ma mémoire. L’image et le son ne sont pas synchronisés. Dans ma mémoire ce sont déjà des extraits. Il y a des images qui ont déjà disparues.

C’est un dimanche. Cela n’a pas d’importance dans le film, mais c’est un dimanche. Le matin, ça c’est important, à cause de la lumière. Il fait beau, mais il y a un léger voile dans le ciel. Une luminosité franche de matin avec juste un voile léger. C’est un quartier de Paris. La rencontre se passe à Paris, cela aurait pu être ailleurs, mais c’est à Paris. Ils ont rendez-vous. Ils ont échangés des texto. Des milliers de gens font la même chose, à Paris ou ailleurs. C’est banal. Les gens se donnent des rendez-vous et s’attendent. Au départ ils veulent se rencontrer. Après ils ne veulent plus, mais c’est trop tard. Ca s’est imprimé sur la pellicule. C’est inscrit dans l’histoire des étoiles. Tout est inscrit, avec les gestes, et la lumière qui les portaient. Ce ne sont pas des films d’auteurs. Cela forme simplement la texture des ténèbres dans la profondeur des cieux. Ils ont rendez-vous dans un bistrot. Le bistrot a un nom amusant. Dans le renier texto elle lui a écrit : chez Gudule….Le nom du bistrot, n’a pas d’importe dans l’histoire qui se déroule. Mais c’est le nom du bistrot, alors il faut le dire.

Le film commence toujours de la même façon. Elle, elle est assise à la terrasse du café. Il n’y a qu’elle. C’est le matin dans Paris. Elle est assise. Elle attend, lui.

J’ai la caméra dans l’œil. La caméra, d’abord elle cherche. Et puis l’œil s’aperçoit qu’il n’y a qu’elle. Ils se sont trouvés. Il n’y a pas de musique sur les images de la mémoire, ce n’est pas comme dans les vrais films. Là, c’est silencieux. Il n’y a pas de ralenti non plus.

A partir d’ici, le champ de vision de la caméra se rétrécit. Il n’y a plus que le visage d’elle. Autour c’est flou. Dans la mémoire de l’œil le visage d’elle est très proche. Plus proche que dans réalité d’une rencontre. Parfois l’œil dérive à droite ou à gauche. Je me souviens. Je ne peu pas la regarder trop longtemps en face. C’est presque douloureux.

Alors il parle. Leur conversation va droit à l’essentiel des choses de leur vie. C’est une conversation naturelle. Sauf, que rien n’est naturel. C’est comme dans la tragédie grecque.

Les histoires s’emboîtent comme des poupées russes, de la plus simple à la plus cruelle. Ce qui caractérise les histoires, c’est qu’elles ont une fin. C’est que la fin est inscrite dans le début, en filigrane. Dans le film, si l’on regarde bien, tout est inscrit dès le premier instant. La couleur du matin. Le voile dans ciel. Peut-être le nom du bistrot. Gudule. C’est une dérision. Le destin des humains est dérisoire. On sait. Tout le monde le sait. On fait comme si on l’oubliait. Et puis il y a quelques signes qui nous arrivent. Gudule, c’est un signe, ce n’est pas un nom, ce n’est pas un lieu ni un temps. C’est un signe.

Il ne veut pas la regarder tout le temps de la séquence. La beauté d’elle, est troublante. A chaque fois qu’il la regarde dans les yeux il a la sensation de manquer d’air. Il reprend son souffle. Ca ne se voit pas sur l’écran. A chaque fois que la scène passe, je ressens la même pointe. Comme si un scalpel passait à l’intérieur de la poitrine. Un effleurent glacé.

Dans le film de sa mémoire, il est très proche d’elle. C’est un effet du temps. Dans le film de sa mémoire les images sont des morceaux d’images. Un peu comme un kaléidoscope. Les yeux. Le point d’éclat au centre. La bouche. La peau du visage. Le nez. Chaque partie se sur imprime sur les autres. Il faut faire un effort pour retrouver le visage dans la nudité du premier instant. De l’eau passe dans ma mémoire poreuse.

Je me concentre. Ses yeux. Sa bouche. Ses lèvres. Son sourire.

Voilà, le sourire. Il faut garder le sourire. C’est par le sourire que tient le film. La porte d’entrée du visage c’est son sourire à elle. La séquence où ils sont assis tous les deux à la terrasse de chez Gudule se brouille. Elle n’est pas dans l’ordre. La mémoire a déjà fait des coupes.

Plus le film repasse plus les nœuds se nouent. C’est le sens de la fatalité que nouer les nœuds. Il faut garder ces instants. Il faut les garder. Déjà je sens l’effacement. Ses traits sont moins précis. J’insiste, c’est le sens de ma folie. Revenir sur l’inutile. Tenir le vain, l’accessoire. Tenir tous ces fils qui pendent. Il ne faut pas être négligent avec ses souvenirs. Il faut les dire, leur trouver des mots. Pour leur faire un autre destin.

Et toujours cette même sensation quand son visage apparaît, cette sensation de bouleversement, comme si les images passaient d’abord dans le sang, comme si elles infusaient les chairs.

C’était un dimanche, elle est arrivée comme une plume, comme une grâce. Elle a choisi cet instant si particulier pour apparaître, l’instant où la lumière se gorge de silence. L’instant où les dieux sont occupés à autre chose, où ils détournent le regard, où ils laissent faire.

Elle est arrivée avec cette légèreté de brise printanière. Elle a posé ses doigts avec douceur sur la porte de tendresse et elle est entrée. Et depuis, ma maison est dans tous ses états. Elle a simplement soufflé, et j’ai senti sa présence. Une présence considérable.

Et depuis, j’ai dans la tête ce film qui passe et repasse sans arrêt. Pour ne pas oublier. Pour mourir un peu moins vite.

C’était un dimanche. Elle est arrivée comme l’écume d’une vague, un rire d’océan, comme une ivresse, une folie. Elle est arrivée comme la chaleur qui précède les feux. Elle est arrivée juste après l’aube dans l’ascension verticale du soleil, avec juste un voile, juste ses yeux, et le fracas d’un sourire. Certains êtres vous manquent bien avant que vous ne les connaissiez, bien avant que vous ne les ayez rencontré. Et quand ils sont là, ce manque vous sacre.

Alors je suis de son absence. Elle est « ma part manquante », ma procession, ma croissance, mon témoignage. Elle enfante mes heures, et je croîs dans son regard, et j’augmente par sa seule lumière. Je suis son pèlerin. Pauvre et silencieux.

……..

Les saisons cachent leurs misères et raccommodent leurs troublantes humeurs par un long fil de tristesse.

 

 

 

Franck.

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Commentaires
F
Pas de problèmes Syndy. C'est déjà bien de reconnaître sa maladresse....<br /> Sache seulement que nos passions, écriture et lecture, exigent d'abord de nous-même...<br /> <br /> Et ne t'en fait pas pour le niveau, la clareté d'une détermination, et l'éclat d'un désir, s'expriment à tout âge<br /> l'écriture est toujours plus imparfaite que le coeur qui la chante...<br /> A bientôt.
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S
quand au style chloé, navrée mais je ne suis pas une artiste, juste une fille de 14 qui apprécie ces textes et a pour passion l'écriture et la lecture...alors soyez indulgents s'il vous plait! je sait que je ne suis pas du tout au niveau mais pourquoi s'en faire? l'important c'est de partager l'écriture, et peut importe les fautes en fin de compte, ce qui compte c'est ces mots qui nous unissent tous!
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S
j'a vu ça...je suis désolée d'avoir laissé des fautes même dans ma critique, j'ai honte!!!!!<br /> l'homme est imparfait à près tout, <br /> Errare humanum est (l'erreur eset humaine)<br /> ... sorry
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L
instants de vie, le temps n'est plus au même moment, sur la même échelle d'onde et on se voit suspendu, accroché sans limite....l'écran reste à écrire encore....<br /> merci Franck pour ce bel instant
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C
Je viens de lire le commentaire de Sindy. Alors là, l'orth ographe est bien malmenée! :-(((((<br /> <br /> petites scènes que notre oeil a filméES <br /> des sentiments qui bouILLent en nous à cet instant <br /> à près (APRES) tout<br /> <br /> PS: je ne voudrait (VOUDRAIS) pas être rabat-joie.<br /> <br /> Encore quelques efforts Sindy et tu pourras critiquer les autres. Le style n'est pas...pas tout à fait...même pas du tout... :-((((
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