Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
2 novembre 2008

Nous n'aimons pas les prières....

C'est vrai nous n'aimons pas les prières. Et pourtant nous prions. Et cela réveille la colère des dieux. Parce que celui qui écrit prie. A genoux dans sa voix, joignant les mains de la parole. A genoux dans sa voix et dans l'ombre glacée du monde. Ecrire c'est une prière qui n'a pas d'adresse, pas de lieux où arriver. La perte est son horizon, la défaite sa résurrection.

Nous n'aimons pas les prières et pourtant nous prions. Blottis dans le manque, passant d'un silence à l'autre, d'une absence à l'autre. Et c'est le chant inaudible du temps qui agonise dans la lumière. Nos prières d'écriture ne vont pas aux dieux. Elles vont comme l'eau. De débordement en débordement. Elles vont comme l'eau qui s'offre aux créatures. Du lait aux vivants. Le lait du vivant.

Elles vont comme l'eau, d'effacement en effacement. Inventant l'abondance de cette faillite perpétuelle. La voix de nos pri_reprières est une voix égarée, qui ne sait pas son chemin, et qui s'éparpille dans les couloirs des jours, et qui prolonge l'attente d'une attente toujours neuve.

Nous n'aimons pas les prières et pourtant nous prions puisque c'est la forme dévastée de l'amour, sa face bouleversée qui attend un baiser. Une miséricorde.

 

 

 

Nous nous blessons souvent sur les bords tranchants du poème, à ravauder les déchirures du ciel, à tenter de réconcilier les deux infinis, mais qu'importe. Puisque nos prières d'écriture servent de festins de lumière aux étoiles. Et puisque chaque jour la mer invente de grands à-plats blancs d'écume, les grands à-plats blancs des pages nouvelles.

 

 

 

Alors qu'importe si mes prières païennes épuisent mon sang, je passe d'une ombre à l'autre, et d'un silence à l'autre, comme un soleil à l'aplomb du désir, oscillant d'un mouvement lent et majestueux, entre l'extase et la désespérance, entre ton visage et les miroirs en deuil.

Qu'importe mon amour, je suis à genoux dans ma voix et dans la crypte de ta passion. Je suis semailles dans le creux de ta chair, illuminé par ton seul regard. Simplement brûlé par l'attente. Simplement bénit par ton souffle.

Récompensé et maudit. Radieux et misérable. Ecartelé entre ma pesanteur et ta grâce.

Franck.

Publicité
Publicité
Commentaires
F
Oui, Lutin, cette sculpture est très émouvante... elle ouvre directement sur un mystère, qu'aucun mot n'entâme...
Répondre
L
Très beau en effet, et cette sculpture aux bords tranchants qui l'accompagne atteint le regard et l'âme
Répondre
F
J'aime bien cette, cette façon de dire, Slevtar...<br /> Il a toujours dans "écrire", un paradoxe irréductible...
Répondre
S
Très beau texte, inspiré, qui inspire, notamment la réflexion que si écrire peut être une prière sans adresse, je crois que donner à lire marque le passage à l'acte adressé. Et quoique que cela n'empêche pas son ombre de garder le silence, il me semble qu'à la fin, par sa grâce reconnue, la priée aura trouvé son livre. <br /> Et n'est-ce pas là le commencement de l'écriture ?
Répondre
A
merci Franck!
Répondre
Publicité
J'irai marcher par-delà les nuages
J'irai marcher par-delà les nuages
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 167 994
Catégories
Pages
Publicité