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J'irai marcher par-delà les nuages
7 mai 2017

- 35 - Cela ressemble...

Faire taire les voix à l’intérieur. Ce n’est pas vraiment des voix. Cela ressemble à une agitation continuelle. Comme un vacarme qui ne ferait pas de bruit. Un mouvement insaisissable. Des pensées liquides, flottantes. Il faudrait un vrai silence, une véritable immobilité. Pourtant, cela flotte. Avec cette impression de chercher des rives et de m’épuiser de ne pas les trouver. De n’atteindre rien. Personne. Mon regard cherche une ile. L’horizon de la ville meurt à chaque coin de rue, ou agonise dans les moindres troquets. Les saisons ne sont pas jointives. C’est cela le problème. Un espace les sépare. On ne le sait pas. Comme les jours. Comme les heures. On peut s’y perdre. La ville est dans cette dérive molle, insignifiante. Je cherche un sourire, un acquiescement, un pays où habiter. Un continent. Cela ressemble à une agitation continuelle, les émotions ne tiennent pas, elles se démantèlent, les sensations se condensent sur la vitre du jour. Je ne tiens rien. Morcèlement. Rester dans l’indifférence du monde. Émiettement du désir, comme s’il cassait sur les lignes de faille. Brisure étoilée du désir. Une ile. Seulement une ile. Aborder, accrocher une autre saison. Souvent, écrire, c’est comme évider avec une lame pointue l’évidence et la banalité des jours. C’est un travail absurde. Cela ne s’accroche à rien. Pas même aux saisons. Rétracté, tassé dans un temps excavé, curé, taraudé par la lame des mots. Un jour, plus un jour, plus un jour. Un texte, plus un texte, plus un texte. Déraisonnable. Insensé. Cela ressemble à une agitation continuelle, pourtant, rien ne bouge vraiment. C’est une instabilité de l’âme. Ou de quelque chose qui pourrait y faire penser. L’âme, on ne sait jamais ce que c’est. On dit ce mot quand on ne sait plus, et que l’on veut continuer à nommer. Cela fait du mystère là où il n’y a que de l’ignorance. Cela fait du profond, du lointain, là où il n’y a qu’une lande : cela tient compagnie à la vacuité. Comme s’il y avait une partie plus noble, comme s’il y avait en nous, tout au fond, caché, un trésor. Un centre. Qu’une lumière affleurerait de ce lieu central. Alors, on dit qu’écrire, cela nous rapproche de ce centre. Alors, on évide, on creuse. Ce n’est pas vraiment, creuser. On dit creuser parce que cela ressemble à creuser. C’est plutôt une insistance, un entêtement, qui n’a aucune valeur en lui-même. On fait, on refait par manque d’imagination. Au bout d’un moment, même la douleur est confortable. On ne sait pas vraiment à quel moment elle devient confortable. Alors écrire deviendrait une complaisance.
Les désirs lancés trop loin s’enroulent sur l’horizon, puis nous reviennent bredouilles. Ils font une large arabesque, une sorte de boucle, ils reviennent juste à l’endroit d’où ils sont partis. Les désirs lancés trop loin font des nœuds coulants qui étreignent la gorge. Les désirs lancés trop loin ne meurent pas. Ils se vengent.

Franck

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