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J'irai marcher par-delà les nuages
4 avril 2020

Accomplir la défaite...

L’inaccompli se prolonge indéfiniment. Dans une tension singulière. L’inaccompli du texte. L’inaccompli de l’amour. L’inaccompli est une marque. Notre sceau. Le poinçon qui perce nos chairs jusqu’aux os. L’inaccompli comme l’empreinte de l’éternité. Le sans fin chutera toujours. Nous porterons toujours le deuil de l’infini. Nos cercueils brillent haut dans le ciel. Nous applaudissons à ce spectacle frémissant. Le texte se déploie dans un espace de tragédie. Le temps nous attend au détour d’un baiser. Comme une vague scélérate. Le texte s’aggrave dans sa chute. Le renouveau renouvèle toujours la fin. L’inaccompli. La blessure.
Il n’y a pas de sagesse, simplement un désespoir qui se renie. Chaque jour, j’avance et je m’éloigne. En même temps. Chaque geste, chaque pensée, est imprégné par cette plaie, ce suintement de vie. Ce double mouvement impossible. Incompréhensible. Le texte s’effondre, là, dans cet espace de misère. Le sans fond de cette misère.
De tout temps, nous sommes séparés. Inachevable. Il manque toujours un morceau à l’histoire. Il manque toujours de la chair sur l’os. Il manque toujours un baiser à l’amour. Il manque toujours un jour à l’éternité.
Vivre, c’est être dans le décalage, la non-coïncidence. Écrire, c’est prolonger cet espacement. C’est l’agrandir. C’est l’aggraver. Jusqu’à l’impossibilité de vivre. Il y a une tension singulière dans cet espacement. Comme ce tonnerre qui tarde à venir après l’éclair. L’espace, après l’éclair, est le lieu du langage. Dans cette synchronicité défaillante, perpétuellement défaillante, la parole trouve son chant. Dans cette tension du vide, dans cette brulure du rien. Dans cet insupportable.

Je vis dans l’attente folle du tonnerre, et cette suspension me laisse sans signification.

Nous vivons des approximations. Tout se tient, mais rien n’est jointif dans nos vies.
Nous faisons des détours. Écrire est le plus sacré de ces détours, mais c’est quand même un détour. Nous arriverons à Samarcande le jour venu, pour le sacre de l’inaccompli. Écrire, c’est danser sur ses propres ruines. C’est accomplir la défaite.

Franck.

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