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J'irai marcher par-delà les nuages
25 mai 2017

- 48 - Où vont nos mots ?...

Où vont nos mots une fois qu’ils sont prononcés ? Où vont tous ses mots écrits ? Y a-t-il un fleuve qui les récupère et les charrie ? Y a-t-il une mer qui les attend ? Continuent-ils à vivre ? Est-ce que des choses de nous y demeurent accrochées ? Où va cette chair arrachée ? C’est quoi leur destin ? C’est quoi leur chemin ? Font-ils l’humus de la terre pour nourrir les chênes à venir ? Font-ils le poids des épis chargés de grains, l’été ? Deviennent-ils les nuages, les orages ? Sont-ils le vent, les tempêtes ? Est-ce eux qui peuplent les déserts ? Est-ce que les poèmes deviennent des étoiles ? Ou bien les rimes s’enrouent-elles aux vagues de l’océan ? Font-ils la glace de la banquise ? Est-ce nos mots défunts qui suspendent, un instant, le jeu d’un enfant rêveur ?
Où vont nos mots ? Où vont nos paroles, et nos pleurs ? Où allons-nous avec ces mots qui meurent ? Est-ce qu’ils meurent vraiment ? Est-ce qu’ils souffrent en mourant ? Qui les accompagne lorsqu’ils s’épuisent ainsi ? C’est quoi le dernier souffle d’un mot qui meurt ? Y a-t-il un paradis des mots, ou un enfer ? Y a-t-il un grand lieu du ciel qui sert de bibliothèque aux anges ? Sont-ils poussière ? Sable ? Sont-ils invisibles ? Est-ce que les oiseaux les picorent pour en faire leurs chants ? Est-ce qu’ils sont la couleur des peintres ?
Ou ne sont-ils rien ? Rien que les restes absents, désormais silencieux, de notre vanité.
S’éteignent-ils comme des flammes trop vite consumées ?
Est-ce leur seul avenir que de n’être plus sitôt après avoir été ? Moins qu’une rose, moins qu’un papillon. Rien ! À peine une trace, presque moins qu’un souvenir. Moins qu’une bulle de savon, bien moins que la fumée d’une cigarette.
Sans doute, est-ce mieux ainsi. Tous ne sont pas grands. Tous ne sont pas beaux. Souvent, le mensonge, et la trahison les accompagnent. Même si les prières en font naitre quelques-uns d’invincibles, la haine, et la bêtise en profèrent bien davantage.
En fait, nos mots résident dans le prochain qui n’est pas encore là. Celui que l’on dit s’éclipse, et meurt pour faire la place au suivant. Écrire, c’est se donner la chance de l’après, de l’encore, du prochain. Du toujours. Alors cette vacuité appelle l’infini. Écrire anticipe l’espace, et le temps. En inventant le lieu de nos prochains pas. Ils sont le pas avant le pas. L’acte avant l’acte. Les mots, nos mots, créent du vide, du rien. C’est là que l’on habite, c’est là notre plus belle demeure.
Mon dieu, pourriez-vous me donner la force pour agrandir ce rien si essentiel à mon air, si essentiel à mon chant. Mon chant n’est rien, mais il supporte l’incommensurable de ma vie. Ce vide n’est rien, mais il a la puissance des siècles.
Nos mots appellent, crient, mais s’oblitèrent dans l’instant de l’appel ou du cri. Ils n’ont eu que le temps de pactiser avec la lumière du jour pour nous permettre d’attendre le soir. Si nos mots sont crépuscule,  nous en sommes l’autre versant :l’aube, toujours… toujours… toujours… comme un début d’éternité.

Franck.

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