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J'irai marcher par-delà les nuages
15 mars 2017

-3- Conquérir l'âme du monde...

Car il nous faut conquérir l’âme du monde pour l’accomplir ou le bruler. Pour l’accomplir en le brulant.
La puissance ne représente rien s’il n’y a pas l’abandon et l’abandon est une pure folie s’il n’y a pas l’offrande. L’amour véritable, c’est peut-être cela, la puissance et l’offrande qui passent ensemble sous la même arche, la puissance qui s’exalte de sa disparition, la puissance saisie d’un trouble, d’une douleur sublime pour ouvrir le ciel, pour éclabousser la nuit.
Alors, il faut y aller d’une parole vraie et folle, d’une parole défaite. Défaite parce qu’en équilibre sur le fil coupant de l’âme, parce que sans cesse inachevée. Inachevable. Y aller d’une parole vraie, parce qu’indéchiffrable, puisqu’elle dit l’impossible de nos existences. La vérité n’est pas donnée, elle reste un surcroit, ou un reste plutôt. Il faut user nos vies pour la faire apparaitre. C’est pour cela qu’elle fait mal. C’est d’ailleurs comme cela que nous la reconnaissons : parce qu’elle fait mal.
La vérité du mot, c’est le silence qui le suit. La vérité de l’amour, c’est le silence qui le précède.
La vérité et la folie pour atteindre une parcelle de pureté. Car la pureté, n’est pas un état donné, une chose acquise pour l’éternité. La pureté, ce n’est pas la blancheur naïve, la candeur intouchable. Non ! Rien de tout cela. La pureté est douloureuse, aussi, parce qu’elle brule, qu’elle est une marche épuisante vers la dépossession, vers l’abandon. La pureté, c’est arracher de soi des lambeaux de mémoire, arracher la chair de ses souvenirs. C’est enflammer son sang. C’est être dans le jour et inventer la nuit. C’est être dans la nuit et accueillir chaque mot comme des lucioles. C’est savoir que les paroles du soir sont souvent encombrées, qu’il faut avant de s’en servir les blanchir dans un grand bain de silence. C’est savoir que les paroles du matin n’effacent jamais totalement la nuit parce que dans la rosée des mots, on décèle toujours quelques chagrins inconsolés. C’est faire rentrer le soleil dans la maison des mots, c’est jeter au vent des poèmes oubliés.

Alors, il faut traverser la lumière à son endroit le plus fragile, là où les ombres laissent passer les anges, là où nous déposons nos prières, nos chagrins. Là où l’aube cache encore quelques astres égarés. Il faut chercher ces instants fugaces du jour où les lueurs s’accordent à nos cœurs, ces instants qui esquivent le temps qui passe, ces petits instants fragiles qui offrent un bout d’éternité à qui savent les voir, comme lorsque nous respirons une rose en fermant les yeux en oubliant nos larmes ou en nous y abandonnant.

La vérité du mot, c’est le silence qui le suit. La vérité de l’amour, c’est le silence qui le précède, car il nous faut conquérir l’âme du monde pour l’accomplir ou le bruler, pour l’accomplir en le brulant.

Franck.

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