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J'irai marcher par-delà les nuages
5 janvier 2013

Ecrie...(encore)...

Ecrire est une épreuve. Toujours.
Cela dit un mystère.
Autre chose que ce qui est dit.
Une vérité toujours cachée, qui se dérobe.
Plus on se croit près. Plus on s’éloigne.
Il y a deux centres, deux foyers comme dans une ellipse.
Choisir l’un des foyers, c’est renoncer à l’autre, s’approcher de l’un c’est s’éloigner de l’autre.
La poésie dit une vérité autre, quelque chose qui ne serait pas la vérité du poète.
Ecrire écrase les temps, écrie les déforme, les rend poreux, et l’âme se faufile dans cette porosité.
Et le poète s’y perd. C’est de cette perte inscrite à l’avance que l’écriture nait.
C’est de cet échec.
Alors on recommence.
Même joyeuse l’écriture est douloureuse. La main qui porte le mot sait déjà l’inachevable. Il y a une joie obscure qui git, là, pesante, en nous.
Contradiction. Dans le même temps où l’écriture se déploie, il y a une rétraction qui traverse les chairs.
Il y a quelque chose en nous qui sait mais qui ne dit pas, et quelque chose qui dit mais qui ne sait pas. Dans écrire, il y a comme l’aveu d’un secret qu’on ne sait pas. C’est pour cela qu’écrire à avoir avec le silence. La pénombre. Le murmure. Quand le murmure devient inaudible, alors le chant commence.
Chant sans parole. Cela résonne, sans raison.
Le chant traverse, transfigure. C’est l’eau de l’âme.
Un surcroit des mots. Le chant vit hors des mots de l’écriture. Le chant n’est que du temps métamorphosé.
C’est la nuit au cœur d’écrire. Invisible, indicible, et pourtant …
Ecrire appelle l’impossible de l’autre. La solitude immémoriale, le vide qui me sépare du monde, mais qui dans le même temps permet le monde en nous.
Nous venons d’une déchirure. Ecrire dit la déchirure. Uniquement cet instant éternel de la séparation. Vivre c’est tenter de l’oublier. Ecrire c’est tenter d’y revenir sans cesse.
Alors on recommence.
On cherche cette joie douloureuse.
La répétition me rapproche de l’immobile, et l’immobile de l’éternel.
Les sillons s’ajoutent, ce n’est jamais le même sillon, on croit que c’est le même geste, mais les sillons s’ajoutent. Le champ des semailles est à ce prix.
On creuse toujours la même terre, pour autre chose qu’un sillon. Une moisson à venir.
Même joyeuse l’écriture est douloureuse.

 Franck

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