Ecrire.....
Ecrire, c’est ouvrir les veines de l’amour,
C’est une saignée dans la chair du désastre,
C’est le temps rouge de l’attente sans fin.
Ecrire c’est le feu du silence, c’est user une pierre par de lentes caresses.
C’est user sa mémoire, c’est déplier ses rêves.
Ecrire c’est l’abondance de la solitude, c’est la redouter et l’étreindre en même temps
C’est une eau vive de douleurs, et c’est la joie de s’y désaltérer, d’en avoir toujours soif
Ecrire, c’est revenir sans cesse au seuil d’un murmure
C’est en polir un cristal pour éclairer sa nuit.
Ecrire, c’est l’oubli de l’oubli, c’est l’effacement des siècles, des folies, des peurs.
Ecrire c’est ne plus espérer, puisqu’il n’y plus rien à espérer, puisque tout est là, dans cette blessure somptueuse et sauvage.
Ecrire, c’est descendre vers l’obscure de nos légendes, c’est sacrer le mystère, c’est frissonner sans trembler, c’est errer sans jamais être perdu.
Ecrire, c’est n’être défait de rien ou de tout, c’est sans cesse refaire le même geste, toujours plus lentement, c’est un songe sans illusions, tout en gravité.
Peser assez sur la blancheur des mots pour en extraire la stridence.
Ecrire c’est accueillir l’effondrement comme une aube rédemptrice, dilapider les trésors cachés de nos vies décomposées.
Ecrire c’est refuser toutes les richesses, puisque chaque mot appelle une pauvreté toujours plus grande, toujours plus nue.
Ecrire c’est charger un navire et prendre le large sur la peau tendre de l’horizon.
C’est prier dans des cathédrales de silence, loin de toute clameur, dans l’absence absolue, un et innombrable, bouleversé d’urgence.
Ecrire c’est toutes les saisons rassemblées, la symphonie des neiges éternelles.
Ecrie c’est être sans toit, sans feu, c’est habiter un chant, c’est brûler infiniment, en pure perte, pur don.
Ecrire c'est être sans dieu et pourtant à la résurection de la chair.
Ecrire c’est s’ouvrir les veines de l’amour, et laisser couler le sang jusqu’à l’abolition des temps.
Franck.